Chapitre 11 ✔️

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La douleur la frappait dès son réveil. C'en était absolument saisissant. Son front pulsait en même temps que son cœur, sa bouche, elle, semblait si desséchée qu'elle avait la sensation d'avoir été privée d'eau durant plus de trois jours. Mais ce n'était pas le pire...ça non...elle n'avait plus de souvenir de la veille et cela l'alarmait énormément, puisqu'aucune réponse à ses innombrables questions n'étaient plausibles. Blackout total, un noir inquiétant de cette soirée dont elle se rappelait vaguement les débuts. La forêt, la musique, ses amis...et Arno. Elle se remémorait juste qu'elle le dévisageait, là où elle se trouvait, et que parfois il la prenait sur le fait, se moquant gentiment de sa personne.

Expirant un sombre râle, Rosalie remua dans le plaid et prit seulement conscience qu'elle avait encore sa tenue de la veille, mais elle était pieds nus. Encore mieux : le pendentif roulait sur sa poitrine dans son mouvement, alors qu'elle ne l'avait plus mis autour de son cou depuis le jour où elle avait débarqué ici. Elle ouvrit un œil pour le contempler, sauf que la brutale lumière du jour lui brûla instantanément la rétine. D'un papillonnement instinctif, Rose ferma ses paupières tout en gémissant de douleur. Non seulement cela lui faisait mal, mais cela accentuait son mal de crâne !

Elle avait si mal, mais elle n'était pas non plus une idiote. Elle savait très bien pour quelle raison elle était en si mauvais état, même si c'était la première fois que cela lui arrivait. Elle avait trop bu, cela ressemblait vaguement à une gueule de bois, ce qu'on lui avait déjà décrit en cours de science au lycée ; et il semblerait qu'elle se soit prise une sacrée cuite. Plus jamais, plus jamais elle ne boirait autant de sa vie ! Les effets étaient tels qui l'insupportaient. Trop douloureux, et si désagréable. Elle ne parvenait pas à comprendre pourquoi des jeunes de son âge retentaient à chaque fois le coup, à part peut-être se sentir joyeux le temps d'une soirée.

Rosalie se mit à grimacer. Elle se cacha la vue à l'aide de sa main, puis elle baissa légèrement les yeux vers le pendentif qu'elle tenait entre ses doigts. Il n'avait pas changé, quoiqu'un peu plus doré, mais le soleil qui brillait dans le ciel en était sûrement une bonne raison. Ses sentiments envers ce médaillon, en revanche, avaient brusquement métamorphosé. Quiétude, chaleur et tendresse ; et non plus ce malaise qu'elle avait ressenti quelques jours plus tôt rien qu'en le portant. Elle ne savait pas pourquoi elle pressentait toutes ces choses, son instinct semblait lui souffler la confiance en cet objet alors qu'il disait encore le contraire la semaine passée. Etrange, vraiment très étrange. Mais l'heure n'était pas au questionnement, mais plutôt à la décuve et Rose le commença en se redressant maladroitement. Sa vision tangua à son mouvement, en plus que sa tête bourdonnait ; elle regretta presque son geste, si elle n'avait pas cette terrible soif qui lui asséchait la gorge.

Elle posa hâtivement ses yeux vers le lit d'à côté, mais il était bel et bien inoccupé. Emma n'était pas là, peut-être qu'elle n'était pas rentrée de la nuit, ce qui ne lui ressemblait aucunement. Rose pensa très sincèrement que la petite brune avait dormi, avant de la laisser se reposer pour certainement travailler de son côté. Pour en avoir le cœur net, elle attrapa son téléphone pour lire l'heure, quand bien même elle se doutait que le jour s'était levé depuis bien longtemps. Sa vue se troubla quelque peu lorsqu'elle tenta de déchiffrer son écran, jusqu'à ce qu'elle y parvienne. Il était plus de midi, et Rosalie avait l'impression qu'on était encore le matin. Elle était sans surprise bien décalée de sa nuit arrosée.

D'un coup, la porte s'ouvrit en un léger grincement. La jeune fille reposa hâtivement son bien pour se boucher les oreilles. Le bruit était beaucoup trop fort pour ses pauvres tympans et son cerveau déshydraté. Elle se tourna vers l'embrasure, s'attendant à faire face à sa colocataire, mais elle demeura stupéfaite en dévisageant Nathan à la place.

— Bonjour, Rosalie, bien dormie ?

Elle fronça les sourcils alors que sa voix grave lui parvenait trop sensiblement à ses oreilles. Cette tonalité en forma un étrange écho dans son esprit et lui embrouilla les sens. Pourquoi avait-il crié ? Elle n'était pas sourde, tout de même ! Les paumes toujours plaquées contre ses oreilles, Rose l'observa d'une expression bien désorientée.

La Rose ArgentéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant