Rosalie s'était assoupie pendant tout le trajet, bercée par les secousses qu'émettait la voiture. Sa tête se reposait contre la vitre et ballait de temps à autre au rythme des soubresauts de la route toute cabossée. De la buée se forma régulièrement sur le carreau à chacune de ses respirations et un léger sourire s'imprima sur ses lèvres tandis que son rêve la plongeait dans une autre dimension étrangement...réelle.
Une silhouette féminine et élancée dansait avec un petit ange dans les bras. Elle tournoyait avec le nourrisson sous la cadence de la douce mélodie, simplement produit par une flûte de pan. Rosalie reconnaissait le territoire de sa meute bien qu'elle n'avait mis les pieds que deux jours consécutifs, et elle constatait qu'il s'agissait plus particulièrement de l'endroit où les feux de camp se déroulaient.
La jeune femme riait aux éclats en serrant son enfant dans ses bras. L'une comme l'autre avaient les cheveux roux flamboyant, bien que la chevelure de la mère fût plus longue que celle de son ange. Lorsque Rosalie s'approchait, elle ne pouvait que distinguer les mêmes traits de la statue qu'elle avait observée. C'était elle, sa mère, ou du moins une illusion que son cerveau projetait. Et le bébé habillé d'un pyjama immaculé, c'était elle-même, peut-être âgé de quelques jours au vu de la petite taille.
Marissa ramena la tête de la petite contre son épaule pour lui murmurer dans l'oreille :
— Cette soirée est à ton honneur, ma douce, tu es leur nouvelle petite protégée, regarde !
Elle fit en sorte que sa fille puisse voir les nombreux loups présents au feu de camp. Ils dansaient également et certains apportaient du butin pour le faire cuire auprès du feu. Le nourrisson gazouilla et se mit à bâiller en remuant des bras. Marissa se mit à rire puis elle lui embrassa le front :
— Ma petite argentée, je t'aime tant.
Sa fille se lova contre son cou et poussa un petit cri comme si elle lui répondait. Puis un petit garçon aux cheveux noirs vint à leur rencontre, il devait avoir à peine cinq ans. Il tira la longue robe de la jeune femme pour qu'elle porte son attention vers lui.
— Missa, je peux la voir ?
Avec un sourire, elle s'accroupit pour le laisser voir l'enfant. Rosalie contemplait toujours la scène avec émerveillement, elle avait comme l'impression que le petit garçon n'était d'autre qu'Arno. C'était fou comme le cerveau lui méditait cela comme un véritable souvenir. Elle se joignit à eux et remarqua qu'il avait attrapé la petite main de la fillette. Il sourit en croisant son regard puis il leva les yeux vers Marissa :
— Rose est toute petite, constata-t-il de sa voix d'enfant.
— C'est normal, elle n'a que trois jours, petit chenapan.
— Je vais devoir...la protéger ? Comme papa ?
Marissa caressa tendrement la joue potelée du garçon.
— Oui, mais elle sera plus qu'une protégée pour toi.
— Comment ça ?
— Tu comprendras quand tu seras plus grand, se contenta-t-elle de dire, d'un ton énigmatique.
Il lui envoya un regard intrigué avant de sursauter aux pleurs du bébé, qui devait sans doute avoir très faim. La femme embrassa le front du louveteau, serrant sa fille contre sa poitrine. Puis elle se redressa pour gagner au plus vite sa maison pour la nourrir.
Rosalie se réveilla lorsqu'elle sentit qu'on la secouait légèrement. Elle gémit en sortant de sa sieste avant d'ouvrir les paupières. Elle sursauta en percevant le visage d'Arno près du sien, croisant ses yeux bleu ciel.
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La Rose Argentée
LobisomemRosalie Brunel a dix-huit ans. Elle va entrer à l'université au Canada et étudier en licence d'économie. Elle est à la fois tout excitée et anxieuse, c'est la première fois qu'elle va quitter ses parents et qu'elle va apprendre à être indépendante...