Chapitre 6 -Réflexion

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Il fait chaud. Depuis que nous sommes rentrées, je suis sur le canapé, je regarde dehors, la baie vitrée est ouverte en grands pour laisser entrer l'air. Le bruit du vent siffle en rentrant dans la maison. Le coin où nous vivons est assez bruyant, j'entends des gens passer et rigoler. Nous sommes au 5ème étage et de notre baie vitrée, nous pouvons apercevoir la Tour Eiffel voilà pourquoi cet appartement est cher. Je suis assise sur le canapé et tiens une bouteille d'eau à la main. Je la porte à mes lèvres. Le liquide gelé se propage dans ma gorge et une sensation de fraicheur envahie mon corps. Il fait si chaud. Je me lève et pose la bouteille sur la table basse. Je la contourne en évitant de me cogner le doigt de pied. Je traverse la baie vitrée et mes pieds nus viennent s'écraser contre le béton tiède du balcon. Je m'approche de la barre en métal et pose mes coudes dessus. Paris est la plus belle ville. Je regarde les gens qui passent dans la rue. La moitié des gens sont bourrés. Je n'ai bu qu'une fois dans ma vie, et c'était du champagne alors je ne sais pas ce que c'est de se retrouvé minable et je ne veux même pas essayer. La Tour Eiffel se mets à briller pour la dernière fois car il est 1 heure. Je la regarde brillée pendant 5 minutes, puis elle s'éteint. Qu'elle est belle.

Je me souviens la première fois que j'y suis montée, j'avais 8 ans, ma mère m'avait promis que l'on irait un jour. Je courrais dans les escaliers, je n'étais même pas fatiguée. Arrivée au premier étage, la ville s'offrait à nous, je me rappelle que ce jour-là, il y avait un mariage sur l'herbe en face de moi. Je l'observais dans sa belle et longue robe blanche. Je voyais dans ses yeux une joie immense, une étincelle qui la rendait unique, c'était la femme le plus heureuse, dans ses baisers il y avait de la sincérité et de l'amour. Puis j'ai pensé à ma mère qui avait souffert de cet amour, mon père ne l'a jamais aimé comme l'homme aimait cette femme, il n'y avait pas d'étincelle dans les yeux de mon père. Ce jour-là je me suis juré qu'un jour j'aimerais si fort quelqu'un que cette étincelle durerait toujours. Ma mère me regardait, j'avais un sourire sur le visage et j'étais joyeuse. Je n'avais jamais été aussi heureuse depuis que papa était parti. J'entendais maman pleurer. Je le détester, il a quitté maman quand j'avais 6 ans, il n'a jamais cherché à me recontacter après. Mon père était un lâche. Je tiendrais ma promesse, pour montrer à ma mère que je me suis relevée.

Je pense que c'est aussi pour ça que je me suis mise à aimer Dimitri. Mais ce soir en repensant à tout ça, je me dis qu'au fil des années, il est devenu un fantasme. Je me suis accroché à un rêve de gamine pour me rassurer, croire que j'aurais quelqu'un qui m'aimerais, mais il ne m'aimait pas. Ce n'était qu'un rêve, je voulais mon prince, mais aujourd'hui je réalise que ce n'est pas le prince qui doit me sauver. Bien sûr il est beau mais il e pense qu'à lui et je ne veux pas un homme comme mon père. Je me suis accroché pendant 16 ans à un fantasme, ce n'était rien d'autre que ça. Je le désirais, mais est-ce que je l'aimais au moins ?

C'est si compliqué. Tout ce que je sais, c'est que je veux l'oublier.

Je dois l'oublier.

A la folie - tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant