Août 2009
Trois semaines.
C'est le temps pendant lequel j'ai réussi à tenir ma résolution.
Ça n'a pas été simple, mais le fait de ne pas avoir son numéro de téléphone, ni son Facebook, ni même son nom de famille, m'a beaucoup aidée.
Et puis ce matin, patatras !
Un texto de Constance :
"Salut ma biche, rendez-vous samedi à l'appart' pour une petite soirée entre amis. Vers 20h je pense, je te redirai. Tu peux ramener une bouteille ? PS : V. sera là ;) "
Evidemment, j'ai commencé par refuser tout net. Je m'étais juré de ne plus revoir Vence, et je comptais bien m'y tenir. Le fait que Constance insiste sur sa présence jouait d'ailleurs en sa défaveur.
Mais elle a insisté, encore et encore. Avec de bons arguments, je dois dire. Ce n'est pas pour rien que nous sommes les meilleures amies du monde depuis bientôt dix ans ! On se connaît par cœur, et elle sait pertinemment comment me convaincre. En me parlant de toutes nos amies que l'on voit au mieux deux fois par an et qui seront exceptionnellement là, bien sûr. Bref, quinze messages plus tard, alors que j'étais sur le point de céder, j'ai soudain eu un éclair de génie et j'ai pris la décision qu'il fallait.
Me voilà donc désormais en train de supplier Valentin de venir avec moi à cette soirée.
Cela pourrait paraître stupide et complètement déraisonnable de vouloir confronter ainsi Vence et Valentin, alors qu'ils ne peuvent être qu'en opposition. Mais je ne vois pas d'autre solution pour accepter l'invitation de Constance – qui me tient quand même à cœur – sans prendre le risque de mettre ma vie amoureuse en péril.
Je sais que si Valentin est à mes côtés, tout se passera bien. Ni Vence, ni moi ne nous laisserons aller au moindre sourire, au moindre geste ni au moindre regard porteur de sens.
Ce sera d'ailleurs l'occasion de voir comment je me comporte en sa compagnie lorsqu'il n'y a pas de place pour les émotions et qu'il faut se contrôler.
De plus, venir accompagnée à cette soirée me déculpabilisera de me retrouver de nouveau face à face avec Vence, alors que je m'étais fait la promesse il y a trois semaines de rester à distance.
Et puis, qui sait ? Avoir Valentin et Vence tous les deux en face de moi me permettra peut-être d'y voir plus clair dans mes ressentis.
Seulement, ce magnifique plan a une faille, et de taille : il faut que je parvienne à persuader Valentin de m'accompagner.
Je sais qu'il risque de venir à contrecœur et de ce fait, de bouder une bonne partie de la soirée, mais j'espère bien réussir à le dérider à un moment ou à un autre. Et si ce n'est pas moi, l'un de ses amis y parviendra sans doute.
Sauf que je n'ai pas des flopées d'idées à développer pour parvenir à mes fins.
Je lui dis d'abord que Matéo serait content de le voir lors de cette soirée chez eux, à défaut d'avoir été présent à son anniversaire. Un peu vache, mais réaliste. Et puis, il faut savoir ce qu'on veut.
Mais il me rétorque qu'il peut voir Matéo quand bon lui semble, qu'il n'a que son téléphone à décrocher et qu'il n'a pas besoin d'une fête entre amis pour prendre de ses nouvelles.
Je ne me laisse pas démonter par ce premier échec. Sur un tout autre plan, j'avance qu'il y aura de l'alcool et que ce sera l'occasion de décompresser.
Lui qui est tellement stressé par son nouveau travail – c'est ce qu'il répète à longueur de temps – cela ne peut lui faire que du bien.
Il me répond sèchement qu'il a passé l'âge de se bourrer la gueule.
Hum, bon. Quand Valentin devient grossier, c'est qu'il est irrité. Visiblement, je ne suis pas sur la bonne voie. J'essaie de faire abstraction de son agressivité et de trouver autre chose.
Il doit bien y avoir un point sensible sur lequel je peux appuyer.
Il paraît que tout le monde peut se faire acheter. Il suffit, pour connaître le prix à payer, de savoir ce qui a de la valeur pour l'autre. C'est donc dans cette direction que je dois chercher.
En attendant de trouver l'argument de génie, histoire d'avoir quand même un atout dans ma manche, je lui rappelle que samedi soir prochain, aucun match de foot n'est prévu à la télévision.
J'ajoute même qu'il aura toute la journée du samedi ainsi que toute la journée du dimanche pour jouer à Fifa si cela lui chante.
Sur ce point-là au moins, il ne nie pas.
Mais il ne cède pas pour autant à mes supplications concernant la soirée.
Je commence à m'énerver. Valentin n'est sensible à rien de ce que je lui raconte, il se renferme de plus en plus, et moi je suis à court d'idées. Je sens que la soirée de Constance, avec tous ses invités, est en train de me filer entre les doigts.
Puis brusquement, sans que je sache quel lien exactement mon esprit a pu faire entre le foot et cela, je trouve mon miracle.
Je sais ce qui a de la valeur pour Valentin.
Je sais avec quoi je peux acheter sa présence.
C'est de toute façon la dernière chose qu'il me reste à proposer.
Mon corps.
Je lui promets que s'il m'accompagne samedi soir chez Constance et Matéo, je lui réserve en retour une fabuleuse nuit d'amour, et des préliminaires à la hauteur de ses fantasmes les plus fous.
Curieusement, cette fois, il accepte sans broncher.
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Je choisis de t'aimer
RomanceSarah se pense heureuse en couple. Pourtant, lorsqu'elle rencontre Vence, toutes ses certitudes volent en éclats. Mais ces émotions inattendues font ressortir d'anciennes blessures, que Sarah n'est pas sûre de pouvoir affronter. C'est désormais une...