Chapitre 16

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Septembre 2009

    

Je raconte ensuite à Isabelle comment j'ai rencontré Valentin. Un homme droit, autoritaire, rassurant, qui m'a directement inspiré la confiance.

Le seul qui ne m'ait pas prise pour un jouet sexuel.

Le seul qui ne m'ait rien demandé avant que je le lui propose moi-même.

Lorsque je termine de parler, il est plus de vingt heures, mais la jeune psy ne semble pas pressée de me mettre à la porte et je lui en suis reconnaissante.

— Est-ce que Valentin est au courant de ce qui vous est arrivé ? interroge-t-elle.

Je secoue la tête.

— Non.

— Est-ce que quelqu'un est au courant ?

— Non.

Je réfléchis une demi-seconde, puis j'ajoute :

— Enfin si, vous, maintenant.

Elle garde le silence un long moment. Elle m'observe, les yeux plissés, concentrée. Elle semble réfléchir. Finalement, après quelques minutes, elle pousse un long soupir et me dit :

— J'aimerais bien qu'on se revoie, Sarah, si vous êtes d'accord.

    

Lorsque je rentre à l'appartement, je suis épuisée. Vidée. J'ai juste envie de dormir. Je ne prends donc pas la peine de me faire à dîner. J'enfile un pyjama hideux mais confortable, et je me pelotonne sous la couette en évitant de penser au retour de Valentin demain après-midi. Avec toutes ces révélations, je ne sais pas comment je vais réagir en le voyant.

D'ailleurs, le lendemain lorsqu'il franchit la porte de l'appartement, je ne sais toujours pas quoi lui dire.

— Salut.

— Salut.

Nous échangeons un minuscule baiser, puis c'est le silence. Je suis dépitée. Je crois que c'est la première fois que Valentin et moi n'avons à ce point rien à nous raconter. C'est encore pire sachant que nous ne nous sommes pas vus depuis une semaine. Peut-être devrais-je lui demander s'il a passé de bonnes vacances.

— Tu...

— C'est quand ta rentrée ?

J'hésite, perturbée. Je ne m'attendais pas à cette question, et puis ce n'est pas vraiment de ma dernière année de fac dont j'ai envie de parler, mais tant pis. Tout vaut mieux que le silence. Ce sujet de discussion ou un autre, quelle importance après tout ?

— Mercredi.

— Ok.

Le silence retombe. Flûte. Cette conversation-là aura été brève. J'aimerais lancer un nouveau thème, mais rien ne me vient à l'esprit. Hormis ma visite chez le psy hier soir.

— Il faut que je te parle, dis-je brusquement sans contrôler l'intention de ma voix, qui est plus sèche que je ne l'aurais voulu.

Je vois Valentin se tendre, méfiant.

— Si c'est à propos de Vence, c'est pas la peine.

Quoi ? Pourquoi est-ce qu'il me parle de Vence, tout à coup ?

Je suis stupéfaite.

J'étais à des années-lumière de ça.

Avec mon retour brutal dans le passé, j'en avais presque oublié mes histoires du présent. J'ouvre la bouche pour répondre, mais Valentin ne m'en laisse pas le temps :

Je choisis de t'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant