Christian, comme à son habitude, n'avait pas de temps à me consacrer. Je le remarquai avant même qu'il ne me le dise. Il m'attendait à la porte du palais et à mon arrivée se mit en marche en me faisant signe de le suivre. Il avançait d'une allure si rapide que je devais presque courir pour être à sa hauteur. Pour se donner bonne conscience, il me chargea d'une tache qu'il qualifia de la plus haute importance. C'était toujours ainsi qu'il appelait les divers travaux dont il avait l'habitude de me charger. Des travaux qui étaient plutôt des corvées un peu trop personnelles pour qu'il les confie à ses serviteurs, du style laisser un message à ses parents, inviter une fille à dîner ou trouver le numéro de communiqueur d'une jolie inconnue.
- Tu vas aller voir mademoiselle Juliette Douglass, m'ordonna-t-il, tu lui offriras un joli bouquet de fleur, assez gros, mais pas trop non plus, avec cette carte.
Il me tendit une enveloppe bleue et sortit quelques pièces de sa bourse pour que je puisse acheter un bouquet. Evidemment, comme bien souvent, il me donna plus.
- D'accord. Quelle couleur le bouquet ?
- Je ne sais pas ! Une couleur vive, mais apaisante. Après tu seras libre.
J'allais demander quelques précisions, quand il ajouta :
- Je n'ai pas le temps pour bavarder. Vas-y et ne revient pas me voir !
Nous avions tous étaient tentés de ne pas faire ce que notre érudit nous confiait pour avoir son après-midi de libre. Mais par je ne sais quel stratagème, ils savaient toujours presque immédiatement si notre travail avait été exécuté. Si ce n'étais pas le cas la directrice appelait le soir à la maison. Cela ne m'était encore jamais arrivé. Heureusement ! J'avais déjà suffisamment de problème avec mon oncle. Mais le cousin de Nicolas, Fabien, qui était plus âgé que nous, y avait eu le droit. Il nous avait raconté que c'était vraiment un mauvais souvenir et que plus jamais il ne recommencerait.
Je repartis donc vers le hall d'entrée en espérant que Kaïa soit libérée aussi. Nicolas lui ne le serait pas, son érudite le faisait toujours travailler comme un fou. Et je n'étais pas autorisé à lui rendre visite. J'étais donc à peu près certain d'être en tête à tête avec LA Fille.
Je me retiens de sauter de joie en croisant Kaïa qui déambulait dans l'entrée. L'interpellant, je lui demandai si elle avait besoin d'aide.
- Absolument. Je dois faire des courses mais je ne sais absolument pas où trouver tout cela.
Elle me tendit la liste. C'était surtout de la nourriture.
- La Générale Nibray n'a pas de serviteur pour faire ça ? m'étonnais-je.
Si elle était à ce poste, c'est qu'elle était d'une famille de haute naissance et pouvait sans doute s'offrir des serviteurs. Christian en avait un lui, que je voyais souvent. Il était à peine plus âgé que moi, mais je ne savais même pas son nom. Les serviteurs étaient des gens à part, auxquelles des riches roturiers comme nous ne se mélangeaient pas.
- Si. Mais apparemment elle sera absente quelques jours et elle n'a pas encore trouvé une remplaçante.
Je retins un commentaire sur la mauvaise organisation du palais qui était légendaire et lui dis-je en souriant :
- Viens je vais te montrer ! De toute façon il faut que j'achète des fleurs.
J'emmenai alors Kaïa au seul lieu où dans ce quartier on pourrait trouver des produits frais et des fleurs : le marché royal de Firento. Il était assez proche du palais et c'était un endroit vaste et couvert. Comme le ciel laissait présager une pluie prochaine c'était un avantage considérable. De plus, ce qu'on y trouvait était moins cher qu'en boutique, bien que je fusse presque certain que les autres marchés de la ville étaient moins chers encore, mais les personnes qui vivaient au palais n'avaient généralement pas ce genre de préoccupation en tête.
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La pierre des mers
FantasyJe m'appelle Théophile Gironnant et j'ai toujours eu une vie qui sortait de l'ordinaire. Déjà je fais de la magie. En même temps je vis dans une des 12 citées magiques caché en Europe. Mais même pour un magicien, j'ai une vie qui sort de l'ordinair...