Le lendemain matin on profita de notre dernière matinée d'activité en silence. Notre amie vampire s'éclipsa sous sa forme de loup, pour aller boire le sang de je ne sais quel animal sans doute. Nous on se dévisageait sans rien dire. Nous étions fatigués de notre courte nuit, nous nous en voulions les uns les autres et nous étions déçus d'avoir gâché le restant de notre sortie. Je transformais avec ma magie tout ce que je voyais. J'en voulais à Kaïa de nous avoir entraînés là-dedans, j'en voulais à Clément de nous avoir vendus, j'en voulais à Nicolas qui scintillait, j'en voulais à Camille par habitude. J'étais en colère contre les professeurs, la directrice, ma famille, celle des autres. La vaisselle suivant le déjeuner ne se fit pas dans une meilleure ambiance. Car oui, il fallait bien nous occuper toute l'après-midi, comme si tout ranger n'était pas suffisant.
Je lavais donc avec Clément et Kaïa, pendant que Nicolas essuyait avec ma sœur et Christine. Notre vampire, qui n'avait jamais fait la vaisselle de sa vie, dois-je vous rappeler qu'elle vient d'une famille royale, trouvait cela amusant. Moi je pensais à Nicolas. C'était la punition préférée de Nina quand on faisait une bêtise, bon d'accord quand je faisais une bêtise, faire des tâches ménagères sans magie. Mais Nicolas réussissait toujours à finir par faire craquer sa mère, inutile de vous redire qu'il est fils unique. Mais là, ce n'était pas Nina qu'il fallait faire craquer. Et un visage d'ange ne suffirait pas à fissurer la carapace de la directrice.
J'étais tellement en colère que je réussis à casser deux verres. Mon meilleur ami, cassait lui aussi presque tout ce qui lui passait dans les mains. Je n'y fis pas attention, il n'avait jamais été très adroit, même si, là, c'était vraiment bien plus que d'habitude.
- Calme-toi ! me souffla Kaïa. C'est moi qui suis censé avoir une force colossale. Là tu me fais de l'ombre.
Elle avait dit cela pour me tirer un sourire mais je la fusillai du regard. Nicolas cassa alors une autre assiette.
Clément soupira d'agacement. Je me tournai vers mon ami tout aussi exaspéré.
Il était entre Camille et Christine. Chacune lui dédiaient ses plus grands sourires, jouaient avec leurs cheveux devant lui, se penchaient vers lui pour le complimenter. Cela me fit légèrement sourire. Surtout que mon ami faisait tout pour ne pas y prêter attention.
- Tu crois qu'elles vont en venir aux mains ? chuchotais-je à mon amie.
- Au moins ça mettrait un peu d'animation, commenta-t-elle.
Évidemment, voir ma sœur se comporter ainsi ne me plaisait que moyennement. On pouvait même dire pas du tout. Pour Christine cela ne m'embêtait pas et ne m'étonnait même pas. Clément de son côté ne se préoccupait pas de cela. Il laissait faire sa sœur en général. Pas moi. Et pourtant, d'habitude, il y avait plus à s'en faire pour Christine. Mais revenons-en à ma sœur. Ce n'était vraiment pas une attitude responsable et digne.
- Je devrais peut-être me comporter en grand-frère et meilleur ami, affirmais-je à Kaïa.
- Attends encore un peu qu'on s'amuse de sa tête.
Et on gloussa pendant cinq petites minutes.
C'était mal.
Et je n'aimais pas voir ma petite sœur agir comme cela. Mais j'adorais me moquer de Nicolas. Quel horrible meilleur ami je suis ! En même temps, il le fait aussi. Je finis par dire à Nicolas de changer de place avec moi. Il me fit un sourire reconnaissant. Et bizarrement, les filles eurent alors un comportement normal. Pour des filles. Ou plutôt habituel pour elles.
Cette nuit-là, on dormit tous à la belle étoile, sous prétexte d'observer les étoiles. Pendant l'après-midi on avait, tous les six, installé des couvertures pour tout le monde.
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La pierre des mers
FantasiaJe m'appelle Théophile Gironnant et j'ai toujours eu une vie qui sortait de l'ordinaire. Déjà je fais de la magie. En même temps je vis dans une des 12 citées magiques caché en Europe. Mais même pour un magicien, j'ai une vie qui sort de l'ordinair...