Chapitre XI - ... ce qui compte le plus ...

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Pour pouvoir suivre Kaïa, on devait courir.

Et il ne faisait pas si chaud en Bretagne au mois de juin en pleine nuit.

On fut vite morts de froid, fatigués, essoufflés, et évidemment morts de peur. Car les arbres nous entouraient tels les barreaux d'une prison. Et dans l'obscurité ils avaient une allure inquiétante que le scintillement de Nicolas amplifiait même.

Grâce à sa transformation, la vampire n'avait pas ces soucis, elle.

On s'arrêta, Nicolas et moi, pour reprendre notre souffle. De la louve, on ne voyait plus que les traces. Celle-ci courant bien plus vite que nous.

Et elle était bien trop inquiète pour ralentir.

M'arrêter augmenta la mienne d'inquiétude. Qu'était-il arrivé à ma petite sœur ? Elle n'avait pas pu se perdre. Elle avait un très bon sens de l'orientation, et maîtrisait parfaitement le sortilège de déplacement spatial. Et qu'est-ce qui l'avait poussée à aller en forêt ? Je frissonnai en y songeant.

Et j'avais envie de hurler à l'aide. À ce moment-là, je ne voulais rien de plus qu'une maman, qui me prendrait dans ses bras et me rassurerait. Mais je n'avais que Nicolas, qui partageait mes craintes et ne désirait sans doute que se blottir contre Nina.

Je le regardai. Il scintillait toujours. C'était une vraie luciole ce soir-là. Cela me rassura un peu. En fait, sa présence me rassurait. Lui aussi il ressentait ces sentiments. Et il apportait un peu de lumière dans ce lieu oppressant.

Kaïa arriva vers nous et nous contempla de ses yeux de louve, assise, avec colère. Sans doute ne nous sentant plus derrière elle, elle était revenue sur ses pas.

- On n'en peut plus, me défendis-je.

- Commence à marcher, on retrouvera tes traces, lui dit Nicolas.

On finit par repartir en marchant lentement.

Au bout de quelques minutes, mon ami s'envola. Encore ces maudits dons de fée !

Évidemment, il avait une peur absolue du vide. Il ferma alors les yeux. Ce qui le fit renversa tête en bas. Mais il montait toujours et avançait ainsi. Sa lumière et sa hauteur, me guidèrent mieux que jamais. J'aurais presque ris si la situation n'était pas aussi désespérée.

- Je ne me sens pas très bien, dit-il.

- Normal t'as la tête en bas, lui appris-je.

- Non ?

Il ouvrit les yeux pour vérifier et sa panique le fit tomber tête en bas.

- Arrête ! hurlais-je avec affolement.

Je ne voulais pas que mon meilleur ami finisse par se fracasser la tête devant moi.

Il s'arrêta, immobilisé.

- C'est toi qui as fait ça ? me demanda-t-il.

- Je crois bien. Tu peux me dire merci, j'ai sauvé ton visage d'ange.

Il finit par arriver à se mettre à la verticale. J'eus alors une idée.

-  On irait plus vite en volant, proposai-je.

- Mais tu ne voles pas, fit-il remarqué. Et je préférerais éviter.

Je réfléchissais. Il y avait bien la possibilité de se métamorphoser. Mais c'était une magie complexe et je ne l'avais pas encore abordé en classe. Je préférais éviter plutôt que de me retrouver à vie avec un bec d'oiseau. Mais je pouvais facilement réduire mon poids et ma taille. Je devins aussi petit qu'un tournesol. Il me prit dans une main.

La pierre des mersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant