Chapitre IX : Celui où je recherche...

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Le lendemain, je tentais de parler de notre mère à Camille. Depuis mon réveil, je n'étais plus si certain que la scène avait réellement eu lieu, peut-être avais-je rêvé, mais pourtant, il me semblait m'être endormi bien plus tard. Et, au fond de moi, je voulais tellement que cela soit vrai. Alors, je retrouverais cette pierre et je pourrais avoir une mère, une vraie. Certes, cela paraissait incroyable, que pendant douze ans on avait essayé tout ce qui était possible pour la soigner, sans résultat, et qu'un terroriste y arrive en quelques mois. À moins qu'elle n'ait pas été folle, que ce n'était qu'un sort que Mathieu le Terrible lui avait jeté et que seul lui pouvait effacer. Cependant, quel aurait été son intérêt ? Je ne pouvais pas savoir, je ne pouvais en voir aucun. Mais après tout, en quoi la mort de mon père l'avait aidé ? Il ne devait pas y avoir de raison à ses actes. À moins que ma mère ait pu découvrir quelque chose sur lui au moment de son attaque et, voyant qu'il n'avait pas le temps de la tuer, il lui aurait jeté un sort. À moins que tuer par magie soit facile. Je l'ignore, on ne nous en parle pas à l'école. Étrange non ? Et dans les films, ils ne sont jamais tués ainsi. Pourtant, malgré tout cela, j'étais certain qu'elle était en vie, que je lui avais parlé. C'était quelque chose de trop réaliste pour être un rêve. Je me souviens avoir pensé, avoir pu parler librement. Et après son départ, j'avais ressassé la scène pendant pas mal de temps avant de m'endormir. J'étais persuadé que ma sœur, elle, aurait une idée claire sur tout cela. Peut-être même qu'avec toutes ses lectures, elle savait où se trouvait cette pierre des mers. Mais d'abord, elle m'accusa d'avoir rêvé. Ensuite, elle me reprocha de ne pas l'avoir appelé. Cela ne nous rapprocha donc pas le moins du monde et je n'eus pas le moindre indice.

Le fait d'avoir parlé à ma mère, de l'avoir vue, me perturba néanmoins au plus haut point. Toute la journée, je ne pensai qu'à elle. Heureusement que c'était jeudi, jour de logique et d'astronomie. Deux matières que j'aimais bien, où je n'avais pas beaucoup de travail. Certes, je ne pus discuter avec Kaïa. Mais le souvenir de l'apparition de ma mère m'empêchait de culpabiliser. Elle n'avait pas semblé très heureuse, et j'avais envie de l'aider. Il fallait que j'en sache plus pour cela.

Plusieurs idées me passèrent par la tête. Interroger Kamélia, aller chercher la lettre de maître Perrin, mais je n'étais pas très emballé par ces hypothèses. Si j'allais ouvrir la lettre de mon père, avec ou sans elle, après mon insistance pour ne pas l'ouvrir, ma sœur m'en voudrait. Du moins, m'en voudrait encore plus. Et j'avais peur que la fée arrive à me prouver que j'avais imaginé tout cela. Je ne savais donc pas vraiment ce que je devais faire. Mes amis remarquèrent mon air ailleurs et en furent inquiet. Mais je ne le notai même pas. Je ne leur donnai donc aucune explication et Kaïa en fut pincé. Pas Nicolas. Il était inquiet, mais me laissait faire. Sans doute pensait-il que je finirais par tout lui raconter. C'est la première fois que je lui cachais quelque chose sans même m'en rendre vraiment compte. D'habitude, je lui disais tout, quand cela ne le concernait pas. Si c'était un gros secret qui lui était lié, je finissais par tout raconter, au bout de quelques semaines de supplices, pour moi.

Mais là, je n'y arrivais pas. C'était mon petit secret. J'avais peur qu'avec son esprit trop terre à terre, il me dise que c'était un rêve, ou mon imagination. Qu'il n'abîme quelque chose de si précieux. C'était à moi, mon trésor, personne ne pouvait me comprendre.

Evidemment, je devais quand même chercher cette pierre.

Je pensais que mon père avait dû la cacher dans la maison. Je ne voyais pas d'autre solution. Mais, je ne pouvais pas chercher quand Xavier était là ou quand mes amis pouvaient passer, sinon, ils auraient des soupçons et je devrais tout leur dire. Ce que je n'arrivais pas à faire et que je ne désirais pas faire.

Je décidai donc de me faire passer pour malade un matin, au lieu d'aller en classe. Je préférai tout avouer à ma sœur quand même, pour qu'elle me couvre. Elle haussa des épaules quand je le lui annonçai. Et j'espérais qu'elle ne me dénoncerait pas. Ce n'était pas le genre de Camille de rapporter, mais quand elle en voulait à quelqu'un, elle était capable des pires choses contre lui. Surtout qu'elle pensait que ma mère était folle et avait inventé cela, si ce n'était pas un rêve que j'avais fait. Je choisis une nuit où mon oncle n'était pas rentré, pour qu'il ne pose pas de question. Il doutait toujours que je dise la vérité, peut-être parce que je lui mentais presque toujours aussi, et j'étais persuadé que s'il me voyait, il saurait que je n'étais pas malade.

La pierre des mersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant