Partie 11:Miror, miror, my sweet miroir

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-Mesdemoiselles, messieurs, suite aux dégradations survenues dans les toilettes, j'invite vivement le responsable à venir se dénoncer. S'il ne vient pas de son propre chef, je serais dans l'obligation de punir tout le monde par défaut.

Un vent de désapprobation accompagné de soufflement submergea l'assemblée.

-Je donne 48h au responsable de cette casse pour se désigner avant d'instaurer les nouvelles mesures.

Je sens des perles de sueurs sur mon front et ma gorge se nouer. Dommage que Maileen plaisantait pour son histoire. Qui sait, ça aurait peut-être pu fonctionner. Mais non, Madame Romer est trop rationnelle de toute façon. Peu importe le mensonge, elle n'y croira pas. Que faire ? Dois-je dire que c'est moi et assumer ma punition ou assumer la culpabilité de punir l'ensemble du groupe et par conséquent moi aussi ? Dis comme cela, le choix semble évident. Brenda glisse un regard vers moi. Je sais à quoi elle pense. Elle sait que c'est moi, ma blessure en est la preuve. Elle ne me demandera pas pourquoi le miroir a fini par voler en éclat mais je sens dans son regard une forme d'accusation. J'ai d'ailleurs l'impression que tout le monde a les yeux rivés vers moi alors qu'il n'en est rien. Des fois, j'aimerais être comme Maileen et pouvoir disparaitre à ma guise.

Ce qui m'embête, ce n'est pas vraiment d'aller me dénoncer. Non, ça ça va. Ce qui me gêne par contre, c'est le pourquoi il est cassé. Madame Romer demandera très certainement des explications et je ne sais pas trop quoi lui répondre. Lui parler de Maileen ? Hors de question. Beaucoup trop surréaliste. Moi-même, par moment j'ai du mal à y croire alors comment Madame Romer pourrait ne fusse qu'y songer. Tout cela lui paraitra absurde et dénué de sens. Lui dire que c'est par excès de colère et de frustration ? Non, les enfants ne brisent pas des miroirs de leurs poings lorsqu'ils sont fâchés. Un accident ? Là encore, comment inventer un accident d'une telle violence tout en restant logique et précis. J'ai vraiment l'art de me mettre dans les problèmes.

J'avance dans le long couloir menant au bureau de Madame Romer. Il n'y a personne. Tout le monde est en bas dans la salle de jeu ou le jardin bien qu'il fasse un peu maussade aujourd'hui. Tout est silencieux. Je n'entends même pas le son de mes pas, ceux-ci sont comme absorber par le tapis. Plus j'avance et plus ma gorge se noue. Tant pis je ne lui donnerai pas d'explication. Qu'elle se débrouille avec mes aveux. Même si je suis seule, j'ai tout de même l'impression d'être observée, accusée. Les tableaux qui jonchent la longueur du mur me suivent du regard comme si je montais sur l'échafaud. Mais en fin Sarah ! Pourquoi trembles-tu comme cela ? Elle ne va pas te tuer. Elle va juste te punir. Que pourrait-il m'arriver ? Bon, elle risque quand même de m'interner un jour ou l'autre au rythme ou cela va. Et c'est bien cela qui me fait peur.

J'arrive enfin devant la porte de la direction. Je respire un grand coup. Mais au moment où je m'apprête à frapper, la porte s'ouvre et un petit garçon en ressort. Le teint pâle, aucune expression bien définie sur son visage mais il a quelque chose d'étrange et de malsain.

-Merci de ta franchise Thomas. Grâce à toi personne d'autre ne sera punis de ta faute.

Quoi ?! Ce serait-il dénoncé ?! Mais, comment est-ce possible ? La porte se referme et, après être resté médusée sur place un moment, je me précipite pour rattraper ce garçon.

-Hé ! Attend moi !

Mais il ne semble pas m'écouter. Il continue à avancer d'un pas sûre mais pas trop rapide. C'est presque comme s'il lévitait. Je finis par l'attraper par le coude et je le force à faire volte-face. E réalise alors ce qui me gênait chez lui. Ce sont ses yeux. Encore se regard, étincelant de deux billes vertes. Il me sourit alors d'un coin de bouche. Ce qui rend encore la scène plus dérangeante. Je tente de ne pas y faire trop attention même si tout cela me donne des frissons.

Névrose humaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant