Partie 24: Time as come

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        J'emballe mes baguages tel un pantin dirigé par une main invisible. A chaque vêtement plié, une larme tente de percer à travers ma paupière. Et pourtant, il ne me faut pas énormément de temps pour tout boucler. Ma valise est d'ailleurs quasiment vide. De l'incendie, il n'est rien resté. Que quelques robes et souvenirs de l'orphelinat orne l'intérieur de mon bagage. Je respire un grand coup avant de la fermer pour de bon. Comme j'aurais aimé que Brenda et Sonia soient encore un peu près de moi. Ne fusse que pour m'aider à respirer le temps de tout refermer derrière soi. Mais Madame Romer a exigé qu'elles restent au jardin avec les autres enfants afin de ne pas faire fouillis. Elles auront juste le droit de m'embrasser une dernière fois avant de prendre la route. Je regarde tout autour de moi afin de m'imprégner une dernière fois des décors, des sensations, n'omettre aucun détail. Je veux me souvenir de tout.

        Je traine ma valise contre le parquet au fur et à mesure que j'avance dans le couloir. Tout est calme, rien ne semble perturber mes derniers instants dans le domaine. Finalement, il va finir par me manquer ce couloir. Mon sac cogne sur chaque marche du grand escalier dans un son un rien étouffé par le tapis en son centre. Patrick m'a pourtant proposer de porter pour moi le bagage mais cela ne m'intéresse pas, je veux gagner du temps.

        Dans la grande salle, le soleil dessine sur les murs des dessins chatoyants et étincelants. Je me rappelle de la première fois où mes pieds ont foulé le sol de la demeure. C'était d'ailleurs dans cette pièce que madame Romer avait prononcé son discours et également la première fois que je voyais Brenda et Sonia. A présent, les enfants attroupés autour de la directrice laissent place à cet homme rencontré quelques jours plus tôt, le regard aimant et rivé sur moi. Madame Romer se tient à côté de lui et je devine Patrick au jardin. Toute la matinée, ils sont restés enfermé dans le bureau pour les derniers documents en vigueur et maintenant il ne reste plus que la touche finale : moi.

        Je reste à distance d'eux tel un animal apeuré. Les adultes plaisantes entre eux et semblent ignorés mon angoisse face à l'inconnu. L'homme s'accroupit pour être à ma hauteur même si je suis encore fort éloignée. Il me fait signe d'approcher et je ne sais trop pourquoi mais je m'exécute. A tel point qu'il arrive à présent à me prendre la main.

-Bonjour Sarah, je m'appelle Raphael. N'ai pas peur de moi je ne suis pas méchant. J'ai une grande maison prête à t'accueillir avec tout un tas de jouets et de trucs super cool.

Je reste dubitative, je tourne mon regard afin de ne pas regarder au travers de ses deux yeux noisettes.

-Tu ne me crois pas ? Demande à Madame Romer, elle a tout vérifier pour que ton arrivée se passe comme il faut.

Je me retourne vers elle et je la vois hocher la tête.

-Je te rassure, Madame Romer tient beaucoup à toi et elle ne te confierait pas à n'importe qui.

Sur ses paroles, il se relève tout en continuant d'afficher un sourire d'une blancheur éclatante. Se saisit de ma valise avant d'échanger encore quelques mots avec madame Romer.

-Vous pouvez les faire entrer, je pense qu'il sera bon pour tout le monde de le faire maintenant.

Mais de quoi parle-t-il ? Me dis-je en fronçant les sourcils. Puis mon visage s'éclaire et mes jambes s'envolent. Pour la première fois je crois, je cours sans me trébucher. Mes larmes qui se retenaient de s'échapper, tombe en torrent sur mes joues. Je m'écroule dans le bras de Brenda qui vient de rejoindre la pièce sur ordre de Madame Romer.

-Brenda je ne veux pas partir. lui murmurais-je à l'oreille.

-Ne t'en fais pas, me dit-elle encore plus bas, tu ne seras pas longtemps seule. Je te signalerais ma position une fois sur place. J'ai fouillé dans le bureau de Madame Romer, tu vas habiter dans un beau quartier, veinarde.

-Mes demoiselles ne trainer pas trop ! presse madame Romer.

-Non, non, laissez-les ! J'ai tout mon temps.

-Bon, il n'a pas l'air si terrible. Me souffle Brenda en rigolant.

Je m'écarte lentement d'elle avant de prendre Sonia dans mes bras.

-Tu vas me manquer Sarah mais on m'a dit qu'un jour on se reverra.

-Tu vas me manquer aussi petite sœur.

Je m'imprègne une dernière fois de leurs odeurs. Puis après avoir reculé de trois pas, je sens une main chaude et familière me prendre la mienne. Sans détacher mes yeux de Brenda, j'entre dans la lumière guidée par madame Romer pour sortir au dehors. La valise entre dans le coffre de la voiture, une sublime Mercedes blanche, et moi j'entre à l'arrière de la voiture.

Je reste le nez collé à la vitre alors que s'éloigne derrière moi les silhouettes de toutes les personnes que j'aime devant la bâtisse se rétrécissant progressivement.


Névrose humaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant