Partie 15: travel

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           Je la sens de plus en plus proche de moi, elle me fait peur. Je me dégage de son emprise en la repoussant vivement. Mais cela n'a pour effet que de m'éloigner d'un pas. Ma force est bien insuffisante que pour avoir les effets escomptés. Alors que je veux m'enfuir de plus belle, je me trébuche dans mes jambes d'acier et me rattrape de justesse au mur de la chambre. Brenda n'a pas bougé d'un poil. Elle ne tente pas de se remettre aussi près de moi. Pourtant, je suis à sa merci, incapable de m'enfuir et faible. Non, elle se contente de me regarder tristement. Tout un lexique émotionnel semble passer devant ses yeux. Mais en aucun cas, je ne vois de haine ou de la méchanceté. Elle n'a pas l'air de me vouloir du mal et pourtant elle me terrifie par sa différence encore trop abstraite pour moi. Elle décline son regard avant de s'assoir sur le lit de Sonia où elle la regarde dormir paisiblement. Je trouve le courage de parler même si j'ai l'impression que je vais m'écrouler tant l'angoisse me prends.

-Que t'arrive-t-il Brenda ? Tu es bizarre pour le moment...

Elle tourne lentement la tête vers moi avant de regarder à nouveau Sonia dormir.

-Parle moins fort, tu vas la réveiller.

Bien que je doute du faite que Sonia puisse se réveiller après l'administration du médicament, je ne la contredis pas. Je me contente de m'assoir par terre sans rien dire. Brenda se rend-t-elle compte elle-même que quelque chose est anormal dans cette situation ? Après de longues minutes silencieuses et mes esprits un rien retrouvés. Je tente de prendre la poudre d'escampette.

-Où vas-tu ?

Zut, raté. Pourtant, elle n'a même pas tourné la tête dans ma direction. Elle regarde toujours Sonia dormir, lui caressant de temps en temps la joue.

-Reste près de moi Sarah. Ne part pas de nouveau, cela n'annonce jamais rien de bon lorsque tu te balades.

-Je te promets que je ne ferais plus de bêtises.

-Tu es déjà en train d'en faire une en partant. Patrick veut que nous restions dans nos chambres, tu te souviens ? Alors reste ici s'il te plait.

Je me rassois lentement sur le sol, je suis décidément prisonnière de cette chambre. De longues minutes s'écoulent encore, presque interminables. Je me ronge les ongles nerveusement tandis que Brenda n'a toujours pas décollé ses yeux de Sonia.

-Sarah, dit-elle enfin, toi aussi tu es belle quand tu dors.

-Brenda, tu fais peur.

Elle se lève et s'approche de moi, je regrette instantanément mes paroles. Je lève mes mains au-dessus de ma tête par réflexe mais au lieu de me frapper, elle m'enlace de ses bras.

-C'est toi qui me fait peur Sarah, tu te trompes de voie. Laisse-moi t'aider. Tu es sombre et triste, je peux te conduire vers la lumière.

-De quoi tu parles ?

-Tu ne devrais pas leur faire confiance, ils ne te sont pas bénéfiques je le sais ! Ils vont t'utiliser à des mauvaises fins ! La boucle va recommencer, ils devront se recréer au travers de toi.

-Mais de quoi tu parles ?!

-Sarah, dit-elle en m'agrippant la tête, tu es la preuve de l'immortalité ! C'est pour ça qu'ils s'intéressent à toi ! Qu'ils te veulent ! Pour que leur chef devienne immortel et le maitre absolus !

Je n'en peux plus de ses paroles empreintes de folie. Je me débats de toutes mes forces.

-Non Sarah ! Ecoute-moi ! Je vais t'aider ! Je vais te protéger de lui !

-Arrête ! Je sais même pas de qui tu parles !

-Du démon Sarah ! Du démon !

Je lui assigne un coup dans le menton, certes sans faire exprès, mais qui tombe à pic. Grâce à celui-ci, Brenda fait un bond en arrière comme pour éviter de prendre un second coup ce qui me permet de sortir vitesse grand V de cette chambre infernale. Je me mets à courir le plus vite possible dans les couloirs vides et sinueux.

-Sarah attend !

Oh non, elle me court après, je n'ai aucune chance de lui échapper. Surtout avec ces jambes si lourdes et encombrantes. Elle va m'attraper c'est sûre, je n'arriverais jamais à sortir de ce labyrinthe à temps. Plus qu'une solution, j'attrape haletante le collier de ma poche. Vite je me mets à en tourner la pierre.

-Loin d'ici, loin d'ici ! répétais-je tout en le tournant.

 Alors que je sens la main de Brenda se saisir de mon épaule, je suis comme aspirée dans un gouffre à la vitesse d'une fusée.   

Névrose humaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant