Partie 27: stop all please

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          Maileen m'a emmené dans la mort. Mais cette fois-ci c'est différent, je n'ai pas envie d'y être. L'air me parait plus pesant que d'habitude. Si seulement il y avait vraiment de l'air mais o ne respire pas dans l'au-delà. On a juste une sensation d'air mais celui-ci semble figé et incapable d'entrer dans mes poumons. Je ne respire pas car je n'en ai pas besoin et pourtant j'ai l'impression de suffoquer. Où est-ce la peur qui crée cela ? La dernière fois, je n'ai pas ressentis cette sensation. Je me sentais libre, libre de tout ce qui me ronge de mon vivant. Alors qu'ici j'ai la sensation de les porter sur mon dos. Je repense à l'histoire de Brenda et aux atrocités qu'elle a vécues. Cette malédiction, elle ne la méritait pas. Elle a peut-être fait des choses horribles dans un esprit de vengeance, mais cette malédiction la pousse à continuer le massacre plutôt que de la punir réellement pour ceux qu'elle a commis. Un paradoxe donc qui me laisse penser que ce monde que j'idéalisais est peut-être bien plus cruel.

      Maintenant, j'ai peur de lui et de ses plans. Ce fameux plan dont il me parle sans rien me dire. Est-ce qu'il sera aussi gratifiant pour moi que ce qu'ont été ceux de Brenda ? Maileen ne sait rien de toute cette histoire et c'est pour cela que je suis ici. Elle croit bien faire mais peut-être qu'elle aussi est flouée.

        Nous sommes dans une zone étrange, une pour laquelle je ne suis encore jamais allée.  Je me demande d'ailleurs à quoi servent toutes ces zones. Elle semble avoir une signification ou qui plus est une utilité. Mais je ne vois rien en elle de vraiment indicateur.

-Maileen, pourquoi marchons nous au milieu de miroir ?

-Cet endroit te donne la chair de poule ? A moi aussi. Elle a été créée pour trouver les pêchers cachés des mourants. Quiconque regarde dans la glace se voit au travers de ses méfaits. C'est un passage obligé avant de rejoindre leur endroit de repos éternel. Une sorte de labyrinthe lugubre dont seul le maitre en a eu l'idée saugrenue.

Nous avançons lentement au milieu de ces morceaux de verres gênants, dont certains craquent sous nos pieds tant il y en a en abondance. Il est difficile de les éviter. Maileen lévite mais ce n'est pas mon cas. Je suis à pied nu et pourtant je ne ressens pas la douleur. Dans ce monde, la douleur n'existe pas. Toute émotion est absente ou du moins devrait car pour la première fois, j'ai mal dans la poitrine.

-Maileen, est-il nécessaire d'aller le voir ?

Elle se retourne vers moi.

-Que t'arrive-t-il Sarah ?

-Je n'ai pas envie d'aller le voir... J'ai l'impression qu'il est plus dangereux qu'on ne le pense toi et moi.

Elle fronce les sourcils puis elle se met à rire. Pour la première fois, je la vois rire et cela me glace le sang.

-Sarah, ma pauvre Sarah. dit-elle en mettant sa main glacée sur mon épaule. Tu n'as pas le choix ! continue-t-elle. Il est le maitre de l'univers ! Il a tous les droits sur la mort. Ce qu'il y a dans ces boites te dépasse complètement, lui seul peut t'aider.

-Je ne suis plus sûre de vouloir être aidée.

-Je ne te reconnais plus Sarah, je te croyais de notre côté. Mais es-tu seulement d'un quelconque camp ?

-Il n'y a pas de camps Maileen. Désolé que tu le prennes mal, j'ai juste besoin de temps.

-Nous n'avons pas de temps ! dit-elle les yeux saignant des larmes noires.

Ses lèvres ainsi que sa peau se marbrent de lignes noires, lui donnant un air vraiment effrayant.

-Le contenu de ses boites appartiens à la mort alors le maitre sera mis au courant que cela te plaise où non !

-Maileen, je...

-Tais-toi ! hurle-t-elle.

Sa voix résonne dans l'immensité calme comme réfléchie par les milliers de miroirs. Elle tourne les talons et disparait dans l'enchevêtrement de glaces. Je tente de la suivre, serpentant tant bien que mal dans tout ce bazar mais je l'ai perdue de vue. Elle m'a laissée seul au milieu d'un cauchemar. J'ai l'impression que plus j'avance et plus il est épais. Qu'il est de plus en plus aiguisé et tranchant sous mes pieds. Comme si l'étau se resserrait contre moi pour me punir d'avoir calomnier leur maitre.  

-Maileen ! criais-je à en perdre haleine.Ne me laisse pas ici !

Pas de réponse, elle est peut-être déjà loin.

-Maileen ! continuais-je toujours dans l'espoir.

Etonnamment, j'ai l'impression d'étouffer d'avantage et que mon cœur, pourtant arrêté, va éclater. Je ne sais plus où donner de la tête entre toutes ces versions de moi qui me dévisages et apparaissent et disparaissent aux furs et à mesure de mes mouvements. Je suis prisonnière. Je me prends la tête dans les mains. Et dire que je n'ai même pas le collier pour me sortir d'ici. J'ai l'impression que j'entends des voix au loin mais en y prêtant attention, je remarque qu'il s'agit de mon éternel écho. 

-Kinai ! Atopo !!

Je ne sais plus qui appeler, personne ne me répond. Personne ne me répondra jamais.

Névrose humaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant