Partie 29: your turn will come

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             Nous approchons de ce qui ressemble à une vraie zizanie, les rires se mélangent aux cris de Brenda. La pauvre est apeurée au milieu de cet attroupement de bestiaux. Elle a beau crier d'arrêter, personne ne semble l'entendre ou plutôt personne n'en a vraiment l'envie. Les gens la griffe, l'insulte, la frappe comme si elle n'était rien de plus qu'un morceau de viande avariée. Quand un homme, plus grand que les autres, l'attrape hors de la foule pestiférant et râlant de ne plus pouvoir en faire ce dont ils ont envie.

-He ! Si on regardait si la légende est vraie ! hurle-t-il en postillonnant. Est-ce que les nègres courent plus vite que des gazelles ?

La foule crie des marques d'approbations. Ils ne la considèrent que comme un jouet dont ils peuvent rire. L'homme sourit de dent jaunâtre et carrée.

-Et si on regardait déjà si elle court plus vite que les chiens ?

La population approuve de nouveau et je reste sans voix devant temps de méchanceté. Il pousse Brenda derrière lui et le peuple lui laisse un passage.

-Cours maintenant ! Je suis gentil, je te laisse dix secondes d'avance. Après je lâche les chiens.

D'autres personnes arrivèrent avec des chiens en laissant ressemblant à s'y méprendre au reste de la population, avec leurs babines retroussées et la salive tombant par terre en petites flaques. La montagne commence à compter et Brenda ne s'enfui sans demander son reste, terrorisée. En passant, un gamin lui fait un croche pied lui faisant perdre du temps. Et qui plus est, l'homme ne semble pas prendre son idée de comptage très au sérieux, sautant par moment un chiffre ou l'autre. Mon cœur bat à tout rompre. Quand soudain, les laisses tombent lourdement au sol, laissant définitivement partir les chiens à la poursuite de Brenda encore visible à l'horizon.

-Brenda ! criais-je en me lançant à sa poursuite.

Mais un bras me retient.

-Ils vont la tuer ! Laisse-moi !

-Non Sarah, ça, je ne veux pas que tu le voies.

Je me mets à pleurer à gros sanglots mais ceux-ci son couvert par les cris de joies et de réjouissances.

-Sais-tu pourquoi la vie m'en veut ?

-Je m'en fiche... Je ne veux même pas le savoir !

-C'est parce qu'elle croit que c'est moi qui ait orchestré sa mort douloureuse et effroyable. Car je suis la mort. Mais elle se trompe, elle a peur que je fasse pareil avec toi. Elle a tort, je n'ai aucun contrôle sur cette terre. Comme je te l'ai dit je ne suis pas magicien.

-Mais tu as intervenu pour moi la dernière fois, pour le miroir...

-Oui mais vois-tu l'élément était mineur pour toi et pourtant il m'a demandé beaucoup d'énergie. Plus les conséquences évitées sont grandes et plus c'est difficile. Je m'épuise Sarah... C'est pour cela que j'ai besoin de toi. La vie était trop épuisée pour Brenda... Et moi, je me force à résister en attendant que tu sois prête maintenant que je t'ai trouvé.  

Au loin, les grognements sourds me donnent des haut-le-cœur. Je garde la tête vers le sol pour ne pas voir, pour ne pas comprendre ce qui est malheureusement arrivé.

-Personne n'a rien pu faire pour Brenda. Et quand le moment sera venu Sarah, je ne pourrai plus rien pour toi. Je n'aurais que la force nécessaire pour me réincarner. Ni plus, ni moins. Mais avec toi, ce sera différent, car tu es déjà morte dans un sens. Ce n'est pas ton corps qui va mourir, c'est une partie de ton âme. Je viendrai te compléter à ce moment-là.

-Mon... âme ? dis-je en me retournant vers lui sans savoir si je dois être terrorisée ou choquée.

-Oui... je n'ai aucune idée de ce qui sera l'élément déclencheur mais sache que tôt ou tard, cela va arriver.

Je pâlis de plus belle. Je vais tomber raide si cela continue.

-Ramène-moi, fais-moi quitter ce cauchemar. dis-je la gorge serrée.

-Pas encore.

-Pourquoi cela ? Je ne veux pas en voir d'avantage.

-C'est l'heure de la résurrection. dit-il en pointant son doigt vers l'horizon.

Je tourne la tête lentement, loin de moi l'idée d'assister à je ne sais quoi de plus terrible encore. J'écarquille les yeux sans être vraiment sûre de ce que je vois. Elle est loin pourtant, mais je crois voir les chiens autour d'elle, morts. Oui, c'est ça ! Ils sont morts ! Comment Est-ce possible ? Brenda est au milieu d'une flaque de sang, debout, droite, les yeux scintillants tellement que l'on peut les voir au loin. Elle s'approche doucement de la petite troupe qui ne sait plus trop comment réagir. Ils se sont d'ailleurs tu. Eux non plus n'en reviennent pas. Brenda se rapproche encore un peu avant de se changer en un lion blanc et lumineux. Du même gabarit que le cerf précédemment rencontré. Elle rugit d'un cri faisant vibrer les vitres des fenêtres de tout le village. Puis, elle coure dans notre direction, toutes griffes dehors.

-La suite tu la connais déjà. me glisse-t-il à l'oreille.

Au début, personne ne bougent puis progressivement, la masse tente de s'enfuir créant un véritable mouvement de foule et se piétinant les uns les autres. Le lion arrive à leur niveau et je préfère fermer les yeux. Je sais pertinemment bien ce qui est en train de se passer, les cris se déchainent mais même si je souhaite leurs morts, je ne me sens pas capable de l'affronter de face.

-Ce que la vie offre, elle peut toujours le reprendre. Ouvre tes yeux maintenant.

Je m'exécute et me retrouve de nouveau au milieu de tous ces miroirs. Comme si nous n'étions jamais vraiment partis. Le dieu de la mort est à côté de moi. Il me regarde de ses yeux couvert de rides.

-Je n'imaginais pas que cela s'était passé ainsi. Brenda m'avait juste dit pour l'incendie. dis-je tristement.

-Pourtant, c'est la vérité. Mais je suppose que tu comprends pourquoi elle a omit certains détails. Elle en a eu beaucoup ce jour-là mais certains ont réussi à fuir et aujourd'hui il ne reste que l'innocente Madame Romer. Brenda ne veut pas lui faire de mal. Elle est vie, elle ne va pas lui enlever car elle n'est pas coupable de la souffrance de sa naissance.

-Je comprends... Madame Romer n'a rien à voir avec ces monstres.

-Je voudrais encore te parler d'une chose Sarah. En tant que dieu de la mort, j'ai pour mission de veiller sur celle-ci. Mais il semblerait que quelqu'un sur terre possède certaines choses qui m'appartiennent.



Névrose humaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant