Samedi 26 novembre

74 5 8
                                    


Cher journal


 Bon. Jeudi, ma prof principale m'a dit qu'elle voulait voir mes parents. Ils ont pris un rendez-vous pour vendredi soir, à 19h, et je devais être présente. Et là, ça a été un gros discours comme quoi il fallait que je me reprenne en main, que je n'ai pas travaillé de tout le premier trimestre, que j'avais la tête ailleurs, qu'il fallait que je me reconcentre sur mes études. J'avais trop envie de lui hurler que je ne pouvais pas me concentrer sur Arthur et les études à la fois. Mais j'ai remballé cette envie. Elle a aussi dit qu'elle ne comprenait pas, parce que l'année dernière, dans mon ancien lycée, j'étais dans les meilleurs de ma classe, et que j'avais visiblement choisi la bonne filière en vue de mes notes. Mais parents me regardaient d'un air super froid. J'ai baissé les yeux. Ils ne peuvent pas comprendre, ils sont trop cons. Puis là, la prof m'a dit, en me regardant droit dans les yeux "Si tu ne te reprends pas en main dès maintenant, il faudra songer à un redoublement." UN REDOUBLEMENT ? NE PLUS AVOIR ARTHUR DANS MA CLASSE ? Dès ses mots finis, je me suis levée de ma chaise, j'ai planté mon regard dans le sien et je lui ai rétorqué "Il n'y a même pas besoin d'y songer. Cette année, je serai première de la classe dans toutes les matières, et je peux vous jurer que l'année prochaine vous me reverrez en terminale." Et j'ai quitté la salle. J'ai couru aux toilettes, où je me suis rincé le visage, bouillonnant de colère, et je me suis regardée. Je vais tout niquer. Ils vont voir si je serai plus dans la classe d'Arthur.

 Mes parents sont revenus me chercher, et j'ai du expliquer à la prof "que j'étais fatiguée" du coup il fallait excuser mon comportement. Bref.

 Au cas où tu ne t'en rappellerais pas, journal, nous un avons un voyage au ski le lundi 12 décembre. Soit dans un peu plus de deux semaines. On a commencé à en parler en classe, et on sent bien l'excitation générale d'un voyage scolaire parmi les élèves. J'ai trop hâte ! Je compte bien sur ce voyage pour me rapprocher d'Arthur, étant donné qu'il sera éloigné de sa pute. On s'était déjà assez bien rapproché, bien que la semaine dernière s'est pas super bien passée pour moi...

 Ouais, à propos de la semaine dernière... Ce que je pensais s'est révélé être vrai. Lucie se méfie de moi. Je me suis rendue compte que j'avais été aveugle. La semaine dernière, Arthur ne s'est pas éloigné de moi, il s'est rapproché de Lucie. Nuance. Et il s'est rapproché d'elle parce qu'elle lui en a parlé, et que ses parents aussi, visiblement. Du coup, ça ne venait pas de lui ; si personne n'avait demandé ça à Arthur, il aurait sûrement rien fait, et il m'aurait déjà demandé de sortir avec lui ! Je vois bien le regard de pétasse quand je la croise dans le lycée. Les yeux méfiants, pleins de doute bien qu'elle tente de garder la tête haute : elle a peur de moi, mais ne veut pas le montrer. Du coup, dès que je suis pas loin d'Arthur aux pauses, elle se rapproche de lui et l'embrasse. A la limite elle pourrait se promener avec une pancarte "Bonjour, Arthur est mon mec" que ça reviendrait au même. Le pire c'est qu'elle est comme ça avec lui, mais dès qu'elle est avec d'autres gars, c'est "Aha, Louis t'es trop bêêêête, arrêteuh !", "Oooh Guillaume, j'aime troooop ton pull ! Il te va trop bien !", "Sofyan, on se met ensemble pour l'exposé ? T'es trop intelligent !", "Grégoire, demain c'est ton anniversaire, j'vais peut-être te faire un cadeau...", "Nathan, je comprends vraiment pas pourquoi t'es célib, je te trouve trop craquant !". Et elle croit que je vois pas son petit jeu. Pff, stupide salope. J'aimerais tant qu'Arthur s'en rende compte.

 J'ai bien compris qu'au lieu d'étudier Arthur pour m'en rapprocher, il fallait que j'étudie Lucie pour mieux m'en débarrasser.  Alors c'est ce que j'ai fait cette semaine. Arthur m'avait dit qu'elle était proche d'autres gars, ce qui signifie donc qu'elle parlait par téléphone avec eux, c'est obligé. Que ce soit par snap, par Messenger ou par texto, il fallait que je vérifie. Sauf que j'ai remarqué que son téléphone avait un code (à chiffre). Il me fallait à tout prix son mot de passe. Oui journal, tu as bien deviné. J'allais lui voler son téléphone pour le fouiller de fond en comble. Alors à chaque pause je la regardais sortir son téléphone et étudiais le mouvement de ses doigts. Il y avait 4 chiffres. Une date. Au cours d'Anglais, j'ai demandé à Arthur, d'un air innocent, à quelle date ils étaient sortis ensemble. Le 13 Mai. 13/05. 1305, ou 0513. Son code ! Il me restait plus qu'à lui voler son téléphone. Facile. Après l'avoir étudié, j'ai remarqué qu'elle mettait souvent son téléphone dans sa poche de manteau. Alors j'ai attendu qu'elle pose son manteau à côté d'elle sur un banc, pendant qu'elle embrassait Arthur. C'était Mercredi. Je me suis approché super discrètement et j'ai fait style que j'avais fait tombé mon téléphone à leurs pieds. Elle m'a lancé un regard noir, et j'ai dit "Oups !". Héhé. Alors Arthur s'est baissé pour le ramasser en disant que ce n'était pas grave, et pendant que Lucie était en train de regarder Arthur, les bras croisés, attendant la fin du roulage de pelle qu'ils faisaient, j'ai pris son téléphone dans la poche de son manteau à la vitesse lumière. Personne ne m'a vue. Arthur m'a rendu mon téléphone en me souriant, je l'ai remercié, et j'ai continué ma route, le téléphone de Lucie dans la poche. Mais c'était trop risqué de m'en servir maintenant, alors je l'ai bien caché dans mon sac et j'ai attendu l'après-midi d'être chez moi  pour le fouiller.

 Je l'ai allumé, et j'ai entré 1305. "Mot de passe incorrect". Bon. J'ai entré 0513. "Mot de passe incorrect". C'est un sketch ? C'était quoi alors son putain de mot de passe ? J'ai réfléchi à plein de date. "Réfléchis, réfléchis." Il fallait que je me remémore tout ce que je l'avais entendu dire, tout ce que je l'avais vu faire. Voyant le genre de cette pute, ça devait avoir un rapport avec un mec. Mais si c'est pas Arthur, qui ? Je réfléchissais aux gars avec qui je l'avais vu parler, comme je t'ai dis un peu plus haut, journal. Il me fallait une date. "Grégoire, demain c'est ton anniversaire, j'vais peut-être te faire un cadeau...". GREGOIRE. Elle lui avait parlé le Mardi, donc son anniversaire était ce Mercredi. Soit le 23 novembre. 2311. J'ai pris son téléphone, et j'ai rentré cette date. Le téléphone s'est déverrouillé.

 J'en croyais pas mes yeux ! Elle est sérieuse ? Mettre la date d'anniversaire d'un autre gars en mot de passe ? Ca révélait bien des choses à son sujet. Il fallait vite que je fouille tout, avant qu'elle ne bloque son téléphone. Je suis directement allée dans ses textos. Première conversation, "Julie". Je m'en foutais. Deuxième, "Arthur". Je suis allée voir vite fait. Je les enviais.. Moi aussi je voulais le numéro d'Arthur... Mais si je le prenais de son téléphone, ils se douteraient de quelque chose. Donc j'ai écarté cette option. J'ai regardé les autres conversations. Le suivant. "Sofyan". Ils parlaient d'un exposé, mais elle, lui parlait d'une manière très rentre-dedans. Pute. Conversation suivante. "Grégoire". Aaaah. J'ai ouvert, et là, j'ai été inondée de messages avec des cœurs. JE LE SAVAIS. J'ai tout lu, et... wow, on ne se douterait pas qu'elle est en couple avec Arthur. Je vais te faire un résumé de ce que j'ai lu, journal. "JE SUIS LUCIE ET JE VEUX DE LA BITE." "JE SUIS GREGOIRE ET J'AI CE QUE TU VEUX". Tu veux plus clair comme résumé ou ça va ? Dès le soir, (on était toujours Mercredi), j'ai foncé chez lui en skate, et j'ai déposé le précieux appareil accompagné d'une lettre tapée à l'ordinateur dans sa boîte aux lettres. "Bonjour. Ceci est le téléphone de Lucie. Le code est 2311. Je vous conseille d'aller voir tout ce qui concerne un certain Grégoire. Regardez la vérité en face." Pop, petit message anonyme. On va voir salope, si t'es toujours aussi confiante.

 Je te raconte la suite demain, parce que là, ça commence à devenir long, j'ai mal au poignet et je dois bosser si je ne vaux pas redoubler. Donc un peu de patience ! ;)

 La bise !




Mon journal d'amoureuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant