Mon journal d'amoureuse

Dimanche 20 novembre

Cher journal

 Je me sens vraiment mal. J'ai tout le temps envie de pleurer, et je n'ai plus de force. J'ai passé le week-end cloîtrée dans ma chambre, emmitouflée dans ma couette, entourée de mouchoirs, de chocolats et de mon ordinateur. Je suis désolée de t'écrire si tard, mais je n'avais plus la force de rien et je profite d'un minuscule élan de vie de la part de mes muscles pour écrire. La semaine dernière s'était tellement bien passée, que je me disais que celle-ci serait encore mieux. C'est dommage, elle avait pourtant bien commencée. Vise-je trop haut ? Où suis-je tout simplement une bonne à rien ? Je me questionne sur ma vie. Vaut-elle la peine, au fond ? Laisse-moi t'expliquer.

 Quand je suis arrivée au lycée, Lundi, j'étais trop heureuse de revoir mon bien-aimé. Je suis arrivée dans la cour, je l'ai aperçu, et je me suis dirigé vers lui d'un pas décidé et guilleret, comme on dit. Il m'a aperçu et a souri. Je l'ai approché pour lui dire bonjour, et il m'a fait la bise... Pour la première fois, il avait posé ses lèvres sur moi... J'ai souri d'une manière très certainement affreuse, tant j'avais été intimidée. On a un peu parlé, je lui ai demandé comment ça allait avec Lucie, et il m'a dit qu'il m'en parlerait à la pause. Omg omg omg ! J'étais devenue sa confidente ! Cependant, j'avais peur de glisser peu à peu dans sa friendzone, donc je gardais mon sang-froid. Les cours passés, la sonnerie retentit. Il me fit signe de le rejoindre à un banc dans la cour. Je m'assis près de lui, et je l'écoutai. Il m'expliqua en gros que depuis maintenant un certain temps, Lucie se détachait de lui, et devenait très proche avec d'autres garçons. Pff, ça ne m'a même pas étonnée. Puis il m'a dit qu'il se rendait compte qu'ils étaient assez différents, qu'ils n'avaient pas les mêmes centres d'intérêt. Je lui ai dit, sincèrement et droit dans les yeux "Tu sais, un gars comme toi ne la mérite pas, vous êtes tellement différents, elle risque de te faire du mal." Il a sourit tristement, et j'ai ajouté, en regardant droit devant moi et en serrant les poings "Je ne veux pas qu'elle te fasse du mal." Il m'a regardé, il y a eu un moment de silence, et il s'est simplement approché de moi, m'a tenu la main et m'a dit "Tu es vraiment super, merci d'être là pour moi, même si on ne se connaît pas depuis longtemps. Je ne pourrais pas parler de ça avec tout le monde.", qu'il a ajouté en regardant Lucie, rire aux loin avec ses pestes d'amies. Quel moment intense ! C'est après cette discussion que j'ai remarqué Charlotte, en train de me regarder, au loin. Elle était seule. J'avais un peu pitié d'elle. Elle semblait si triste, alors le Lundi soir, je lui ai parlé par message. Je lui ai expliqué que je devenais de plus en plus proche d'Arthur, et que j'étais obligée de la mettre de côté pour l'instant, mais que ça ne durerait pas longtemps. Elle avait l'air assez déçue, tout de même, mais elle m'a dit qu'elle sera quand même toujours là pour moi.

 Le Mardi et le Mercredi se sont aussi bien passés. Je suis rentrée chez moi, le Mercredi après-midi, et j'ai fait un petit tour sur les réseaux sociaux. Un moment, je suis allée sur Snapchat, et là, j'ai vu dans la story d'Arthur quelque chose d'affreux. LUCIE. Qu'est-ce qu'elle foutait chez lui ? Pourquoi il avait mis des smileys cœurs ? Rouges en plus ! Ils auraient pu être violet, mais non ! ROUGES ! Qu'est-ce qu'elle lui voulait ? J'ai passé mon Mercredi après-midi à me poser des questions qui restaient sans réponse.

 Le Jeudi, quand je suis arrivée dans la cour, j'ai vu Miss Pute et Arthur, dans les bras l'un de l'autre, en train de se rouler une grosse pelle. Est-ce que c'était une caméra cachée ? Putain. J'ai traversé la cour sans les regarder, et je me suis assise devant la salle de mon prochain cours. Je regardais mes baskets. Qu'est-ce qu'il s'était passé pour qu'ils redeviennent aussi proches ? Qu'est-ce qu'il s'est passé Mercredi ? A la sonnerie, Arthur est arrivé, m'a aperçue et m'a fait la bise. J'ai soufflé un "salut" et je suis entrée en classe. Est-ce qu'il jouait avec mon cœur ? Mais pourquoi, puisque je sais qu'il est en réalité amoureux de moi ? A la pause, il est venu me voir et m'a dit "Au fait ! Je me suis remis avec Lucie. Mes parents voyaient bien que quelque chose n'allait pas, et quand je leur ai expliqué, ils m'ont dit qu'il ne fallait pas gâcher autant de temps à être en couple pour des petites histoires, que de leur temps, on faisait des efforts, et blablabla... Et puis en fait, quand j'y ai bien pensé, je me suis dit qu'ils n'avaient pas tord." "Et qu'est-ce que tu as fait ?" "J'ai invité Lucie chez moi, on a parlé, et maintenant tout va bien !" J'avais envie de pleurer. "Ah ok, super alors !" J'ai ravalé mes larmes, et je suis partie voir Charlotte. Arthur n'avait pas remarqué qu'il m'avait bouleversée. Il devait avoir la tête ailleurs. J'ai tout raconté à Charlotte, et j'ai pleuré dans ses bras. ET LA, ET LA, j'ai vu Lucie passer devant moi, en me souriant d'un air hautain en levant la tête. OH MON DIEU LA SALOPE. ELLE AVAIT DU VOIR QUE JE M'ETAIS APPROCHEE D'ARTHUR. La pute. J'ai détourné le regard, j'avais pas la force de m'occuper de son cas pour le moment. Elle verra bien ce que l'avenir lui réservera.

 J'ai passé tout le Vendredi à voir Arthur s'éloigner de moi pour mieux se rapprocher de sa grosse pute. Putain. Charlotte

a semblé en profiter pour se rapprocher de moi. Ca m'a pas dérangé, j'avais vraiment besoin de son soutien. Et c'est ainsi que s'est achevée cette semaine pourtant bien commencée. Quel gâchis. Est-ce que mon plan aura servit à quelque chose ?

Je pense maintenant à ma vengeance. Que Lucie ne pense pas que j'ai abandonné. Que les parents d'Arthur ne pensent plus que Lucie est parfaite. Qu'Arthur n'aime plus Lucie. Qu'Arthur m'aime. Qu'Arthur quitte Lucie. Que Lucie quitte ce monde.

Bye.