03/12

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    Je savais que la maison de retraite de Moulinet était cool pour l'avoir aperçue de loin mais l'intérieur c'est waouh ! Tout ultra moderne, chauffage au sol, des places assises avec des fauteuils tous les trois mètres, un petit bouton pour appeler les infirmières à chaque coin de couloir, ça claque quand même ! Et puis, c'est Fetnat qui m'a fait remarquer ça, chaque pensionnaire a sa tablette reliée à un serveur et du coup, les petits vieux votent pour le menu au self, pour leurs activités préférées, pour la décoration, pour tout ! Nous à côté l'internat est morbide : un réfectoire tout moisi, des couloirs froids et humides... Bref passons. Le cadre a l'air sympa. Par contre, c'est peuplé exclusivement de neurasthéniques, perclus, courbés qui postillonnent partout à chaque fois qu'ils parlent, l'horreur. Rien que de penser au sourire édenté qu'ils ont à chaque fois que j'en regarde un... Brrr je préfère ne pas imaginer, tellement ça me dégoute...

    Le père Abdel nous conduit jusqu'à la salle polyvalente de l'endroit et nous laisse entre nous. Garance s'exclame :

    « Alors vous avez déjà tous fait des jeux de présentations et comme on a dit l'autre jour, le plus important c'est de faire participer nos ainés, qu'ils se sentent bien

    — Ouais, je marmonne, comme si on les intéressait.

    — Ah et j'oubliais, me coupe Garance, on sourit et on reste de bonne humeur (ça c'était pour moi). Quelqu'un a quelque chose à ajouter ?

    — On peut faire une petite prière avant d'y aller ? renchérit Paul, l'histoire de sentir que le Seigneur est avec nous. »

    Tout le monde acquiesce et c'est partit pour un « notre Père » (heureusement d'ailleurs, je ne connais que ça et le « je vous salue Marie »).

    Après cet « instant de recueillement et de dévotion » (merci Paul), les portes de la salle s'ouvrent et une nuée de petits papis et de petites mamies envahissent la salle, tous équipés avec leur tablette dernier cri. On a tous l'air un peu surpris du nombre de personnes, presque 50 invités alors qu'on pensait que le nombre n'excèderait pas 30. Bon, mauvaise nouvelle pour moi, s'il y a tant de monde, je ne vais jamais pouvoir proposer aux autres d'abandonner le projet au bout de trois séances comme j'avais l'intention de faire. Fetnat, derrière son ordi me fait un clin d'œil. C'est lui qui coordonne le jeu ; le principe est très simple : chacun dans l'assistance peut envoyer depuis sa tablette une question et celui des jeunes qu'il eut voir répondre (il clique sur une photo). Le but étant de répondre le plus sincèrement possible. Rien de très sorcier comme vous voyez. Je vous fais un petit florilège des questions/réponses les plus merdiques :

    - Question pour Romaric : Quel est votre plat préféré ? Réponse de l'intéressé : La soupe parce que c'est facile de partager avec tout le monde. Donc si on partage on a la paix dans le monde (c'est bien connu, soupe = paix dans le monde).

    - Question pour Julie : Selon vous le début de la fin est-ce la même chose que la fin du début ? Elle a bafouillé deux bonnes minutes avant de répondre que c'était l'éternel débat de l'œuf et de la poule mais qu'au début et à la fin il n'y avait que le Christ (merci Jésus mon poto, pour une fois !).

    - Question pour Garance : Pourquoi rien ne vaut rien alors que trois fois rien vaut quelque chose ? (je vous promets qu'ils avaient la race d'inspiration les vieux) Elle s'est embarqué dans une explication métaphysique de dix minutes sur la valeur du rien et elle a largué tout le monde...

    - Question pour Fetnat : Pourquoi vous êtes noir ? Là je dois avouer que c'était le truc le plus chelou de toute mon après-midi. Il a tout simplement répondu « parce que Dieu le veut » ça a cloué le bec de la vieille !

    Pour couronner le tout, le père Abdel a décidé de nous faire chanter à la fin et ça a tellement plus à notre super public que pendant une demi-heure on a chanté des extraits de messe. Autant vous dire que j'ai pas hâte d'y retourner mais pas du tout !

[note de Flouce : ce chapitre a été entièrement rédigé par @LaRomaineEcrivaine
:)]

Faut pas pousser Mémé dans le SapinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant