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    Je suis assise sur une de ces affreuses chaises Ikea pour enfant (vous savez celles qui font mal aux fesses et qui sont probablement tellement colorées qu'elles ont dû faire démarrer quelques crises d'épilepsie), attendant avec les morveux que Romaric veuille bien ramener sa fraise. Il est en retard pour la seconde fois de sa vie (vous savez, la première fois c'était quand il n'avait pas réussi à faire l'organisation du tournoi de Scrabble) ! C'est impardonnable, à cause de ça, les petits vont s'énerver et bye bye la paix dans le monde...

    Les portes battantes s'ouvrent enfin, laissant apparaître... un tas de cartons porté par deux bras.

    « Romaric ? je m'assure.

    — Salut Hélo ! Est-ce que tu pourrais... »

    Avant qu'il ne finisse sa phrase, les deux portes battantes se referment et viennent le percuter de plein fouet, les faisant chuter lui et ses cartons.

    « Non, désolée il n'y aucune Hélo ici... tu voulais quoi Roma ? »

    Il ne répond pas.

    « Roma, t'es mort ? » je demande.

    Toujours rien. Il y a peut-être moyen qu'il soit VRAIMENT mort... Cool !

    « Roma ?

    — Je vois la lumière... Douce et rassurante... Et cette voix... C'est Dieu !! Oui je vois Dieu !!

    — Est-ce qu'il va bien ou il est mouru ? me demande innocemment Malcolm.

    — Selon mon papa médecin, intervient Pétunia Mademoiselle-j'ai-toujours-mon-mot-à-dire-sur-tout, quand quelqu'un raconte n'importe quoi c'est qu'il est fou et qu'on devrait l'interner !

    — Oh non ! On devrait l'exorciser ! s'exclame tout excitée Adèle. J'ai vu un film avec mon grand frère l'autre soir où il y avait des gens fous comme ça, du coup on les attachait à des tables (j'avoue que l'idée de Romaric attaché sur une table me séduit assez ...) et du coup on appelait le prêtre et puis du coup il faisait des trucs bizarres autour de lui, genre comme ça attendez... »

    La petite Adèle, pas plus haute que trois pommes, se dirige vers Romaric toujours dans son délire à terre. Elle lui attrape le pied et le tire à l'intérieur de la salle :

    « Bon vous allez m'aider du coup ?

    — J'arrive ! s'exclame Malcolm et un autre grand gaillard. »

    A eux trois, ils arrivent à soulever Romaric (bon en même temps puisqu'il mange de la soupe tout le temps pour la paix dans le monde il est pas trop lourd ça va) et à le... poser délicatement sur les tables Ikea :

    « C'est barbare ce que vous faîtes, s'offusque Pétunia. Je le dirai à...

    — A ton père qui est médecin ? je me moque. Allez, allons regarder s'il n'avait pas par hasard de la corde dans ses cartons...

    — Pas besoin, me coupe Adèle, mon grand frère m'a expliqué que du coup, les cordes c'était pour aider ceux qui avaient du mal à se mettre en conditions et à rester calme. Mais comme il est complètement ko du coup bah du coup on n'en a pas besoin.

    — Hé regardez ! s'écrie Raphaël. Des bougies !

    — Génial on va pouvoir se mettre dans l'ambiance ! déclare toute enthousiaste Adèle. »

    Un quart d'heure plus tard, maintenant que tout est fin prêt, qu'Adèle a réussi à apprendre ses chants chelous aux autres et que Romaric est allongé sur la table, entouré de bougies allumées et de gosses flippants, maquillés avec les paillettes qui auraient dû servir aux photophores (oui on était censés faire des photophores mais exorciser Romaric c'est tellement plus intéressant...), la cérémonie commence. Il n'y a que Pétunia pour bouder dans son coin, ligotée au piano par les soins de Malcolm pour éviter de cafter (on lui offrira une nouvelle robe pour acheter son silence).

    « Exorcizamus te omnibus immondice spiritus omnibus satanica patate omnibus incursion infernal adversii omnibus congrégation secta diabolica erigolo draco maledicte esteban tua sécurity tibia facial liberté servir thé romaricus audi nos.

    — T'es sûre que c'est ça la formule ? Pourquoi on parle d'omnibus et pourquoi on doit servir du thé à Romaric ? demande Johanna ma petite préférée.

    — Il faut lui servir du thé pour l'exorciser ? s'étonne Malcolm. »

    Et alors que les enfants recommencent à faire les foufous et à être incontrôlables, Père Abdel débarque dans la salle et, nous voyant, laisse tomber une pile de feuilles de stupéfaction. Euh... Que dire ?

    « On répète une scène pour le spectacle de l'an prochain ! » j'improvise. « Pour... gagner du temps ! »

(nda : non, nous n'avons rien consommé. Oui, ça c'est quand on écrit un chapitre ensembles. Oui, les prochains chapitres seront probablement aussi... décalés ?

à tout de suite pour le 21 !)

Faut pas pousser Mémé dans le SapinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant