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   La répétition générale. l'horreur absolue de chaque musicien, chaque participant au spectacle. c'est là qu'on se rend compte que tout cafouille, que rien n'est près, que tout va probablement rater et qu'on va avoir l'air complétement ridicule ( bon en vrai le spectacle se passe parfois mieux que les générales mais c'est vraiment vraiment rarissime)

    « Bon allez remettez-vous en place on recommence ! je répète pour la millième fois. Frère Emmanuel, ça va ?

    — Niquel Héloïse !

    — Malcolm, retourne sur scène ! je hurle.

    — Mais pourquoi on peut pas exorciser comme l'autre jour ?

    — Parce qu'il n'y a personne à exorciser. »

    Du moins pas pour l'instant, parce qu'après avoir vu le carnage que sera ce spectacle sur Moïse, pas sûre que tous les parents ressortent aussi sains d'esprit de la pièce qu'ils en sont entrés... Je pense même qu'il y aura quelques morts mais bon... Je ne sais pas si ça sera une grande perte, et puis peut-être qu'Adèle connaît des trucs de croque-mort aussi, qui sait ? La seule consolation qu'on puisse avoir c'est que le groupe de danse de garance fait une performance pire que le nôtre,  ce qui n'est quand même pas très facile vu le niveau de nos choristes... Et pourtant je vous promets que lorsqu'ils se trémoussent pour mimer les eaux que Moïse sépare en deux, c'est ridicule au possible. Sur l'échelle de la honte, c'est encore plus élevé que la dépense annuelle en fond de teint orange de Donald Trump.

    « Mais non Isabella, tu ne dois pas lever les bras maintenant, sinon ça fait moche avce les autres

   — Mais...

   — Il n'y a pas de mais !

   — De toute façon elle fait moche avec les autres au naturel, souffle Pétunia. »

    On entend l'accord le plus faux qu'il ait jamais été possible de jouer sur un piano : Romaric va péter son câble. Youpiii...

    « Qu'est-ce que tu viens de dire Pétunia ? articule-t-il lentement et faisant toujours face au piano (et donc dos aux enfants).

    — J'ai rien dit... »

    Pétunia est blanche comme un linge

    « Elle a dit qu'Isabella est moche, je cafte.

    — Comment oses-tu semer la discorde dans un spectacle pourtant si harmonieux, prônant paix et amour au monde entier ? »

    Il se tourne au ralenti et son visage exprime une colère immense. S'il avait été Dieu, nous aurions eu besoin de Noé et son arche probablement tout de suite. Heureusement, il n'est que Romaric.

    « On se casse la tête à faire un super truc pour qu'il y ait de l'harmonie, de la cohésion, qu'on soit tous ensemble, que ça soit heureux et tout et toi tu comptes détruire notre œuvre avec tes petits commentaires mesquins ?

    — Mais je... »

    Pétunia perd tous ses moyens et les larmes lui montent aux yeux.

    « Maintenant tu t'excuses auprès d'Isabella. Tout de suite. »

    La petite se lève et, la mort dans l'âme va se placer devant Isabella et murmure un pardon. Cette dernière hausse les épaules et lui répond avec un grand sourire :

    « Ce n'est pas grave. Ça arrive à tout le monde de dire quelque chose qu'il ne pensait pas. »

    Agréablement stupéfaite de la maturité de la petite de sept ans, je me tourne vers Garance qui, je l'espère, a bien profité du spectacle et en a pris de la graine. Cette dernière est en train de rouler des yeux et de soupirer et déclare agacée :

    « Bon on reprend, je crois qu'on a perdu assez de temps comme ça. »

    Pétunia, qui comme vous avez pu l'imaginer, idolâtre Garance, se met alors à pleurer, voyant le dédain avec laquelle Mademoiselle-Parfaite vient de la traiter, elle, Mini-Miss-Parfaite. Son nez coule, ses yeux sont rouges et elle fait un vacarme horrible :

    « Je m'en occupe ! je déclare avant que Garance ne fasse une remarque.

    — Nous nous allons reprendre, intervient finalement Frère Emmanuel. »

Faut pas pousser Mémé dans le SapinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant