Chapitre 14 - Pensées dominicales

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C'est la première fois que je me lève aussi tard.

Le soleil au zénith s'est accaparé ma cuisine et a dévoilé l'odeur de mes restes de la veille. Je grimace, sans pour autant me décider à faire la vaisselle.

Le dimanche est un jour assez spécial pour moi. Avec mes parents à l'ancienne j'avais l'habitude de m'adonner à toutes sortes de tâches ménagères sans aucune utilité style laver les carreaux.

Qui lave ses carreaux aujourd'hui ?
Pour retrouver un reste de fiente une fois terminé ? Non merci.

La vie est trop courte pour passer notre temps à laver et passer derrière ces satanés volatiles. Mes carreaux aujourd'hui on l'air d'avoir vécu la guerre d'indochine.

Mais je ne me plains pas, si j'avais pu, ils auraient été teintés.
La voisine d'en face n'arrête pas de me reluquer,
Et comme si ce n'était pas assez,
Elle a marqué son numéro de téléphone sur un morceau de papier qu'elle a collé à sa fenêtre, au cas où j'aurais envie de la rencontrer, ou de me vider.

Insensé.

Comme les femmes aiment jouer de leurs atouts pour nous appâter, et c'est les mêmes qui vont manifester au nom du féminisme parce qu'on s'est introduit entre leurs cuisses préalablement écartées.

Mais les femmes je les aime.
Elles sont douces et craintives, elles kiffent être exclusives et leur corps pour nous les hommes, sont un leitmotiv.

Je prends place sur le canapé, mon téléphone en main et une chaine d'info continue pour atténuer l'absence de vie dans ce micro appart.

La consultation de quelques notifications Twitter se transforme rapidement en égarement.
On m'avait pourtant dit de ne pas regarder les tweets où je suis mentionné.

Mais c'est plus fort que moi, ma conscience éprouve le besoin de voir ce qu'il se dit quand j'ai le dos tourné.

Quelques photos, des compliments d'album que je retweet sans modération et me voilà étonné par un tweet qui attise grandement ma curiosité.

« @JazzyBazz, t'es au courant qu'on écrit des fics sur toi ? »

Je reste quelques secondes, dubitatif.

Puis me rappelle des paroles suggestives rapportées à mon égard sur une plateforme orangée qui a l'air de percer plus que moi.

J'y mets le cap prestement, après avoir crée un énième compte bidonné. Je suis incapable de me rappeler du nom idiot que j'ai pu donner au dernier.

Je trouve l'histoire fictive à mon effigie sans grand effort. Le nombre de vues est monté en grades, et l'histoire semble avoir avancé considérablement depuis ma dernière visite.

Je survole un chapitre, puis un deuxième et m'égosille devant quelques passages explicites.

Rien de vulgaire assurément, mais j'aimerais savoir ce qui passe par la tête de cette petite.

Je suis presque mal à l'aise face à ces mots mêmes s'ils sont choisis avec goût. Je me retrouve comme étant l'héroïne d'une fiction pour adolescentes qui ont toutes l'air de trouver le récit à leur goût.

Je me force alors à lire quelques passages non sans éprouver un certain malaise. J'ai beaucoup de mal à prendre du recul, et je me sens obligé de tout prendre au mot, parfois j'en ris.

Le Jazzy Bazz de cette fiction est accro au sexe et aux femmes, imbue de sa personne et légèrement infâme. Heureusement qu'il ne s'agit pas d'une biographie.

« Il me jauge sans pour autant prononcer un quelconque mot, et je lis dans ses yeux qu'il serait préférable que je troque ma jupette contre un pantalon plus chaud. »

Je ne peux m'empêcher de penser à elle.

Je fronce les sourcils puis souris. Ces pensées sont-elles vraiment universelles ?

Cherchent-elle réellement un homme qui les font changer de tenue ? Ne peuvent-elles pas le faire elle-même ?

Elles prônent le independant woman mais recherchent un daron de substitution.

Les daddy sugar et toutes ces conneries tendent à montrer que le monde d'aujourd'hui a réellement changé de perspective.

D'un point de vue négatif.

M'enfin, je pense qu'il faut vivre son temps.

Je me sers un café que je sirote en terminant le chapitre cent.

Autant de sections pour faire perdurer une histoire d'amour improbable, c'est mignon mais minable.

Ses lignes sont riche de fantasmes mais pauvre d'éloquence. Même si les mots sont préalablement bien choisis pour nous faire ressentir une succession d'émotions, je ne ressens pas l'envie de vivre une telle passion.

Je ferme et supprime l'application après que ma conscience ait sagement critiqué ma distraction.

Un zéro six trente quatre attire mon attention dans une série de mots rattaché à un selfie qui porte à confusion.

« 1 pièce jointe : J'ai suivi tes conseils. »

C'est drôle comme j'ai l'impression que cette omission de ne pas avoir mis de soutien-gorge fut une transgression en prévision.

Je ne peux pas le nier, son visage est nettement plus attrayant et angélique sans ses artifices macabres, malgré ses quelques imperfections.

Ses lèvres sont entrouvertes, elle mordille le bout de son index d'un air aguicheur et ses pupilles caramel pétillent de vice impur et immoral. Elle est couchée sur ses cheveux noirs comme son âme.

Elle est diaboliquement belle, sans être un modèle instagram.

Loin de là, elle reflète un esprit fragile comme sa peau porcelaine mais je doute qu'elle soit déjà émiettée par quelques malsains phénomènes. 

Je préfère ne pas répondre, et refouler quelques pensées obscènes.

TroubleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant