trois décembre

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  Un mediator, un simple mediator avec une petite clé de sol dessinée dessus.
C'est ce qu'elle avait trouvée a la porte de son apparentement ce matin, après avoir extirpé son corps gracile encore empreint de la chaleur de ses draps. 
Le petit instrument était soigneusement rangé dans une boîte dorée entourée d'un tissu soyeux.
Elle avait machinalement porté la main au petit pendentif attaché à son cou: une clé de sol.
Cette note symbole de son amour pour la musique, de son exaltation à l'entente des cordes  frémissantes sous le poids de ses doigts.

  Elle sera fermement son point, emprisonnant le mediator au creux de sa paume. 
Ses yeux voguèrent sur les partitions négligemment étalées sur le sol, sur le vieux métronome trônant sur son bureau.
Le présent d'aujourd'hui n'était pas seul, il était accompagné d'un petit mot aux lettres manuscrites qui poignardèrent son esprit d'une étrange sensation:

  "La musique exprime ce qui ne peut être dit et ce sur quoi il est impossible de rester silencieux" 
Le sentiment qui l'avait submergé le premier jour, ou un bien étrange colis était apparus revint darder son coeur d'épines sinueuses.

  Quelqu'un connaissait sa secrète passion, elle pensa alors à son incapacité à jouer la moindre note en présence d'un autre être vivant.
De ses doigts et du sang parcourant ses veines, ce glaçant lorsque l'attention se posait sur elle.

  L'amère impuissance qui ne l'a quittait jamais  revint encore torturée son esprit et dans un élan d'animosité son corps s'affaissa sur le lit laissant choir au sol le mediator.
Ses pupilles fixèrent résolument le plafond de sa chambre s'abandonnant au rêve d'un jour où elle pourrait monter sur scène. 
Libérant son âme de l'entrave de la timidité qui faisait tant souffrir son coeur
Que devant la foule dansant Anaïde serait enfin vivante.

Helectre

24 fenêtres et un rêve Où les histoires vivent. Découvrez maintenant