quinze décembre

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  Amaïde se rendit chez Samuel ce soir-là. Il fallait qu'elle lui dise. Elle l'avait choisi lui, lui qui allait connaître son secret.

  Il ouvrit la porte, surpris en découvrant sa meilleure amie devant sa porte.

- Amaïde? Qu'est-ce que tu fais là? demanda-t-il d'un ton sec.

- Je voulais te parler... mais sinon ce n'est pas grave, laisse, je vais...

- Non! Excuse-moi. J'étais surpris... de te voir ici alors qu'on avait cours avant. Mais entre!

  Il avait vu en Amaïde un quelque chose qui méritait d'être analysé. La jeune fille, elle, était tendue. Peut-être aurait-elle même préféré que son ami ne soit pas là.

  Ils s'assièrent sur le canapé moelleux du salon, là où ils avaient passés tant de soirées terrifiés par des films d'horreur.

  - Donc...

Elle hésitait. Et s'il ne la prenait pas au sérieux? Elle aurait tout raté... Et si c'était lui, le créateur de ce calendrier? Et si...

- Amaïde? Ça va pas?

  La concernée respira un bon coup. Un moment, elle failli lui sortir un mensonge, mais elle se rappela qu'elle était nulle pour mentir. C'était son meilleur ami, également son seul ami, mais qu'importe, elle l'aimait. Elle pensa très fort à tout ce dont quoi elle était capable, elle pensa que c'était l'occasion ou jamais. Alors, sous l'oeil inquiet de l'adolescent, elle déclara d'une traite:

- Je te l'ai jamais dit, à toi ni à personne d'ailleurs mais je veux pas être mannequin, je l'ai jamais voulu, moi j'aime autre chose, ok, Samuel écoutes moi je suis sérieuse, je... je chante, je joue, j'écoute, je suis amoureuse de la musique. Depuis toujours.

Elle ferma les yeux en souhaitant très fort disparaître le plus rapidement possible, comme si cela pouvait se produire. Elle resta quelques secondes comme ça, jusqu'à ce qu'une main se posant sur sa cuisse ne la ramène à la réalité.

  Amaïde osa alors ouvrir les yeux pour découvrir son ami qui la regardait. Elle ne pouvait dire ce qu'il ressentait; il était comme... insensible.

- Tu... mais pourquoi? Je ne comprend pas... enfin si mais tu aurais pu m'en parler!

Il s'interrompit, voyant des larmes couler le long des joues de la brunette.

- Hé, hé, reprit-il doucement, Amaïde. Je suis surpris, encore une fois. C'est super, que tu me l'aie dit. Vraiment je suis heureux, heureux pour toi. Donc... tu chantes?

Amaïde sourit. Elle fut soudain prise d'un rire, un rire délivrant, un rire de ce qu'il n'y a pas de plus vrai.

- Oui!

Samuel riait lui aussi.

- Tu... Amaïde, la plus belle chanteuse au monde! Amaïde chante! s'écria-t-il.

Et les rire fusaient, et les larmes tombaient, et l'on dansait, et puis, enfin, Samuel promit, lui promit de lui montrer les étoiles. En attendant, elle brillaient dans leurs yeux.

  L'étreinte qu'ils eurent alors furent celle qui boulversa le cœur de notre musicienne si sensible, si heureuse, si libre à présent.
 
  Un énorme plus s'était envolé de son petit être.

24 fenêtres et un rêve Où les histoires vivent. Découvrez maintenant