24 fenêtres et un rêve

sept décembre

Amaïde fixait depuis un long moment le spectacle inintéressant qui se déroulait derrière la fenêtre.

Les cours de math l'ennuyait au plus au point, encore plus quand son professeur possédait la voix du professeur Rogue. Et encore plus quand l'impatience d'ouvrir sa douzième boîte la dévorait depuis le matin.

Comme un appel à ses plaintes inaudibles, la sonnerie de fin des cours retentit. Enfin ! Elle était libre.

Comme à son habitude dorénavant, elle se dépêchait de rentrer chez elle, manquant de glisser plusieurs fois par inattention sur les plaques de verglas.

Malgré sa hâte, pour une fois, elle ne monta par directement dans sa chambre, histoire d'ouvrir son présent du jour. Elle passa tout d'abord par la cuisine, son ventre criant famine depuis trois heures. Était-ce vraiment de sa faute s'ils ne servaient rien de bon à la cantine ?

Elle prit alors quelques "bonhommes de brioche", ces fameux manalas, fière rescapés de la Saint-Nicolas. Pour accompagner ses mets si commun au mois de décembre, elle se prit un bol de lait, histoire de les tremper dedans. C'était toujours meilleur, surtout quand ils n'étaient pas garnis aux petites de chocolat.

Son gros gouté près, elle se décida enfin à monter dans sa chambre. Elle posa ses manalas et son bol sur son bureau, déposant son sac juste au pied de celui-ci, pour enfin, s'asseoir devant ses "boîtes de l'Avent".

Elle n'eut cependant pas de mal à trouver sa douzième boîte. Elle était assez volumineuse, surtout en longueur. Sans plus attendre quoi que ce soit, elle défit à l'aide d'une paire de ciseaux, le scotch qui consolidait la boîte. Dedans, elle y découvrit une sorte de mallette, tapisée de cuir bordeaux pas très laide, accompagnée également d'une lettre, manuscrite à l'encre noir et avec la même écriture ronde.

«En espérant qu'un jour, enfin, ta voix se déposera sur ces disques».

Avec un froncement de sourcil, elle extirpa la malette de sa boîte, découvrant encore d'autres choses au fond.

Tout d'abord, Amaïde ouvrit la malette. Une platine neuve s'offrait à elle. Avec un élan de joie, elle sortit ce qu'il restait au fond de la boîte. Une ribambelle de vinyle s'offrait à elle, du blues au rock, en passant par le jazz. Son expéditeur était-il fou de lui offrir tout cela ?

Elle choisit au hasard un vinyle, pour ainsi tomber sur l'album Heroes de David Bowie. Elle n'avait jamais écouté les oeuvres de cet homme que l'on disait extraterrestre. S'en était l'occasion.

Elle sortit le vinyle sa pochette de carton, le déposa délicatement sur la platine et posa le diamant sur le disque. Une douce musique emplissait sa chambre.

On lui avait toujours vendu Bowie comme un artiste extraordinaire. Par cette même façon, elle s'était imaginée de plein de manières différente comment il pouvait être. Mais jamais elle n'avait songé à cette façon là. Il n'était pas génial, il était un génie.

Alors, tout en se laissant doucement emporter par la musique, elle s'imaginait un instant avoir sa voix sur ce vinyle. Et elle s'imaginait que, peut-être, les gens aimeraient ça.

LePaysDesMerveilles