vingt-quatre décembre | partie 1

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Amaïde s'était rendue à l'adresse indiquée sur le papier de la veille avec son ami Samuel. Elle l'avait à présent mis au courant de tout; y compris du calendrier. Néanmoins, elle n'avait pas encore osé chanter devant lui, devant son meilleur ami; malgré les tentatives rusées qu'il avait mis au point.

  - Tu crois que c'est où? jubilait-il depuis qu'elle l'avait appelé, quelques heures plus tôt.

Il ne tenait pas en place. À vrai dire, la jeune fille non plus, ne tenait pas en place. Elle était angoissée, mais d'une angoisse excitante comme jamais. Il n'y avait pas d'horaire inscrite, Amaïde espérait donc que c'était un bon moment pour s'y rendre. En réalité, malgré elle, si elle avait invité Samuel à se joindre à elle, c'est qu'elle était terrifiée à l'idée d'y aller seule. Elle devait prendre sa guitare... Elle allait donc devoir jouer... c'était certain. Pour l'instant, l'inconnu l'avait fait chanter devant une scène vide, et même devant des peluches! Rien qu'en y pensant, un sentiment de bien-être apparaissait en son bel intérieur. Alors quelle sera la prochaine étape? Chanter, se libérer devant de réelles personnes? Malgré ses énormes progrès, elle ne se sentait pas capable d'une telle chose. Mais serait-elle capable de refuser?  Peut-être non plus.

- C'est ici! S'exclama le jeune homme, sortant l'adolescente de ses pensées.

On aurait dit un petit garçon qui venait de découvrir la maison du père Noël. Et il avait hâte de vite y rentrer, à en voir des tremblements de froid. Amaïde, elle, était trop soucieuse pour ressentir le vent gelé contre ses joues rouges, ou encore la neige qui tentait de se loger dans ses gros vêtements.

Les deux amis étaient devant une grande et haute maison. Les volets étaient ouverts, et on y distiguait la lumière des flammes d'un feu de cheminée.

- Allez, ça va aller, dit-il en un sourire tout en tapotant l'épaule de la jolie fille.

- Arrête, tu me mets de la neige partout, et en plus...

Le grincement de la porte l'interrompit. Ils n'avaient même pas sonné!  Comment...

  - Bonjour... Amaïde?

Un viel homme se tenait devant la porte. Il avait des yeux d'un bleu réconfortant, et portait un pull tricoté qui devait avoir au moins trente ans. C'est vrai qu'il y avait une petite ressemblance avec le Père Noël...

  - Euh, c'est moi, répondit-elle, perplexe.

Elle ne pensait pas trouver ici un vieu monsieur! Ça commençait à faire peur...

  - Entrez, mes enfants, murmura-il dans sa barbe tout en désignant de sa main l'intérieur chaleureux de sa demeure.

  - Chouette, un peu de chaleur, soupira Samuel qui était déjà dans l'entrée en train de défaire le noeud de sa grosse écharpe.

Amaïde, elle, préféra rester sur le palier. C'était quoi cette histoire? Elle n'allait quand même pas rentrer chez un viel inconnu comme ça, parce qu'un foutu bout de papier lui a dit de le faire!

  Mais elle remarqua le regard soutenu de Samuel, un regard plein de bonté et de confiance. Alors enfin elle rentra dans le couloir. La porte se referma derrière elle en un claquement sourd.

    ⛄

  - Sais-tu qui je suis?

Ils étaient à présent tous les trois réunis autour de tasses de chocolat fumant et d'une petite assiette de bredeles. Un feu réchauffait un petit chaton dans un coin de la pièce.

Malgré cet accueil chaleureux, quelque chose dérangeait Amaïde. Ce qui lui trottait dans la tête depuis un moment déjà surgit soudainement de sa bouche :

24 fenêtres et un rêve Où les histoires vivent. Découvrez maintenant