Reine :
Je te vois et t'admire, ô Lac impérissable ;
Ton onde miroitante éblouit mes iris
Et fait danser au vent cet instant immuable.
Je ne vois que ton cœur, bleu tendre, pur et lisse.
Lac :
Reine du temps passé, et Reine de jadis.
Votre beauté éclaire et dore l'ocre sable.
Le temps suspend son vol et les heures propices
Suspendent leur long cours, lent et reconnaissable.
Reine :
Qui des deux le plus beau ? Vous calme Lac aimable ?
Qui étendez vos voiles aux portes de l'abysse ?
Lac :
Ou bien vous, chère Reine au sourire agréable ?
Mélancolique et fière, semblable au royal lys ?
Reine :
Mais tout deux subissant la tristesse effroyable
Des êtres célestes et de ce doux délices
De ces jours éternels. Admirés, indéniable,
Notre paix critiquée, notre beauté qui glisse.
Nous fuyons.
***
Lac :
Contez-moi votre histoire où vous fûtes la Reine
Rejetée, faste, grande et pleine d'amertume.
On vous jetait soudain des regards peu amènes,
Autrefois adulée, aujourd'hui...
Reine :
Mais j'assume !
Jadis heureuse et belle, un pays que je mène.
Une famille aimée. Les révoltes s'allument.
J'ai peur, je crains, je fuis, on vient et on m'emmène.
Je proteste, je crie, me débat... Coup d'enclume !
Je m'effondre. Aristo, hurlent-ils sans gêne.
On me tue... ! Désormais, errant, yeux dans l'écume,
Tel un mystérieux spectre, ombre vague qui draine
Les malheurs.
***
Reine :
Et votre histoire, ô Lac. Quelle fut votre mission ?
Lac :
Depuis la nuit des temps, j'erre, seul, désœuvré.
Mon âme noire a vu toute la création.
Ma surface, des vices, toute entière a givré.
L'Homme m'a corrompu par toutes ses passions.
J'ai vu le feu, le sang et les mauvaises actions.
Et la cupidité sur mes berges égarée.
L'orgueil insatiable, sous l'eau en immersion.
J'ai tout vu, entendu : les hommes ont bien œuvré.
J'ai perdu ma beauté et rêve d'évasion.
Mon charme évanoui, les hommes m'ont sevré.
Reste mélancolie, aurore et rémission.
Je suis perdu.
***
Reine & Lac :
Rien de gai. Nulle joie, en ces mornes contrées.
Trop grand, trop beau, mais seuls ; nous sommes repoussés.
Au croisés des malheurs, nous sommes rencontrés.
Mais immuables au temps, la vie nous a lassés.
Nous errons.
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Mes rêves les plus fous
PoetryIl était une fois... Un pingouin et une oie. D'un mouvement adroit, J'emmêle tous les rois. Des histoires, j'en ai beaucoup dans mon esprit ; mais peu que je couche réellement sur papier. Voici un petit échantillon des folies de mon esprit, comme j'...