"Un pas sur le pavé mouillé de Paris. La jeune fille esquissa un pas de danse et tourna doucement. Sa jupe ne s'envola pas et resta accrochée à son corps. La pluie l'avait alourdie. Elle souriait aujourd'hui. Elle dansait. Elle réalisait son rêve. Elle voulait s'envoler.
Et son ami vint lui saisir la main pour y déposer un baiser. Que dire de cette apparition angélique sous la grisaille parisienne ? Le ciel s'était-il abaissé jusqu'à terre ? Une tâche blanche dans ce vieil univers, une tâche de pureté.
- Tu es belle, ma jolie, murmura-t-il en caressant ses boucles blondes et en jouant avec. Il suffit simplement de se plonger dans la mer de tes yeux pour se trouver dans un lieu paradisiaque. Tu rayonnes. Tu es belle.
Danse."
Arrêt. La plume est posée sur la table et Marie plonge son visage entre ses mains pour étouffer un sanglot. Non, ce n'était pas cela. Ce n'était jamais cela. Pourquoi revenait-elle à chaque fois ? Elle ne la quittait jamais et la faisait souffrir, cette petite phrase. Tu es belle.
Essayons autre chose.
"Sur la lande grisâtre de cette île bretonne, une ombre laissait le vent la fouetter. Une pluie drue frappait son visage comme de multiples dards effilés. Mais l'ombre ne bougeait pas d'un cil. Elle écoutait le vent siffler. Elle répétait ses confidences. Et elle sentait son cœur s'envoler pour aller danser avec le vent.
Et soudain, une bourrasque la fit culbuter et l'ombre chancela. Mais une brise plus légère lui donna la main pour l'aider à se rétablir. L'ombre venteuse retrouva sa noble dignité et poursuivit ses confidences avec le vent...
Il lui murmurait qu'elle était belle sur cette lande bretonne battue par les éléments. Tu es belle."
Pourquoi ? Son cœur eut un sursaut de dégoût et répéta : pourquoi ?
Marie, la jeune écrivaine, se leva nerveusement et essuya une larme furtive. Belle ? Mais qu'est-ce que cela signifiait ?
- Ce n'est rien. Ça ne veut rien dire.
Si, ça voulait dire quelque chose. Et Marie le savait.
Noyons ces pensées négatives dans la plume. Évadons-nous... Autre part.
"Brûle, Soleil du Sahara, et bois ces voyageurs inconscients qui traversent ton territoire ! Fais voler leurs chèches loin derrière eux sur le sable doré pour que leurs têtes nues s'illusionnent et périssent. Oublie qui ils sont, oublie leurs âmes et leurs êtres, mange leur vie, bois leur sang.
Tu as peur ? Cela t'effraie ? Allons... Tu es le Soleil du Sahara. L'implacable et terrible astre du désert. Si tu frémis, c'est que tu faillis à ta mission. J'ai soif, passons. Regarde ces voyageurs et brûle, brûle, brûle !
Ah ! Il y a cette fille ! Cette peau tendre que tu as doucement brunis pour lui donner cette couleur dorée, ces yeux bleus que tu as éclairci par ta splendeur radieuse qui illumine trop fort, ces nattes brunes que tu t'amuses à parer de reflets châtoyants. Ô Soleil, tu l'aimes, cette targuia*, n'est-ce pas ? Et tu lui dis : tu es belle.
Brûle, Soleil du Sahara. Brûle d'amour."
Tu es belle.
Marie ne voulait pas prendre le temps d'être belle.
- Beauté... Pff c'est faux et ça ne veut rien dire.
Elle avait tort. Elle le savait. Mais elle ne voulait pas se regarder, elle. Honte.
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Mes rêves les plus fous
ŞiirIl était une fois... Un pingouin et une oie. D'un mouvement adroit, J'emmêle tous les rois. Des histoires, j'en ai beaucoup dans mon esprit ; mais peu que je couche réellement sur papier. Voici un petit échantillon des folies de mon esprit, comme j'...