Mes rêves les plus fous

Éloge de la naïveté

L'homme est d'abord orgueilleux. C'est évident : il est pris dans sa propre subjectivité, contraint de ne voir le monde qu'à travers son "je".

Longtemps, j'ai cru que l'homme était d'abord bon. Si l'homme est bon, c'est que Dieu existe parce que rien ne justifie sa bonté et qu'il faudrait une main extérieure pour la lui donner.

Mais je garde cette naïveté de croire qu'il est toujours bon. Si Dieu existe... Mais comment savoir s'Il a effectivement mis la bonté intrinsèquement dans l'homme ?

Naïveté de ceux qui voient la bonté des autres... L'homme bon est-il naïf ? La naïveté est-elle bonne ? Naïveté...

Juste s'arrêter, goûter sa douceur, caresse du mot. Beauté sonore. Le mot est beau, comme le vent se glissant dans le doux refuge d'un doux lit duveteux recouvert de plumes. Éloge de la naïveté...

On dit simplicité naturelle, sans apprêt, charmante, et touchante pourtant. On dit naïveté d'enfant. On dit qu'elle représente simplement la réalité, ne recherche pas d'effet. On parle de confiance, d'ingénuité. Naïveté dans ma relation à l'autre, dans le silence que j'engage, dans une simplicité où le "je" s'efface. Naïveté du regard qui semble inhérent à la bienveillance. Soyez naïfs. Naïfs de faire trop confiance aux autres. Dans la simplicité, vous serez sublimé. Car le silence a cette puissance de dire ce qu'on ne dira jamais. Simplicité qui par le vide qu'elle induit laisse place au silence.

Mais la bonté... La bonté ne peut pas être que naïveté. La bonté peut se donner alors même qu'on connait la méchanceté de l'autre. C'est ce qui la rend plus puissante, non ? Surpasser la méchanceté, et l'homme serait bon...

Non, je préfère ma naïveté, qui s'humilie par sa faiblesse même quand la bonté n'oubliera jamais le "je" héroïque qui a surpassé l'obstacle. La bonté ne s'étendra jamais en une confiance aveugle qui non seulement surpasse l'obstacle de la méchanceté, mais l'oublie, mais le survole et fait confiance, se répand largement dans une plaine vide où les obstacles sont morts, où l'on ne fait qu'aimer... Éloge de la naïveté.