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Je fais les cents pas dans ma chambre en ce dimanche après midi. Je réfléchis. Je réfléchis à comment aborder Tate, à comment lui dire que finalement nous ne sommes peut être pas si amoureux que ça.

En réalité j'ai peur de sa réaction. Cette appréhension me paralyse. Je l'ai déjà vu dans des élans de colère mais je sens que ça va être différent. Je vais m'attaquer directement à son cœur, son égo, son amour propre enfin... directement à lui et... si je ne trouve pas mes mots... j'ai peur de le perdre ou de lui faire imaginer des choses inexistantes. J'ai également peur de le pousser à faire une connerie. Je ne me le pardonnerais jamais.

Le mieux serait de poser mes pensées sur un papier et de lui remettre en main propre. Mais est-ce que les mots sur le papiers correspondent a ce que je veux lui faire comprendre ? Je suis perdue et angoissée. Je m'assois sur mon lit, prends mon calepin, un stylo et je me mets à écrire.

Une heure plus tard, des dizaines de pages jonchent désormais le sol de ma chambre, en boule. Je n'y arrive pas. Je ne sais pas le faire, j'ai peur de lui faire du mal, peur qu'il ne me comprenne pas. Je suis perdue.J'écris trois mots, j'arrache la page, je recommence. Je rature, je gribouille, je déchire, je froisse, je jette, violemment, au sol. Je suis littéralement agacée et usée. Tout est ma faute, j'ai agis comme une enfant, il était déjà "bizarre" à Westfield en Septembre... 2 mois plus tard, Je le connais beaucoup mieux et j'apprécie sa présence, mais pas comme un amant. Je suppose que plus je retarde l'échéance, plus je vais m'angoisser et sa réaction va s'empirer, Je vais devoir lui rendre visite ne serait-ce que pour lui exposer mes projets sur papier et attendre sa réaction. Je sais qu'il a déjà eu des copines... Il m'en avait vaguement parlé..

Soudain, je me lève, j'enfile un jean et je sors. Une idée vient de me traverser l'esprit, avant qu'elle ne s'échappe je dois la mettre en place. Ce qui n'était pas arrivé depuis 1715 vient de se réaliser. Je vais a Westfield. Mes pieds me portent, Nonchalamment. Je n'ai pas envie d'y retourner mais je n'ai pas le choix. Je dois trouver Hayden.

La route me paraît éternelle. Les arbres désormais sans feuilles ont l'air aussi triste que moi. Noël approche et je n'ai plus cette euphorie que j'avais il y a 3 ans, à la venue de cette période. Je croise de nombreux employés de magasins. Certains ont les bras chargés de cartons pleins de décorations, certains font leur vitrine et d'autres suspendent des guirlandes à leur devanture. D'habitude, en les regardant, j'aurais eu un petit sourire, un tressaillement d'excitation, moi qui aime tant Noël. Mais non, je ne ressens plus rien. Le fait de retourner à Westfield y est peut-être pour quelque chose. J'ai toujours cette appréhension. La peur de franchir le portail,parce que j'y suis peut être allée 5 fois depuis Septembre.  La peur de ce qu'on va dire de moi, puisque je n'y vais strictement jamais. Mais c'est un cercle vicieux. Je n'y ai pas été beaucoup par peur, mais j'ai peur d'y retourner parce que je n'y vais jamais.

Après plusieurs minutes, La grille se dresse désormais devant moi. Je m'arrête. J'ai soudainement envie de faire demi-tour, de retourner au lit. Mes genoux tremblent. J'ai chaud, j'ai froid, j'ai peur. Je souffle. Une fois, deux fois, je fais un pas. Je ferme les yeux. J'avance. Lorsque je les rouvre, je suis à l'intérieur. Je souris, satisfaite, mais je suis toujours aussi angoissée. Étape 2, trouver Hayden.

J'arpente alors les couloirs à la recherche de cette petite brune aux yeux noisettes qui est la seule avec qui je me sens capable de parler actuellement. Je passe des dizaines de fois devant les vitrines remplies de trophées de l'équipe de foot, des photos, des diplômes... On peut dire ce que l'on veut, Westfield est prestigieuse. Je comprends peut être pourquoi je ne trouve pas ma place.

Je me décide à entrer dans la cafétéria. Je retiens mon souffle et baisse les yeux en voyant tout ce monde, ces gens, ces regards posés sur moi.

TateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant