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Je ne sais plus comment je me suis retrouvée dans cette cellule. Je ne sais pas depuis combien de temps j'y suis par ailleurs. Je n'ai qu'une envie : Mourir... Ou casser des bouches. Deux, pour être exacte. Celle de Hayden, dans un premier temps. Puis la mienne, que je déteste de plus en plus !Je fais n'importe quoi, je demande rédemption. que l'on annule la sauvegarde de ma vie, que l'on efface ma mémoire par pitié ! Je m'auto détruis et pire encore, je réduis à néant tout ce que je touche.

Ma mère... Mon pilier, mon mentor... Partie. Mon avenir, mes études, anéantis. Mon couple ? Je ne pense pas, avec les bruits de couloirs, que Tate souhaite me revoir. Mon Père ? Que voulez-vous que je dise... Sa fille, son bébé, le fruit de son amour pour sa femme, à commis un meurtre. La fille du Shérif à commit un meurtre. Le comble n'est-ce pas ?

Je tourne en rond comme un lion en cage, un dauphin dans une piscine. Je réfléchis, a ce que je vais dire quand mon père viendra me voir ; à ce que je vais devenir ; à ce que le juge dira ; À ce que Tate va me dire si un jour il m'adresse la parole.

mes bras ne sont plus que lambeaux, détruits par mes propres ongles. le stress m'a noyé. Je rase les murs, je m'asseois sur le banc et j'attends, recroquevillée sur moi même.

Lorsque mon Père ouvre enfin la porte, il ne me regarde même pas. Cette ignorance me fait mal, même si c'est ma faute. Je ne peux pas le supporter.
Il m'emmène une nouvelle fois dans la salle d'interrogatoires. Il s'asseoit en face de moi. Bizarrement, il n'y a personne aux alentours, tout semble vide. Je regarde l'horloge au dessus de la porte : 23:37. Ah oui.... quand même.

Personne n'ose parler, ni même bouger. L'ambiance est juste horrible.
23:45, mon Père prend enfin la parole :

《- Johanna.. 》

Mon coeur s'est littéralement brisé. Il pleure. Pour la première fois devant moi. Mais surtout, à cause de moi. Je ne souhaite à personne, je dis bien personne, cette sensation, ce sentiment atroce d'avoir échoué, d'avoir déçu les seules personnes qui comptent pour soi.

《- Je suis désolée... Papa...》 Balbutiais-je entre deux sanglots

《-Pourquoi.... Pourquoi toi.. Maintenant.. Pourquoi. J'ai besoin de réponses, je veux savoir..,J'ai besoin de savoir pour te permettre d'échapper au pire...》

De nouveau le silence, entrecoupé de sanglots.. C'est insoutenable.
Je finis par briser le silence en murmurant :

《- Au pire ? C'est à dire ? 》

Mes angoisses se sont intensifiées.
Il prend une profonde inspiration.

《- Le pire serait un homicide volontaire, ça veut dire que tu voulais le tuer mais que tu n'as pas prémédité ton acte, tu n'as pas planifié ton meurtre.

- C'est faux ! Je n'avais aucune intention de le tuer ! je ne voulais pas ! Je le jure !》 Hurlais-je en pleurant de plus belle. Je suis paralysée. Mon père continue :

《-J'aimerais te croire chérie, mais je ne suis pas décideur. Si le procureur juge que tu es coupable d'un homicide Involontaire, dans ce cas cela pourrait être moins compliqué, surtout que tu es encore mineure. Il y a également une troisième option mais je n'en ai pas envie...

-Laquelle ? Papa ! Il faut que je sache ! La moindre option qui peut me laisser respirer est bonne à prendre. J'ai tellement peur....

- Que tu te fasses diagnostiquer malade mentale.

- Pardon ? Pourquoi ?

- Un Homicide involontaire c'est 15 ans de prison en détention pour mineurs, un homicide volontaire c'est 30 avec détention sous haute surveillance,je n'ai pas envie de te voir finir dans une prison à la Arkham. Ce n'est pas mon projet pour toi !

- Qu'est-ce que ça change la maladie ?

- Si tu es jugée malade, tu seras mise en détention dans un hôpital entourée de gens compétents, avec un traitement spécial et tu pourrais sortir plus facilement sous conditions mais il faudra jouer le jeu... 》

Un semblant d'espoir me fit disjoncter :

《- Je suis prête à tout Papa ... Je ne veux pas partir ... J'ai peur !

- J'appelle mon Avocat, il va nous encadrer jusqu'au jugement, en attendant tu restes en détention ici sous ma surveillance. Tout va bien à la maison, la voisine surveille ton frère, il n'est pas au courant, je l'espère, je ne lui ai rien dis. 》

Je lui souffle un "merci" et il me raccompagne dans ma cellule de l'enfer. Je suis dans un état pitoyable. Mes cernes sont pire qu'auparavant, mes joues sont creusés, mes bras sanguinolants.

J'avance d'un pas monotone, je traîne des pieds, mon envie de vivre, si elle a existé, est aujourd'hui réduite à néant, comme 50% de la Population dans les comics Infinity Gauntlet que mon Père achetait il y a 3 ans au moins.

Le bruit des clés me fait redescendre sur terre. Je suis entrée dans ma boite.  Je me retourne en criant :

《- Demande à Tate de venir me voir avant le procès ! S'il te plait c'est important !

- J'essaierai.》

Mon père posa un dernier regard vide sur moi. Sa déception est immense. Je m'assieds contre le mur froid du commissariat. Je fonds en larmes. Je n'en peux plus.

***

Trois coups de matraque sur les barreaux de la boîte infernale me réveilla en sursaut.

《- Ration ! 》

un plateau tout sauf ragoutant glissa jusqu'à mes pieds. Une demi orange, un yaourt nature et un oeuf au plat verdâtre. Ah. C'est original..

C'est alors que je m'apprêtais à entamer l'oeuf, que l'on fit entrer un Homme dans ma cellule.

《- Johanna Goode, je suis votre Avocat. Je souhaiterais m'entretenir avec vous avant le procès la semaine prochaine. Si vous voulez bien m'accorder quelques minutes 》

C'était un homme grand, avec beaucoup de prestance et de confiance en lui. J'ai eu moi même confiance en lui en le regardant, c'était assez étrange par ailleurs. Quoiqu'il en soit, je l'ai suivi jusqu'a cette même salle où l'on me fait passer interrogatoire sur interrogatoire depuis des jours maintenant.
Il s'assied face à moi et me dit :

《-Mademoiselle, votre situation semble perdue. Cependant, il est possible d'atténuer votre peine, voire même d'améliorer vos conditions de détention  si vous collaborez.
J'ai bien étudié votre dossier et votre situation est délicate. Cependant si nos discours sont cohérents, il y a  quasiment 100% de chance d'être incarcérée pour homicide involontaire. Il existe néanmoins une solution qui vous permettrait d'éviter la prison. 》

Je suis très calme. C'est étonnant. Je lui réponds d'une voix posée :

《- Je vous écoute.

- On pourrait vous diagnostiquer une maladie mentale. Cela vous permettrait d'être admise à l'hôpital au lieu d'une prison de haute surveillance juvénile.》

Le même discours que mon Père. J'ai confiance en cet avocat. Je suis tellement désespérée que cette solution me semble raisonnable. Je n'ai pas le choix au final, si ?

Il continue :

《- Si vous souffrez de démence, vous serez soignée dans un hôpital spécialement conçu pour. Avec des gens compétents, J'en suis convaincu. Si vous acceptez notre accord, je vous laisse signer ces papiers qui admettent votre entrée à la fin du procès, j'espère la semaine prochaine sinon le mois prochain.

- Mais je ne suis pas réellement malade !

- Voulez-vous être détenue Mademoiselle Goode ? 》

Je déglutis. Je me sens piégée, sans issues possible. Le regard de l'avocat est insistant. Je signe en fermant les yeux. Je n'ai même pas lu les papiers. Juste une ville.

Briarcliff.

TateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant