Chapitre 1

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– Tu es prête Belle ?

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– Tu es prête Belle ?

– Dans quelques minutes.

Ses pas s'éloignèrent, et je lissais ma robe rouge tout en vérifiant que les lacets de mon corset étaient bien noués, puis je m'assurais que mon livre était caché sous un mouchoir de tissu blanc. Si mon père savait que je comptais me cacher dans un coin à l'anniversaire du fils du maire pour lire un livre, il me sermonnerait, comme à chaque fois.
Ma robe laissait entrevoir mes pieds, je n'étais pas de celles qui préféraient les longues traînes et les talons hauts. Des petites ballerines, une robe simple sans chichi et une petite queue de cheval décorée d'un nœud me suffisaient.

Dans le salon, mon père éteignait le feu qui continuait de crépiter dans la cheminée, de peur de retrouver la maison dans un brasier géant à notre retour. Dans le petit placard que nous possédions, j'attrapais ma cape rouge bordée de fourrure blanche, et calais mon panier entre mon coude et ma hanche. Je posais ma capuche sur ma tête, et nous pûmes nous mettre en route. Nous n'étions pas seuls dans la rue, néanmoins, nous fumes mis à l'écart. Nous étions les derniers arrivés, les derniers à avoir emménagé en ville, mon père restait enfermé dans son atelier pour confectionner ses projets, et les gens me croyaient folle. Les habitants se retournaient pour nous dévisager, et je serrais ma cape contre moi. Les rues étaient sillonnées de calèches, éclairées par la lune brillante. À Beastown, la nuit régnait éternellement, la lumière du jour peinait à percer l'épaisseur dense de la forêt. Le haut bâtiment semblable à un château s'éleva dans le paysage, et les lumières qui jaillissaient des fenêtres appelaient à la fête. La maison du maire s'approchait, et la boule dans ma gorge grossissait. Je sentais ces regards sur moi. Pas ceux des habitants. Ceux des ombres. Elles me suivaient dans l'obscurité, marchaient au rythme de mes pas. Mon père ne sembla pas sentir leurs regards perçants, cette tension qui planait autour de nous, du moins, il n'en fut pas troublé.

Nous nous engouffrâmes dans le jardinet, et j'abaissais ma capuche, me confrontant aux regards réprobateurs des invités. Certains parents passaient des bras réconfortants autour du corps de leurs enfants, les emmenant loin de la folle avide de connaissances. Je ne me sentais pas à ma place, et alors que mon père allait à l'encontre du maire, j'allais me cacher à l'arrière de la maison en voyant arriver Gabriel. C'était pour lui que nous étions là, il était entouré d'une multitude de jeunes filles de tout âge, qui depuis la nuit des temps essayaient de le séduire. Pourtant, il persistait à me poursuivre, depuis mon arrivée. Il parlait déjà de mariage et de descendance, alors même que je ne connaissais que son prénom. Il était le genre même d'homme que j'évitais. À vrai dire, je les évitais tous. Les seuls que j'approchais, c'était ceux de mes bouquins. Ce soir, j'étais plus à l'écart encore. Les gens n'osaient plus me regarder, seul Gabriel semblait vouloir me suivre.

Derrière l'immense maison, je trouvais un coin, près d'un grand arbre, où je pouvais me poser à l'ombre des regards. Dans le cabanon, je trouvais une lanterne, que j'allumais à l'aide d'une allumette rendue humide par la froideur de la pièce. Je m'en voulais de fouiller ainsi, mais c'était le seul endroit où je pourrais être tranquille. Je déposais ma cape au sol, suivi de ma lanterne, seule source de lumière de la petite cabane qui me servait de refuge. Je m'asseyais sur ma cape que je retrouverais probablement noircie par la poussière, mais pour le moment, je ne m'en inquiétais guère. Je soulevais le tissu blanc qui dissimulait mon trésor, et délicatement, je sortais le livre de sa cachette.

Beastly Beauty Où les histoires vivent. Découvrez maintenant