Chapitre 3

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– Je reviendrai bientôt, me promit mon père

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– Je reviendrai bientôt, me promit mon père.

– Fais attention, la nuit va bientôt tomber.

Il attrapa son manteau et son chapeau, et le louveteau le suivit en trottinant. Sur le perron, je les regardais s'enfoncer dans la forêt. Le soleil se coucha rapidement, et laissa place à la lune, qui à Beastown, régnait en maître. Alors que leur sortie ne devait durer que quelques minutes, je m'inquiétais lorsque je ne vis pas revenir mon père. Et s'il était tombé dans un trou ? S'était-il fait mal ?
Avec empressement, j'accrochais ma cape autour de mon cou. La lune s'élevait dans le ciel, et l'inquiétude me rongeait. Mon père ne serait jamais resté dans la forêt au risque de se faire dévorer. Lui me croyait. Il me croyait, même s'il n'avait jamais vraiment fait face à ces ombres. À ces bêtes. Je devais le prévenir que ce soir, elles seraient de sortie. Sans hésiter davantage, je traversais la route boueuse, et m'enfonçais dans la forêt, l'entre de la Bête, la gueule du loup.
À peine la lune avait-elle atteint le sommet, que des hurlements déchirèrent la nuit. Pas un, pas deux, mais une dizaine de cris plus effrayants les uns que les autres. Pourtant, un était plus grave, plus puissant, plus angoissant que les autres. J'évitais les branches et les rochers, espérant ne pas faire de bruit. Mon père ne se serait jamais éloigné du sentier, ainsi, je le suivais prudemment. Petit à petit, Beastown disparaissait derrière les arbres, et bientôt, je me trouvais perdue entre ces troncs identiques. La nuit entièrement tombée, le vent se leva comme chaque soir, et les branches craquèrent et se frottèrent entre elles. Ici, les nuits étaient semblables. Il faisait froid, nous ne voyions pas plus loin que nos pieds, et des bruits sinistres ainsi que des cris terrifiants brisaient notre sommeil. Je dormais peu, je dormais mal, et la fatigue me ratatinait souvent à l'état de larve, pourtant, ce soir, mon cerveau marchait à plein régime. Les cernes ne m'empêchaient pas de me rendre compte de la situation. Mon père s'était perdu, et je l'étais à mon tour. Alors que le soir, les habitants se barricadaient chez eux et que les loups sortaient de leurs tanières, alors même que nous devrions être au chaud près de notre cheminée, nous étions perdus, mis à nu, faibles, la proie parfaite pour des prédateurs tels que ces bêtes.

– Papa ?

Ma voix était restée coincée dans ma gorge, et le son qui en était sorti était un parfait mixte entre un croassement rauque et un murmure d'effroi. Je n'osais pas lever la voix, de peur de me faire repérer. Cependant, je l'étais déjà. Derrière un arbre, deux yeux bleus me fixaient. Néanmoins, ils étaient beaucoup plus petits ceux de la Bête. Ils étaient moins effrayants, plus enfantins, plus sages. C'était le petit louveteau.
Étonnée, je le regardais me tourner autour, comme s'il voulait jouer. Il était taquin, mais je n'étais pas d'humeur. Lui était là. Mais alors, où était mon père ? Je me baissais à la hauteur de l'animal, qui s'assit comme s'il était parfaitement dressé. Ce loup semblait avoir plus d'humanité que certains habitants de Beastown.

– Où est mon père ? tentais-je.

Le louveteau sautilla, et s'enfonça entre les arbres. Il disparut bien vite, la couleur de son pelage se confondant avec la noirceur de la nuit. Mes jambes le suivirent alors que ma tête était ailleurs. Je m'imaginais mille et un scénarios, où mon père se faisait dévorer, où je retrouvais seulement un de ses membres, où j'assistais, seule, à son enterrement. En somme, aucun où il ne s'en sortait vivant. Je frissonnais, et pressais le pas. Je ne voulais me perdre plus que je ne l'étais déjà, mais j'avais le pressentiment que le louveteau me guidait jusqu'à mon père. Du moins, je l'espérais. Au fur et à mesure que mes pas me guidaient vers une destination inconnue, mon cœur palpitait et une adrénaline soudaine mélangée à une peur profonde coulait dans mes veines.

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