Chapitre 6

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Un pas après l'autre, je m'avançais vers cette immense table recouverte d'une nappe soyeuse blanche brodée de fils d'or, alors que tous les regards étaient braqués sur moi

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Un pas après l'autre, je m'avançais vers cette immense table recouverte d'une nappe soyeuse blanche brodée de fils d'or, alors que tous les regards étaient braqués sur moi. Juste en face, la Bête me regardait, fièrement appuyée contre son trône, dominant toute l'assemblée. Une porte s'ouvrit, et une dizaine d'hommes habillés de chemises blanches et de vestons noirs apportèrent, sous des coupelles dorées, ce que je présumais être les plats. Néanmoins, le maître de ce château ne fut pas servi, parce que j'étais son plat de résistance, j'étais celle qu'il allait dévorer. Alors que le soleil était au zénith, et que j'aurai dû reprendre la route à travers la forêt, c'était vers la mort que je me dirigeais. Ma curiosité avait eu raison de moi, je m'étais laissée emportée par ce monde magique que j'avais découvert, et que pendant un temps, j'avais envié. 

– Venez vous asseoir, très chère.

Je sursautais, et me tournais vers un homme d'âge mûr, au ventre bedonnant et au costume ridicule. Sa montre à gousset pendait autour de son cou, alors que ses manches, déchirées, laissaient entrevoir des bras gras et poilus. Son ventre tendait le tissu dont plusieurs boutons étaient tombés, et ses bottes, trop grandes pour lui, lui donnaient une allure rocambolesque. Je n'eus pas plus de temps pour décrire sa magnifique moustache que je fus tirée vers la droite par un homme immense et fin comme un manche à balai arborant une queue de cheval semblable à la même. 

– Notre Alpha souhaite vous avoir à ses côtés !

Je déglutis, intimidée, et laissais ces deux rigolos m'entraîner vers la Bête. 

– Asseyez-vous à ma place, jolie demoiselle, me proposa le géant.

Un accent vieillot donna à sa voix une intonation drôle et accueillante. L'homme bedonnant tira sa chaise à son tour, m'incitant d'une tape sur le dos à m'asseoir à sa place. 

– Vieux loufoque, je lui avais proposé avant toi !

– Eh l'asperge, j'ai d'abord posé mes yeux sur elle, tu n'as fait que suivre mon regard !

– Léonard, commença la Bête en se tournant vers le géant, Balthazar, asseyez-vous.

Les deux rigolos se toisèrent du regard, oubliant leurs compatriotes qui avaient les yeux rivés sur eux. Soudain, le maître frappa la table du plat de ses mains, faisant tinter les verres, et sursauter l'assemblé. 

– ASSEYEZ-VOUS !

Le grand homme — Léonard — s'assit sans se faire prier, cependant le bedonnant Balthazar se retrouva tendu comme un piquet. En effet, puisqu'il m'avait gentiment offert sa place, il se retrouvait exclu de la table. 

– Eh bien, mon bon Balthazar, murmura Léon, te voilà bien embêté. De toute manière, tu as assez de réserves pour tenir tout un hiver !

– Espèce de...

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