"Pourquoi est-ce que tu me suis encore?" il grogne tout en continuant de marcher, jetant parfois des coups d'œils furtifs aux alentours, toujours à la recherche de journalistes.
Je ne réponds pas et regarde mes mains à la place, rougissante et quelque peu intimidée. Rougissante parce que je n'ai pas l'habitude de parler à des garçons. Et intimidée parce que, est-ce que vous trouvez ça normal de vous promener avec une star de bon matin ?
Il finit par soupirer et continue son chemin, avec moi le suivant silencieusement derrière.
"Où vas-tu?" je questionne en espérant briser la glace. Je remarque que ma voix sort assurée et remercie le ciel de ne pas avoir rendue mon malaise perceptible à travers mon timbre.
"Tais-toi" sa voix grave retentit immédiatement après, d'un ton sec.
"Impertinent" je râle tout en roulant des yeux, dans une pitoyable tentative d'humour qui me vaut un regard noir de sa part. Je souris timidement et rétorque en murmurant "Ca va, ça va, je rigolais"
Ça fait quelques heures déjà qu'il a repris ses esprits ; il s'est alors décidé à marcher, sans me dire un mot. Lui accordant une confiance aveugle, je l'ai suivi tandis qu'il jetait des coups d'œils furtifs à son téléphone.
Il agit normalement maintenant, comme si rien ne s'était passé. Je me demande si c'est normal pour lui. Si c'est un acte quotidien, s'il y est habitué à souffrir.
Je tente en vain de dresser mes cheveux courts qui virevoltent et qui semblent indomptables aujourd'hui. Je les attache alors et rabats ma capuche sur la tête. Je dois ressembler à un harceleuse comme ça, je pense en esquissant un sourire.
Nous passons devant une allée populaire et je le vois enfoncer sa casquette sur sa tête un peu plus, tandis qu'il baisse les yeux. Nerveusement, il se retourne afin de vérifier que je suis encore là.
Je le rassure d'un hochement de tête et il se détourne rapidement en voyant que je l'ai aperçu. Je prends alors le temps d'admirer les alentours : la température est idéale ; j'ai toujours adoré l'été. Les arbres, la verdure, la chaleur, la joie, les vacances : tout est parfait.
Et puis, au bout de quelques minutes, je me rends compte que je suis perdue : cet idiot a disparu et je suis désormais entourée d'inconnus.
L'endroit me parait inconnu et je commence à paniquer; bousculée de toute part, immobile et à la recherche de cet abruti bipolaire, la situation n'est pas vraiment en train de tourner à mon avantage.
Je me fraie un chemin dans la foule tout en essayant de trouver un visage qui ne m'est pas inconnue. Je ne crie pas son prénom : je ne le connais pas. De toute façon, je sais que je n'oserai jamais.
"Bordel, mais il est où?" je m'interroge. Je continue d'avancer, devenant progressivement affolée et mal-à-l'aise.
Au bout de dix minutes de recherche, j'abandonne. Je suis maintenant dans une petite allée étroite mais néanmoins très fréquentée à ce que je vois. C'est sans danger mais je ne suis pas en sécurité : je me suis perdue.
Je soupire et remarque que mes mains tremblent légèrement. Et si je prenais un taxi pour rentrer chez moi. Mais est-ce que ça signifie laisser l'autre abruti seul? Et s'il était en train de me chercher?
Je mets ma main dans mes poches et me rappelle que j'ai dépensé presque tout mon argent dans le supermarché. Je fixe d'un air absent l'unique pièce qu'il me reste. Je cherche alors mon téléphone et me rappelle que je l'ai laissé à la maison.
Je suis une incapable inconsciente.
Peut-être que si je trouve une cabine téléphonique, je pourrai appeler ma mère avec la monnaie qu'il me reste? Ca me parait bien. C'est la meilleure chose à faire. J'espère juste qu'il s'en sortira. Il paraissait savoir où aller.
Tu ne le verras plus jamais.
Et c'est ainsi que débute ma chasse à la cabine téléphonique. J'essaye d'abord d'effectuer prudemment le chemin inverse, et puis je me laisse juste porter par le vent.
Et soudain, il est là devant moi. Il écarquille les yeux dès qu'il me voit. Puis il prend un air furieux et me jette un regard noir. Ses cheveux noirs sont ébouriffés et je crois que je ne l'ai jamais vu aussi en colère.
C'est normale, tu ne l'as vu qu'une seule fois dans ta vie.
''Où est-ce que tu étais ? il crie furax. ''Qu'est-ce qui t'as pris de partir comme ça?'' il agrippe mon poignet brutalement mais ne le serre pas. Bouche bée, je le regarde avec des yeux de poisson frit.
Il se fout totalement de moi, on est d'accord?
''Qu'est-ce qui m'as pris? Moi? Tu m'as devancé sans jeté un regard en arrière !'' je déplore avant de m'arrêter. Cette conversation est ridicule. Et puis, d'abord, pourquoi est-ce qu'il s'inquiète pour moi?
''J'étais responsable de toi! Je suis sûr que tu n'es même pas majeur : si je t'avais perdu, qui sait ce qui aurait pu m'arriver!''
Oh. Je vois. Ca explique tout venant de sa part.
Et je me remets à marcher, sans l'attendre. Ca aurait été une bonne technique et un merveilleux repliement stratégique, s'il ne m'avait pas interrompu dans ma démarche.
''Où est-ce que tu vas? C'est pas par là qu'on va'' il me dit et je souris intérieurement avant de tourner le talon dans sa direction.
Quelque part, je suis contente qu'il ne me laisse pas partir toute seule. Je suis contente malgré le fait qu'il essaye de restreindre le plus possible nos échanges. Je suis contente d'avoir quelqu'un comme lui à mes côtés pour quelques instants, même s'il est borné et refrogné. Pour moi, c'est une bourrasque d'air frais qui me fait du bien.
On marche encore quelques minutes. Je fais attention à ne pas trop m'éloigner mais je ne peux m'empêcher de remarquer qu'il a ralenti le pas afin de ne pas me distancer.
Nous sommes assez proches l'un de l'autre, si proches que s'il lui venait l'idée de me tenir la main, on nous confondrait alors avec un couple.
Je le vois s'arrêter sans surprise devant une mercedes noir flambant neuve et sortir les clés de l'engin. Je me souviens alors de qui il est. De ô combien loin de mon univers il est.
Une question me vient à l'esprit, une question qui m'a taraudé toute la journée, une question que je n'ai pas osé posé. Je me sens cependant moi gênée devant lui après ces heures en sa compagnie.
"Tu es Jungkook, n'est-ce-pas?", je demande enfin en le regardant dans les yeux, et je vois son regard se ternir. Il me fixe encore un peu avant d'hocher la tête.
"Oui" il répond simplement.
Jungkook ouvre alors la porte de sa voiture et se glisse à l'intérieur, se plaçant sur un siège gris qui parait ô combien confortable pour quelqu'un ayant passé une heure à courir dans tous les sens.
Il actionne le moteur tandis que je le fixe toujours bêtement, lui et son magnifique corps de rêve.
"Attends! Tu vas où?" je crie quand je me rends compte que je n'ai nulle part où aller et qu'il ne semble pas décidé à me laisser déposer mon pauvre fessier sur le cuir du magnifique fauteuil à côté de lui. Il appuie sur la pédale avec un petit sourire satisfait et mesquin et sa voiture démarre. J'observe le véhicule disparaître lentement de ma vue.
Et je me rends compte que je suis toute seule sur le trottoir.
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Don't go - Jeon Jungkook
RomantikJungkook n'est qu'une star, après tout : juste un adolescent arrogant qui se croit supérieur aux autres. Aela n'est que la manager de ses trois meilleurs amis, Taehyung, Yoongi et Jimin. Elle n'essaye que de les aider lorsqu'elle accepte de co...