Don't go - Jeon Jungkook

Chapitre 41 : Sœur

Je me précipite afin d'aider une femme qui vient de laisser tomber ses sacs de course par terre. Ses affaires dans les mains, tandis que je l'aide, je lève finalement les yeux et rencontre son regard : un regard familier, trop familier. Des yeux marron qui me sont tout sauf inconnus, des cheveux noirs jais lisses, et un visage similaire au sien.

Je reste la fixer la bouche entrouverte, tandis qu'elle me tend la main afin de récupérer ses sacs, les sourcils froncés.

''Mademoiselle, ça va?'' elle demande finalement, inquiète.

''Je-Est-ce que vous connaissez Jeon Jungkook? Personnellement ? '' je finis par lâcher sans vraiment réfléchir.

''Jeon Jungkook? La star mondialement connu ?'' elle répète et j'acquiesce doucement, confirmant mes propos. ''Non, pourquoi est-ce que je le connaîtrai ?'' elle continue, le regard froid et fuyant et le ton légèrement brusque mais aussi ennuyé.

Je m'excuse précipitamment, honteuse de ma maladresse et lui rend ses sachets, en évitant de croiser son regard, les joues légèrement rouges.

''Au revoir'' je murmure, embarrassée, avant de m'en aller comme une petite fille prise en faute.

J'ai à peine fait quelques pas, que déjà, je ne peux m'arrêter de la comparer à Jungkook : tout chez elle était similaire, de ses lèvres à ses yeux, de son sourire à son nez. Il serait presque incroyable d'imaginer qu'il n'existe aucun lien de parenté entre ces deux-là.

Regagnant un peu de confiance en moi et d'assurance, je fais soudainement demi-tour et cours rattraper la jeune fille.

''Madame !'' je l'appelle et elle se retourne immédiatement, une expression ennuyée sur le visage.

''Pourquoi est-ce que vous m'appelez madame alors que je suis plus jeune que vous ?'' elle me jette un regard étrange et fronce les sourcils.

''Je-Désolée...'' je m'excuse à nouveau et me mords l'intérieur de la joue.

Cette femme a vraiment un don : elle arrive à me gêner en quelques secondes à peine.

''Je sais que vous m'avez dit que vous ne connaissez pas Jeon Jungkook, mais.. Est-ce que vous êtes sûre que vous n'avez aucun lien de parenté avec lui ?'' je persiste, presque sûre qu'elle m'ait menti.

''Je vous ai déjà répondu, non ?''

Elle a définitivement un lien de parenté avec lui. Même leur caractère est le même.

''Je ne vous crois pas.'' Je croise les bras et la regarde dans les yeux, provocatrice.

''Et bien, ce n'est pas mon problème.'' elle dit et s'apprête à tourner les talons quand je l'agrippe par le poignet.

Rapidement, elle se détache de mon emprise en me jetant un regard surpris et dégouté, mais je n'abandonne toujours pas.

''Vous êtes sa petite soeur, n'est-ce pas ?'' je lance sûre de moi en repensant à ce que m'a dit Jungkook il y a assez longtemps.

Je vois la jeune femme écarquiller des yeux et ouvrir la bouche, s'apprêtant à me répondre, mais n'arrivant à en sortir aucun son.

Quelques secondes après, elle finit par réussir à me questionner :

''Je-Comment ? Comment est-ce que vous savez ?''

''Je connais Jungkook.'' je l'informe et je remarque que cette information la choque encore plus.

''Ça m'étonnerait : il parle à peu de personnes, et il ne parlerait de moi à aucune fille.'' elle lance d'un ton méprisant et je soupire en la voyant si similaire à lui, dans la gesture mais surtout dans le comportement.

Exaspérée par son comportement, et voulant lui clouer le bec une fois pour toute, je sors mon téléphone de ma poche et ouvre l'application photos tandis qu'elle hausse les sourcils, se demandant sûrement à quoi je joue.

Je finis par lui montrer la photo que Jungkook et moi avons prise au parc pendant la nuit, cette photo où nous avons tous les deux l'air heureux, qui est encore mon fond d'écran.

Elle prend mon téléphone dans ses mains et commence à examiner la photo, vérifiant sûrement si ce n'est pas un photomontage. Elle me le retend finalement en soupirant, et me dit :

''Qui êtes-vous ?''

—

''Tu peux me tutoyer, tu sais'' elle rigole et je souris, amusée.

''Il ne s'est jamais plaint ? Il ne t'a jamais rien dit, même s'il voyait chaque jour votre mère avec un inconnu ? Il était petit, non ? Juste un adolescent, n'est-ce pas ?'' je l'assaille de questions, laissant ma curiosité sortir.

Jungkook ne répond jamais à mes questions, moi-même évitant soigneusement de ramener des sujets sensibles dans la conversation. Généralement, il ne parle de son passé que lorsqu'il en a envie, et je reste l'écouter, lui prêtant une oreille attentive et lui donnant tout le réconfort possible.

Je sais qu'il déteste parler de sa famille. Il me semble aussi qu'il déteste sa famille, parfois.

''Le jour suivant le départ de ma mère, il a arrêté de parler. Il n'a pas prononcé un seul mot la semaine qui a suivi, et même longtemps après son départ, il n'avait plus rien d'un enfant. Il parlait rarement, regardait toujours ses pieds, avait les cheveux qui lui couvraient les yeux''

Elle soupire : ''Il ne souriait jamais. J'avais l'impression que mon grand frère avait disparu, alors j'ai fini par arrêter d'essayer de faire des efforts. Je l'ai complètement ignoré, et un jour, je ne sais pas exactement comment, il a fini par passer cette audition et il a quitté la maison. Aussi simplement que ça.''

Il abandonne les gens qu'il aime si facilement. Avec tant d'aisance, qu'on dirait que rien n'importe, finalement.

''Jungkook a toujours détesté demander de l'aide, ou encore se plaindre. Quand il était petit, il m'ignorait toujours quand je lui demandais comment il allait, et même après qu'on a grandi, il n'a jamais voulu m'avouer ses faiblesses et il a toujours prétendu que tout était parfait quand il a commencé à devenir chanteur.''

Jungkook a toujours détesté demander de l'aide.

''J'étais assez impressionnée par son comportement, et il était mon grand frère : je croyais qu'il était invincible, et que tout allait vraiment bien. Et puis, les années ont filé et on a commencé à se perdre de vue : j'ai perdu les quelques liens qui me rattachaient à mon frère. Je ne connais presque rien de sa vie actuelle, désormais.''

''Je crois qu'il s'en est toujours voulu.'' elle soupire ''Peut-être que j'aurai dû faire quelque chose.'' La culpabilité teinte complètement sa voix, la recouvrant presque.

Je ne réponds rien, même si je connais parfaitement la réponse.

Oui, oui il s'en est toujours voulu. Oui, tu aurais dû faire quelque chose.

''Après ce jour, il n'a plus jamais été le même. Il m'évitait constamment, et je crois que c'est ce qui m'a fait le plus mal.''

''Pourquoi est-ce que tu n'en as jamais parlé avec lui ?''

''Oh, c'est compliqué, parfois, de parler.'' elle répond, un sourire triste sur son visage.

C'est trop tard, maintenant. On ne peut pas changer le passé.

Mais on peut peut-être arranger le futur.