Don't go - Jeon Jungkook

Chapitre 61 : Délicatement, sur les lèvres : ça n'a pas suffi

Je n'arrive pas à dormir ce soir.

Je pense à toi.

Une seule personne. Il faut choisir la bonne.

Est-ce que c'est toi ?

Oui, oui, je crois que c'est toi.

Tout est clair, maintenant.

Je suis désolée de t'avoir tant fait attendre.

- 

AhReum. 

J'apprends enfin son prénom.

La fameuse chanteuse AhReum aperçue l'air débraillé à la sortie d'un restaurant où elle a été surprise avec son petit-ami quelques heures auparavant.

Et une étincelle s'allume au sein de mon cœur, mais elle s'éteint rapidement, aussi vite qu'elle est apparue.

Je ne peux pas me réjouir du malheur des autres. 

Je ne peux pas continuer à la haïr. Je ne peux même pas commencer à la haïr.

Car si je fais ça, ma vie dépendra de la sienne.

J'ai fait mon choix : une alternative pénible, douloureuse, terrible et exténuante. 

Pas impossible.

 Mais peut-être que si je peux récupérer cette lumière dans ses yeux, ça vaut le coup.

Alors je continue de marcher, partant à ta recherche, le gros titre du magazine s'estompant de ma vision tandis que je l'oublie, elle, mais jamais toi. 

Je suis désolée pour toi, AhReum. 

-

''Qu'est-ce que tu fais là ?'' Jungkook me jette un regard suspicieux, ses cheveux noirs ébouriffés et son visage toujours aussi parfait. 

Une véritable œuvre d'art.

''Je-''' Ma voix est tremblante, douteuse. 

Je m'y attendais.

''Est-ce que je peux te parler ?'' je le questionne alors, plus confiante et assurée. 

''Je suis occupé maintenant, pourquoi ?'' il réplique d'un ton froid et distant. 

''J'ai besoin de te parler. Aujourd'hui. Est-ce que c'est possible qu'on se voit cet après-midi ? Dans un café si tu veux... N'importe où, en fait.'' je trouve le courage de lui demander.

Si je me défile maintenant, si je fuis, là, tout de suite, je sais que tu ne m'en voudras pas. 

Mais je m'en voudrais.

Il répond par un simple hochement de tête, mais finit par ajouter : 

''Je serai disponible dans deux heures. Je t'enverrai l'adresse par message.'' 

-

Jungkook est assis sur un banc, une capuche noire sur la tête, la tête baissée, le regard sur son portable. 

Il lève les yeux vers moi dès que j'apparais dans son champ de vision. 

''Salut.''

Je me demande si c'est notre dernier ''salut.''

Ou si ce n'est qu'un parmi tant d'autres. 

''Salut.'' 

Il n'y a pas de ''De quoi tu voulais parler ?''

Pas de ''Pourquoi est-ce que tu voulais me voir ?''

Il n'y en aura pas. 

Jungkook n'est pas ce genre de personne. Il attendra. 

C'est toujours à moi de faire le premier pas.

''Pourquoi est-ce que tu es parti ?'' je lance alors, exactement comme je l'ai voulu : brutalement.

''Quoi ?'' Et pour la première fois dans la journée, je fais face à un Jungkook déstabilisé, pris au dépourvu, et perdu.

Finalement. 

''Pourquoi est-ce que tu t'es comporté comme un lâche, Jeon Jungkook ?'' je répète d'un ton plus dur. 

''Je ne me-'' 

''Ne fais pas l'idiot. Est-ce que tu avais besoin d'être si cruel ? À quoi jouais-tu ? 

''Ne parle pas de-'' 

''Je t'aimais !'' 

Et ses yeux prennent un nouvel éclat, une sorte de rareté, une couleur unique que je ne leur ai jamais vu. 

''Je t'aimais ! Et toi ? Et toi, Jeon Jungkook ? Est-ce que tu m'as aimée comme je t'ai aimé ?''

J'explose, j'entre en effervescence parce que, bon sang, je lui ai donné tout ce que j'avais, et ça n'a jamais été assez ! 

J'ai pleuré, crié, supplié, et lui ? 

Je veux entendre sa version de l'histoire.

''Tu t'es enfui ! Voilà, c'est dit. Qu'on arrête de prétendre, de jouer cette scène pathétique. Tout ce que tu as jamais fait, c'est courir. '' je me lève du banc sous l'accès de la colère, et il fait de même.

Je suis désolée.

''Tu cours, mais tu ne cours pas parce que tu veux courir, n'est-ce pas ?''  

C'est tout ce que j'ai toujours voulu te dire. 

''Tu cours parce que tu veux t'enfuir !'' je l'accuse, folle de rage, avant de soupirer bruyamment : 

''Je suis désolée, je ne suis pas venue ici pour te reprocher tout cela. Je n'ai pas fait tout ce trajet pour te faire comprendre que tu as été horrible avec moi.'' 

Et ses yeux sont humides. 

Pourquoi sont-ils humides ? 

Tu n'as pas intérêt à pleurer, Jeon Jungkook ! 

Mais voilà, il est là, en train de pleurer, devant moi.

Alors, je l'ai embrassé. 

Délicatement. 

Sur les lèvres. 

Et j'ai adoré.

Et je pense que mon cœur s'est brisé,

Quand il s'est écarté.

Merci.

Je savais que tu n'aurais pas pitié de moi, Jeon Jungkook. 

Merci.

Tu as abrégé mes souffrances. 

Prends mon cœur. 

Tu peux prendre mon cœur, maintenant. 

Je peux te donner mon cœur, maintenant. 

Je m'en vais. 

Au revoir. 

Effrayée de ne plus entendre ta voix

Effrayée de te perdre toi, Jeon Jungkook

Mais tu étais déjà parti.

Il n'y avait plus rien à espérer.

Plus de ce fameux espoir, ce sale espoir.

Alors, je cours. Loin de toi. 

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Le prochain chapitre sera probablement le dernier.