Chapitre 24 : Le garçon du parc

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La rupture a été difficile. Et plutôt étrange.

Parce qu'ils l'ont affrontée ensemble. Aela a pris un jour de congé pour elle et les garçons.

Et le lendemain, ils sont restés sur le canapé de la chambre de l'hôtel, dans les bras l'un de l'autre, se lamentant tandis qu'ils regardaient la télévision.

La rupture n'était pas difficile parce qu'elle était amoureuse Kim Taehyung. La rupture n'était pas difficile parce qu'il était amoureux d'Aela. Cela avait été difficile parce qu'ils s'étaient rendus compte qu'ils avaient des problèmes, et que leur vie n'était pas aussi parfaite qu'ils aimaient le laisser paraître.

Cela avait été difficile parce qu'il avait fallu affronter la réalité.

Et qu'ils ne savaient pas exactement quoi faire.

Parce que la solution n'apparaît pas dès que l'on fait face aux problèmes. Ce n'est pas si facile. Il semblait que les gens ne comprenaient pas : oui, c'était difficile de réaliser que sa vie n'était pas un conte de fée. Mais ce n'était pas le plus dur : la partie qui suivait était la plus compliqué. Pas compliqué comme un problème de maths ou un examen.

La solution n'était pas inscrite sur un papier. La solution n'était peut-être même pas logique. La solution n'était indiquée nulle part, et le chemin à suivre était voilée par un brouillard dense et infranchissable.

C'était ce qu'elle voyait.

Ce n'était pas en réalisant qu'on était malheureux qu'on devenait heureux.

Parce que c'était elle le problème.

Et c'est ça qui inquiétait les deux adolescents, serrés l'un contre l'autre, comme s'ils avaient peur. Comme s'ils s'accrochaient encore à quelque chose.

C'était stupide, puisqu'ils n'avaient plus rien à quoi s'accrocher.

Ils ne pouvaient pas s'accrocher à quoi que ce soit s'ils abandonnaient.

Tout ce qu'il restait à faire maintenant, c'était espérer et avancer comme on le pouvait.

Qu'est-ce-que ça voulait dire, de toute façon ?

Qu'est-ce-que tout ça voulait dire ?

Ils sont restés pleurer longtemps encore, parce qu'ils n'étaient que de grands enfants qui avaient besoins de réconfort.

Et puis, après tout, pleurer ne voulait pas dire qu'on était en train de perdre la bataille.

Junglook passe devant moi en faisant bien attention à me bousculer, son épaule touchant la mienne, mais pour la première fois, je décide de l'ignorer, bien trop fatiguée pour réagir.

Je soupire et continue mon chemin sans prêter attention au brun.

Je vois ce dernier froncer les sourcils d'un air confus, me jeter un regard du coin de l'œil avant de détourner les yeux et de faire comme s'il n'avait rien remarqué.

C'est ça, prétends que tu n'as rien vu. C'est plus facile ainsi, n'est-ce-pas ?

Alors, je choisis d'ignorer mon cœur, mes sentiments, et sans ajouter un mot, je continue de marcher vers le café.

Tourne le dos à Jungkook, et avance.

Sans jeter un regard en arrière.

Karla la traîne par le poignet avec enthousiasme, se dirigeant vers le bâtiment d'où provient la forte musique et les lumières. Le garde du corps les examine soigneusement, et finit par les laisser passer après avoir jeté un coup d'œil aux cartes d'identités que lui tend Karla.

''Tu vas voir, ça va te changer les idées !'' tente de la persuader son amie tout en s'asseyant se dirigeant vers une des tables encore vides.

Je fais de mon mieux pour sourire et cacher ma mauvaise humeur les minutes qui suivent. Au bout d'une heure, Karla m'invite à danser mais je refuse : je la force à aller sur la piste de danse seule tandis que je vais faire me rafraichir dehors.

Elle accepte à contrecœur et dès qu'elle a disparu de mon champ de vision, je me lève précipitamment et me dirige vers la sortie du bâtiment.

Quelle lâche tu fais.

''Je suis rentrée à l'hôtel en taxi. Désolée mais je me sentais assez mal. Fais attention sur la route en rentrant chez toi.'' je finis par envoyer par message à Karla, afin de ne pas l'inquiéter.

Je réussis à trouver un taxi et me réfugie à l'intérieur.

''Est-ce-que vous pouvez m'emmenez au parc le plus proche ? N'importe quel endroit qui serait agréable et vide à cette heure.''

Le conducteur acquiesce et commence à conduire tandis que je fais de mon mieux pour rester éveillée.

Pourquoi ne pas rentrer chez-moi alors ?

Je n'ai pas envie d'y aller. Ma chambre d'hôtel détient une ambiance oppressante.

La voiture s'arrête et je me redresse, paye le conducteur, et sors de la voiture. Je cligne des yeux plusieurs fois lorsque je vois le parc qui m'est si familier.

Ça doit être le destin.

Des souvenirs reviennent à ma mémoire, et je commence à penser à lui.

Je me demande s'il est venu aujourd'hui. Et s'il était là ?

Non, ce serait totalement impossible.

Je souris légèrement en me rendant compte de ma naïveté et franchis la barrière si familière.

Mon cœur accélère réellement au moment où mes yeux rencontrent sa silhouette familière.

Je le trouve assis sur l'herbe, en t-shirt et en jeans, les cheveux coiffés, comme s'il venait de sortir d'un tournage : qui sait, c'est peut-être le cas. Malgré le fait qu'il soit trois heures du matin, malgré le fait qu'il ait un concert dans quelques heures, je sais que son manager est capable de lui infliger quelque chose de pareil.

Je le vois encore une fois, et il est sûrement le même qu'il y a quelques heures. Mais il n'y a qu'en ce moment précis que je remarque l'expression angélique que prend son visage quand il observe le ciel, comme si c'était quelque chose qui le dépassera toujours.

La tête dirigée vers le ciel, il regarde les étoiles avec admiration, son visage baigné par les rayons de lune, sa forte mâchoire mise en valeurs. Il paraît un peu perdu, là, tout seul, assis dans un parc, jouant avec les brins d'herbes et fixant la lune. Il n'a rien d'une star : juste Jeon Jungkook, un garçon qui pourrait très bien étudier à l'université et vivre en colocation s'il n'avait pas auditionné il y a quelques années de cela.

Il est difficile d'imaginer que ces quelques minutes où il a auditionné, ces quelques minutes où il a chanté devant la caméra, sûrement nerveux, lui ont permis d'atteindre un monde parallèle. Un monde où des milliers de filles l'adulent : un monde dont certains sont envieux.

Et il est là, souhaitant probablement changer ce monde dont il est le roi.

Je le vois, et il me semble plus inaccessible que jamais.

De nombreuses fois, il m'a paru difficile à atteindre, avec ses écouteurs dans les oreilles, ses peurs dans les yeux et son attention dirigé partout sauf sur moi.

Mais au clair de lune, inoffensif et complètement démuni, il me fait encore plus peur que jamais.

Et si je n'arrivais jamais à l'atteindre ?

''Hey''

Je m'assois à ses côtés tandis qu'il dirige ses yeux vers moi et tourne la tête vers moi, ses délicieux marrons se plantant dans les miens.

''Hey'' il répond d'une voix faible.

Et je crois qu'il n'y a rien d'autre à dire.

Il est juste devant moi, mais j'ai l'impression que je suis plus loin que jamais de Jungkook, le garçon du parc.

Don't go - Jeon JungkookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant