6. Mélina

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Média: Gaëtan Sarthe.

Première soirée depuis mon grand départ.

Tu viendras, hein, Mélina ? Allez, fais pas ta chochotte tu vas adorer ! C'est Gaëtan qui a tout organisé... non, ce n'est pas pour ça que j'ai finalement pris la décision d'accepter. C'était juste pour que Léonie me laisse enfin tranquille. Et j'aurais dû partir en l'abandonnant à cette fête plutôt que de me soumettre encore une fois. Mais elle a raison: ça me ferait du bien de sortir un peu. Tous les soirs, je suis renfermée dans mon appartement en train de me lamenter sur ma vie sans histoire. Alors que je ne fais pas grand chose pour que ça change, finalement. J'ouvre ma garde-robe dans un très très long soupir. Déprimée et flemmarde. C'est de mieux en mieux... je n'ai pas grand chose de nouveau, en effet, mais je décide tout de même de prendre le petit ensemble que j'avais acheté en Italie. Il est un peu "à découvert" comme dirait mon frère adoptif, mais une veste en cuire avec une grosse écharpe fera l'affaire. Je prends mon sac avec le nécessaire de survie à l'intérieur, puis je poste mon blog de la journée sans émettre le fait que je vais à cette stupide soirée.
- Tchao Sparadrap, je reviendrai surement plus tôt que prévu.
Elle me fixe de ses deux yeux globuleux. Je lui fais un dernier signe de la main avant de partir à contre coeur.

***

Oh mon Dieu. Je n'aurais jamais dû venir. Sur le perron de la maison de Gaëtan, j'hésite à entrer ou bien tout simplement à faire demi-tour. Des corps se trémoussent par les fenêtres, des canettes de bières jonchent le gazon, et la musique résonne dans mes tympan malgré ma présence à l'extérieur. Malgré tout, je frappe à la porte telle une petite fille bien éduquée. On m'ouvre brutalement, et je tombe sur un type complètement saoul.
- Burb, je vais... vomir...
Il se presse à l'extérieur et je détourne rapidement le regard avant d'entendre un bruit dégoutant. J'entre, écartant quelques personnes sur mon passage. Il fait extrêmement chaud ici, et l'ambiance qui y règne ne me plait pas du tout. Je cherche Léonie, mais la maison est bien trop grande et je tombe malencontreusement sur Gaëtan. Comme si le mauvais sort s'acharnait sur moi... même si je doute que cela ne soit qu'une simple coïncidence.
- Mélina ! Alors tu es venue ?
J'ai un grand sourire forcé. Et, comme je suis terriblement maligne, je fais celle qui n'a rien entendu...
- Quoi ?! Désolée je n'entends rien !
- Oh, alors ça va si je parle comme ça ?!
- Hein ?!
- Et comme ça, c'est bon ?!
- Qu'est ce que tu dis ?!
Pauvre Gaëtan... j'affiche un air désolé sur mon visage, mais il ne semble pas s'en apercevoir.
- TU M'ENTENDS LA ?!! C'EST BON OU PAS !
- Bon écoute Gaëtan, je n'entends rien et je dois rejoindre Léonie, donc à plus !
Je laisse un Gaëtan cloué sur place, qui ne s'est toujours pas rendu compte qu'il vient de se faire berner par la plus mauvaise des manières. Lorsque je trouve enfin Léonie en train de se marrer avec un groupe de gars, je sens le soulagement remonter en moi. Je ne suis plus seule. Mais bon, je ne dois pas me faire des idées: plus vite je serai partie, mieux ce sera. Malheureusement, elle m'a remarquée...
- Heeeeeey ! Mélina notre sauveuuuuuuuse !
Elle est déjà à moitié bourrée, et je recule d'un pas sur le coup de la surprise. Une autre fille apparait, aussi pimpante que Léonie elle-même. Mon air interrogateur ne passe pas inaperçu.
- Mémé, je te présente Cynthia. Une graaaaaaaande amie d'enfance ! Pas vrai, ma Cy ?
- Affirmatif, hey Mélina. Tu ne m'en voudras pas, mais j'ai fait gouter un peu de vodka à ton amie. Juste pour voir ce que ça allait donner.
- Ooooooh, mais tu n'as pas à t'excuser, gémit Léonie qui doit être au bout de sa vie.
Sur ce, elle renverse le contenu de son verre sur mes pieds. Je pousse un petit gémissement de fureur.
- Merde, s'cuse.
- Alors Mélina, j'ai entendu dire que t'avais sauvé un taré du suicide ?
Oh non, pas encore cette histoire. J'avais réussi à oublier cet épisode, mais je sens que tout le monde m'en veut à propos de ce petit malentendu !
- Oui...
- T'as vu, hein ?! J'te l'avais bien dit qu'c'était vrai, ajoute Léonie pour me rendre encore plus crédible.
- Ah ouais, la classe ! Et c'est qui ce kassos encore ?
- Adrien Anderson, j'interviens simplement histoire de ne pas trop parler de lui.
C'est raté.
- Autrement dit, le fêlé...
Léonie part dans un grand éclat de rire, tandis que Cynthia semble perdue dans ses pensées, un grand sourire aux lèvres.
- Oh, mais je le connais bien, Anderson...
Je deviens tout de suite un peu plus curieuse à ce sujet.
- Ah bon ? Comment ça ?
- Il était sorti avec moi en seconde... peut-être qu'il est vraiment dérangé mais en tout cas, il sait y faire avec les filles, ça c'est sûr...
- Tatata !!! Et voilà une raison de plus de se méfier de lui !
Avant de venir, je me disais que s'il n'y avait pas eu Léonie, j'aurais surement refusé la proposition de sortir. Mais maintenant que je suis avec elle, je me rends compte que j'aurais sans doute préféré qu'elle ne soit pas là. J'ai un soudain besoin d'être rassurée.
- Mais euh... comment ça "il sait y faire avec les filles" ? Le genre du bad boy prétentieux et arrogant qui...
Je ne peux pas finir ma phrase, car Cy pouffe de rire. Léonie reprend un verre et l'enfile dans la seconde qui suit.
- Naaan, je ne sais pas exactement. On va dire que c'est le genre "Adrien" prétentieux et arrogant dont il faut se méfier à tout prix, si j'étais toi. Ce type devrait déjà être enfermé dans un asile. Il ne va pas bien dans sa tête !
Elle met son index sur sa tempe, et je grimace.
- C'est claaaair ! Mais bon euh... euh... ah bah ça c'est con, je sais plus ce que je voulais dire...
- La ferme, Lélé, s'il est collant là maintenant, dis-lui d'aller se faire voir. C'est un sale pervers qui sait juste draguer avec ses poèmes minables.
Cette conversation tourne à l'obsession, et je marmonne une excuse un peu à la va vite pour enfin quitter cet endroit maudit. Heureusement, elles ne me courent pas après. Je suis un peu parano, non ? Résultat des courses, je n'ai pas bu une goutte d'alcool et je n'ai parlé à personne d'autres qu'à Léonie et à Cynthia. Mes parents seraient fiers de moi, si j'en avais...

Ne me laisse pas tomberOù les histoires vivent. Découvrez maintenant