11. Adrien

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Média: Sandra Tison, Auguste Rilleul et Adrien Anderson.

Quatre-vingt dixième changement de moi.

Une nouvelle vie commence. C'est vrai quoi, j'en ai ras le bol d'être le petit Adrien qui reste bien à sa place et qui n'embête personne... ça devient fatigant ! Et bien à présent, cela va changer. J'ai décidé d'éviter la bibliothèque, l'endroit où Cédric Sanchez se rend tous les jours. Et puis j'ai aussi voulu partir au relooking express avec Auguste, mon meilleur ami, et sa copine Sandra. Cette fille est en réalité l'opposé de Mélina: cheveux bruns, yeux noirs, régime forcé, tenue en faux cuir et ongles bleues. Une vraie gothique fashion. Et j'ai pensé que le meilleur moyen pour devenir un tombeur, ce serait de lui demander de l'aide. Mais, en entrant dans la boutique préférée de Sandra, je me dis que trouver le bon Adrien qui me correspond parfaitement sera plus difficile que prévu. Adrien des années 80 ? Adrien le blagueur immorale ? Adrien le garçon bien sage ? Adrien le biker à l'accent écossais ?... Tiens, mais c'est une very good idea !
- Bon, tu veux quoi ? Me questionne Sandra qui se balance d'un pied à l'autre, visiblement ennuyée.
Je fais mine de réfléchir en me grattant le menton. Je ne sais pas si l'idée que je me fais de moi passerait en tant que super look devant le lycée entier...
- Ça donnerait quoi un Adrien biker à l'accent écossais ?
Elle ferme les yeux dans un soupir. Elle est habituée à moi, ça se voit.
- Va te faire soigner.
- Peut-être, peut-être... et alors du coup ?
- Essaye cette veste en cuir. Elle est trop grande mais vu à la vitesse que tu grandis, dans une semaine ça fera l'affaire.
Je l'enfile ainsi que des lunettes noires et une paire de boots. Je me sens tout de suite dans mon élément.
- Yeaaah, good job !
Je fais un petit claquement de langue, et Auguste débarque, les yeux écarquillés.
- Sandra ! Je t'ai dit d'y aller mollo avec tes goûts vestimentaires...
- Hello, sir, comment ça va ?
J'ai l'accent un peu irlandais, écossais et anglais à la fois, mais après tout c'est tous les mêmes. Auguste part dans un grand fou rire en se tordant le ventre, mais je reste calme. Tel un British.
- Mec, il y a pas trente-six mille solutions: 'faut que t'ailles te faire soigner !
- C'est ce que je lui ai dit... intervient Sandra en se frappant le front.
- C'est décidé: Adrien le biker à l'accent écossais est né, et ça grâce à mon génie.
Ils me fixent pendant deux bonne minutes tandis que je fixe mon merveilleux reflet dans le miroir.
- Ton génie ? Tu es sûr de ça ?

***

Mon nouveau style vestimentaire a vraiment fait de l'effet auprès de mes camarades femelles. En sortant de la boutique, une fille a carrément détourné le regard vers moi, et lorsque je me suis approché en bafouillant un "hello, miss !", elle a rougit ! Oui je sais, ça fait bizarre dit comme ça, mais Adrien le biker écossais a tenu ses promesses. La fille m'a demandé si je venais de l'Angleterre, et je lui ai dit "oh, yes", car je trouve que ce pays est tout de même plus classe que l'Écosse avec leurs jupes. Puis je suis ensuite entré dans un bar de la galerie marchande en poussant un grand "Hi, french !" et j'ai demandé où était ma "cup of tea", puis j'ai discuté avec le barman qui prétendait être de Dublin et adorer les Leprechauns ( je ne me rappelle plus ce qu'il m'a dit, mais j'invente ). Lorsqu'enfin je me suis rendu au lycée à pied, pour toujours plus de styles, j'ai fait des bras d'honneur aux voitures qui m'ont répondu en klaxonnant et j'ai dit "ah, you're so hot !" à une fille qui traversait avec une mini jupe et un décolleté plongeant. Elle a accéléré la cadence, mais je me suis tout de même senti à fond dans mon rôle de tombeur...
J'ai ouvert les grandes portes du bâtiment avec un sourire symbolique, et tout le monde a tourné la tête, l'air affolé. J'ai fait des claquements de langues à chaque fois que je voyais une fille plutôt jolie, mais lorsque j'ai croisé Léonie Marty, Valentin Etienne, Gaëtan Sarthe et Mélina Allard, Adrien le biker s'est évaporé d'un seul coup, et je suis redevenu Adrien le fêlé sans histoire d'avant sans m'en rendre compte. Ces personnes ont le don de vous faire rappeler qui vous êtes vraiment, des pauvres nuls qui essayent de se démarquer dans cette société pourrie. C'est pour cela que je les déteste, vous devriez mieux me comprendre maintenant... mais, l'air tout de même fier d'un guerrier romain, je me suis approché d'eux et ils m'ont littéralement dévisagé avec un regard qui priait surement pour que je ne m'approche pas d'eux, mais quel dommage, c'est ce que je fais. Léonie se frappe le front, hilare, tandis que Valentin a un sourire mesquin. Mr Sarthe, qui est un peu mieux éduqué que les autres, dissimule tant bien que mal son envie de rire.
- Alors le fêlé, on a vidé sa garde-robe à ce que je vois ? Lance Valentin d'une voix éraillée.
Il n'a pas encore mué, je parie.
- Sérieux, c'est quoi ces fringues ? Tu les a volées à ton grand-père qui était rockeur dans les années soixante ?
Gaëtan se mort la lèvre inférieure à présent pour s'empêcher de rire alors que Mélina est immobile comme une statue de cire. J'ai l'impression de la ridiculiser en permanence.
- J'étais juste venu demander quelque chose à Mélina, mais franchement, je trouve que vous avez des goûts vestimentaires uuuultra recherchés !
J'imite l'accent de Christina Cordula, et Léonie me fusille du regard. Mélina baisse les yeux comme si le mauvais sort s'était soudainement abattu sur elle. C'est un peu le cas, en effet.
- Euh... vas-y demande...
Qu'on en finisse. Je sais qu'elle voudrait dire ça, mais je lis l'hésitation dans son regard. Elle n'osera jamais dire le fond de ses pensées.
- On part en balade.
- Que... quoi ?!
- On va aller sur la plage de Calais.
Son visage se décompose au sens propre, et Léonie pousse un petit cri d'horreur. Je reste neutre, sans rien dévoiler du tout.
- Ah non, tu ne l'embarques pas avec toi ! T'es complètement malade comme mec sérieux !
- Je ne te demande pas ton avis, à toi.
- Mais tu n'as pas non plus demandé mon avis !
Mélina marque un point, mais je dis en contre partie:
- Si tu ne veux pas y aller, je comprendrai très bien. C'est vrai que trainer avec Marty, Etienne et Sarthe est un peu plus équitable pour ta réputation que de trainer avec moi...
Je constate qu'elle se sent un peu désolée, comme si elle avait peur que je sois blessé. Alors que moi, je m'en fiche totalement. C'est elle qui devrait s'estimer heureuse de cette proposition...
- Ok, j'accepte.
Sans pouvoir m'en empêcher, je souris et Gaëtan me lance un regard horrifié tandis que Léonie et Valentin sont carrément en état de choc. Je demande juste pour en profiter:
- Juste après les cours, ça te va ?
- Euh... ouais, oui oui.
- Cool. Ah, et, je te préviens à l'avance: on y va à vélo.
Elle écarquille les yeux en faisant un grimace et je me décide enfin à tourner les talons sans dire quoi que ce soit de plus pour rabaisser encore un peu mon image. Je me sens si fier que je redresse les épaule et fais un espèce de jeu de sourcils bizarre. Je ne sais jamais les utiliser à "bon escient"... lorsque je suis en colère, ils se plient dans l'autre sens comme si j'étais triste en réalité... je tombe sur Sandra ( comme par hasard ) qui semble malheureusement avoir été témoin de la petite scène. Elle a l'air furieuse.
- Mais ça y est, j'ai compris: si Monsieur voulait se faire une petite remise en beauté, c'est simplement pour plaire à Mademoiselle j'ai-le-cul-tout-plat !
J'étouffe un petit rire face à ce qu'elle vient de dire.
- Euh... alors, déjà de un, elle n'a pas le cul tout plat hein...
- Ah ouais, parce qu'elle a un string trop serré c'est ça ?! Et toi tu es l'un des rares cas à l'avoir vue sans !
- Pfffff... t'es jalouse ou quoi ?
Cette question la stoppe immédiatement, et elle grimace l'air de dire "t'es con ou quoi ?".
- N'importe quoi. Je ne veux pas que mon ami sorte avec une fille de ce genre, tu vois ? Elle va te briser le coeur sans même que tu aies le temps de voir comment sont réellement ses fesses !
- C'est plutôt elle qui devrait avoir peur de moi. Et puis, je ne vois pas trop: une fille de quel genre ?
- Bah euh... une fille du genre coincée du cul tout plat qui traine avec la Marty par exemple.
Là, elle marque un point. Et là, je suis d'accord avec elle. Mais j'aimerai aussi qu'elle me laisse tranquille.
- Sandra, laisse-moi ok ? Je sais pas moi, chouchoute Auguste au lieu de t'en prendre à moi, parce que là il va commencer à s'imaginer des choses !
Elle me fixe, bouche bée, puis je la contourne sans même qu'elle ne détourne les yeux. Je suis trop fort pour mettre les gens mal à l'aise...

Ne me laisse pas tomberOù les histoires vivent. Découvrez maintenant