23. Adrien

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Média: Lise Sanchez.

Trente-troisième jour en communauté.

- À quoi tu penses, Anderson ?
La question de Sandra me sort complètement de ma rêverie. Je pense, moi ? Pff, enfin, il ne faut pas dire n'importe quoi. Je ne pense plus depuis bien longtemps. Je lui souris l'air ailleurs.
- Je pensais à ce que tu disais.
- Ah, cool. Et qu'est ce que je disais, au juste ?
- Tu parlais de ton zéro en chimie.
Auguste pousse un grognement désabusé, et Sandra soupire en frappant la table. Ils pensaient m'avoir, surement.
- C'est pas possible, grommelle Auguste, c'est un peu comme si ton cerveau était dans trois endroits différents... c'est pas juste, vieux !
- Si ce n'est pas juste, alors essayez de le faire. C'est très facile quand on parle toujours de la même chose.
- Hé ! Ce n'est pas souvent que j'ai un zéro en chimie, d'abord.
Je lève les yeux au ciel avant de replonger dans mes pensées. La salle d'étude est le meilleur endroit pour songer à Mélina. Il faudrait que j'arrête de la voir. Je suis de plus en plus obnibulé par elle au fur et à mesure que je suis en sa compagnie. Mais c'est comme ça, je ne peux pas m'en empêcher, je dois me faire passer pour quelqu'un de vraiment gonflant à ses yeux. La porte de la salle d'étude s'ouvre brusquement, et je sens le coup de coude d'Auguste me faire gonfler les joues à cause de la douleur. Je lève les yeux et tombe sur... Cédric Sanchez. Voila. Il est là devant moi, comme si de rien n'était avec son sac à dos sur les deux épaules et son petit air d'intello, il traverse la salle avant de s'asseoir à la table juste à côté de la nôtre. Je déglutis et me cache le visage d'une main. Je me fiche du rire de Sandra et d'Auguste, tant que je ne vois plus du tout Monsieur Sanchez. Il est très différent de sa soeur physiquement, mais il y a quelque chose qui ne me détrompe pas: sa façon d'être. Il a exactement le même air dans ses yeux du genre: moi extraterrestre, toi humain. Moi vouloir cohabiter avec toi et devenir amis. Leurs regards sont identiques: comme s'ils découvraient le monde avec des étoiles pleins les yeux. Ce genre de personne que je n'ai jamais réussi à comprendre...
- Putain... il ne veut pas se barrer, lui ?
J'ai dit cela avec tellement de haine que j'ai cru m'arracher les dents. Et Sandra en est extrêmement surprise. Généralement, je m'évertue à rester zen, même en cas d'agacement ce qui produit l'effet escompté dans toutes les situations. Car lorsque j'ai accès à une crise de nerf, je peux devenir dangereux. Mais cette fois, c'est trop pour moi.
- Oh hé, calme-toi Anderson. Je veux pas que tu pètes une durite maintenant...
- Je sais pas ce que ce type t'a fait, mais rien qu'à voir ta tête, ça a l'air d'être vachement grave.
Cédric continue d'écrire sur un cahier sans même se soucier que j'ai juste envie de lui fracasser la tête contre un mur. Je serre les poings pour m'enlever cette idée de la tête.
- Retenez-moi où je vais le taper.
- Mais il t'a fait quoi au juste ?
- Retenez-moi je vous dis.
Sandra et Auguste m'attrape chacun un poignets, les yeux écarquillés. Mais lorsque je vois le nom "Lise Sanchez" sur la trousse de Cédric, je ne peux plus m'empêcher de me lever et de hurler devant des tonnes d'yeux ébahis.
- Tu es revenu uniquement pour me narguer, hein ?!!! C'est ça que tu veux ??! Avoue, espèce de crétin !!! Je sais que tu es là uniquement pour me la remettre en tête, ELLE !!!
Tout le monde me regarde, surtout Cédric qui a totalement perdu son espèce sourire mesquin. Je le pointe du doigt, et je dois être devenu rouge pourpre. La surveillante prend le téléphone posé sur son bureau et appelle du renfort d'une voix tremblante, tandis que je renverse tout sur mon passage: les tables, les chaises, les sacs, les trousses, ... Tous les lycéens partent en courant de la salle d'étude, et je me retrouve finalement dans le bureau de la principale avec quatre heures de retenue et une expulsion de trois jours. Je pourrai donc abandonner toute idée de revoir Mélina...

Ne me laisse pas tomberOù les histoires vivent. Découvrez maintenant