26. Mélina

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Média: Adrien Anderson et Mélina Allard.

Veille de mon décès cérébral.

- Mélina ! Descends tout de suite ! ... tu sais que je vais m'énerver, là ?! ... ou la, je sens que la colère monte... fais gaffe à toi, Moulinet, où je te préviens: je vais escalader !
J'ai laissé la fenêtre ouverte juste pour l'entendre me crier dessus. J'avais besoin de rire. Bon, il est vrai que la situation n'est pas vraiment drôle pour lui, mais pour moi si. J'ai reçu un message de ma mère me proposant un rendez-vous, et je n'ai pas envie de penser à ça. Je sais que c'est mal, que je devrais lui répondre, mais pas maintenant.
- Mélina ! À trois je monte ! Un... deux... deux et demi...
Quel boulet celui là... J'étouffe un rire dans mon oreiller. En relevant la tête, j'ai eu l'impression de voir Robert Pattinson me faire un clin d'oeil sur le poster.
- Deux trois quart... deux virgule quatre vingt dix... deux virgule quatre vingt dix neuf... deux virgule neuf mille neuf cent quatre vingt dix neuf... trois ! Tu l'auras voulu, Moulinet !
J'entends un léger grattement au mur, comme si une souris était en train de gratter avec ses petites pattes, puis un bruit me signifiant qu'il abandonne. Il retente plusieurs fois.
- Je n'abandonnerai jamais, tu m'entends ?! Jamais tant que je ne saurai pas !
Perspicace, courageux, têtu et agaçant. Comment je vais faire pour dormir, moi ?
- Je resterai là toute la nuit s'il le faut !
Bon, alors autant lui mentir maintenant plutôt que d'attendre le lendemain... je décide de me pencher par la fenêtre et je remarque son splendide sourire sur son visage rougit par l'effort.
- Désolée, j'étais aux toilettes.
J'ai dit cela avec un air un peu trop désolé, et c'est tellement surjoué que ça en devient troublant. Il l'a remarqué, bien sûr.
- Ah ouais. Tu as oublié de tirer la chasse d'eau alors.
- J'ai une chasse d'eau hyper silencieuse, et on ne l'entend pas de là où tu es.
- Tu apprendras que j'entends tout et je vois tout. C'est la leçon numéro trois, tu vois.
- Je vois.
Et je vois aussi qu'il commence à s'impatienter, ce qui est très mauvais pour moi. Un peu comme avec Cédric Sanchez, sauf que lui est tout de même plus malin et plus perspicace. Ce qui me complique la tâche.
- Je voudrais que tu me dises pourquoi tu as fait une crise d'angoisse, aujourd'hui.
Il se décroche le cou juste pour me regarde droit dans les yeux.
- Je te l'ai déjà dit.
- Inutile de retarder la vérité, je le saurais de toute façon. D'une manière ou d'une autre.
- La vérité sort toujours de la bouche des blondes.
- Hmmm... tu ne confondrais pas avec les enfants ?
- Les enfants sont des sales petits morveux à étriper en cas de besoin. Jamais une once de vérité ne viendrait traverser les parois de leur bouche.
Il fait mine de réfléchir.
- C'est... pas faux. Mais ma petite soeur a toujours dit la vérité. Jusqu'à devenir une balance.
- Tu as une petite soeur ?
- Oui. Mais revenons à ma question de départ je te prie.
Il me sourit niaisement et je pince mes lèvres. Il est vraiment très fort...
- Tu as été voir Sanchez ?
- Peut-être bien que oui, peut-être bien que non...
- Et pourquoi ?
- Tu fais fausse route: je n'ai pas dit que j'étais allée le voir. Et pourquoi voudrais-tu que ce soit le cas, hein ? Ha ha !
Je l'ai piégé ! Mais il n'a pas l'air plus perturbé que ce que je croyais...
- Pourquoi ?
Il est si insistant que je me vois dans l'obligeance de lui mentir à nouveau, alors que je déteste ça.
- Bon, OK j'avoue... je lui ai demandé de me passer les réponses en histoires parce que ma moyenne avait déjà coulée...
- Bien sûr. C'est ça que tu appelles "mentir" ? Moi j'appellerais plutôt ça "se foutre de la gueule du monde". Non ?
- Ha ha, je ris. C'est sûr que tu as beaucoup d'humour, toi.
- Tu as remarqué ? Mais n'essaye pas de me flatter: je reste dans l'objectif de trouver des réponses. Et je peux te promettre que dès demain j'irai questionner Cédric La Chaise.
- Ton jeu de mot est immature. Sur ce, au revoir Adrien Parkinson.
- Whohou. Au revoir Mélina La Larve. Et merci pour le surnom, je m'en rappellerai.
- On me l'a déjà faite celle-là. Bravo pour ton originalité.
Je ferme précipitamment ma fenêtre avant qu'il ne puisse rétorquer quoi que ce soit et je jette sur mon ordinateur. Un message de Léonie s'affiche sur mon écran.
Mélina, tu m'inquiètes grave en ce moment. Je t'invite à la soirée pyj de Cynthia, faut que tu viennes à ce qui parait. C'est une histoire de rupture entre Anthony et Marie !!!
Je lève les yeux au ciel tout en tapotant sur mon écran:
J'ai un truc ce soir.
Ça c'est fait. Puis, après une longue hésitation, je décide d'envoyer un mail à ma mère même si la motivation n'y est pas. J'aurais aimé qu'Adrien soit là pour me pousser de l'avant, comme la dernière fois.
Maman,
OK, je serai libre. Il faudra juste que je marchande avec mon patron pour me faire remplacer au bar. Je préviendrai Baptiste, il sera content de voir que nous nous reparlons.
À Samedi.
Mélina.
Et puis, dans un élan de désespoir absolu, je crée un nouveau blog sans pour autant le publier dans lequel j'écris tout ce qui me passe par la tête;
Les amis, aujourd'hui fut un jour plein révélations, plus étranges les unes que les autres. Tout d'abord, cet Adrien qui n'est qu'un adolescent complètement déjanté et à moitié suicidaire est surement devenu mon meilleur ami. Grâce à lui, je sais que je ne suis plus seule. Et j'ai même repris contact avec ma mère juste parce qu'il me narguait. C'est une sorte de magicien, un humain en voie de disparition. Je ne vais pas jusqu'à dire que c'est l'homme parfait, loin de là mais heureusement. Car la perfection est bien trop ennuyeuse. Et on ne s'ennuie jamais avec lui. Non, vraiment... je crois que je suis tombée amoureuse d'Adrien Anderson.
Mais sans y prendre garde, je clique sur l'icône "publier", et je tente le tout pour le tout afin de le supprimer, mais rien n'y parvient. Je me frappe le front en me répétant que je suis débile, que si jamais il voit ça, je perdrai à tout jamais mon statue sociale que j'aie eu tant de mal à obtenir. Et puis... je me dis aussi que ça n'est pas très grave. Le connaissant, il ne prendra surement pas cela au sérieux. Si je ne lui plais pas... et je l'espère bien. C'est grâce à ces espérances que je décide enfin de fermer mon ordinateur pour lui tourner le dos une bonne fois pour toute.

Ne me laisse pas tomberOù les histoires vivent. Découvrez maintenant