27. Adrien

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Média: Laisse ton sourire changer le monde, mais ne laisse pas le monde changer ton sourire.

Trente-quatrième jour en communauté.

- Hey, l'ami !
J'ai bloqué le passage de ce maudit Cédric La Chaise et il n'a pas l'air franchement heureux de me voir là maintenant. Pour tout vous dire, je me fiche de ce qu'il peut penser: je veux juste avoir cette vérité qui brûlait les lèvres de Mélina.
- Bonjour...
Il tente de me contourner pour s'enfuir mais, ah ah ! Adrien est encore là, malheureusement pour lui.
- Attends voir une minute, tu ne comptes pas partir comme ça, si ? Attends et, je suis poli et tout et toi, tu me contournes ! C'est pas des manières ça, Monsieur La Chaise
Il regarde à droite, puis à gauche toujours avec son air intrigué. Dommage pour lui, aucune échappatoire en vue !
- J'ai un devoir de latin à rendre sur l'architecture rurale des villes romaines et son développement.
- Whouah, passionnant. Est ce que par hasard, tu aurais croisé une fille hier ? Une fille qui t'aurait fait subir un interrogatoire un peu comme moi ?
Il pousse un soupir de désespoir. Bon, d'accord. J'avais raison depuis le début.
- Oh non, pas encore pitié !
- Non non, c'est juste pour savoir. Et est ce que cette fille s'appellerait Mélina ? Je dis ça par pur hasard hein, c'est juste que j'aime bien ce prénom alors...
- Oui oui bien sûr. C'est bizarre parce que justement, elle s'appelait Mélina je crois bien.
- J'en étais sûr ! Et qu'est ce qu'elle t'a demandé ?!
Il me fixe du coin de l'oeil, comme s'il me soupçonnait de quelque chose de monstrueux.
- C'est une sorte de complot, c'est ça ?
- Réponds et je te laisserai tranquille. Je le jure sur ta tête.
Ma blague n'a pas l'air de le faire rire. C'est un intellectuel, c'est pour ça. Cet espèces d'humains n'a jamais vraiment apprécié mes blagues de bon goût.
- OK... elle m'a demandé pourquoi j'ai déménagé en prétextant vouloir me connaitre...
- Quelle petite maligne...
- Et puis je lui ai dit que j'avais déjà habité ici alors elle m'a demandé pourquoi j'ai quitté Calais une première fois.
- NON ??! Et tu lui as dit pourquoi ??!
- Euh... oui...
- Mais t'es qu'un gros nul, toi !! Même pas capable de tenir sa langue celui-là !! Dégage tout de suite de mon chemin sinon je te jure que je vais me déchainer sur toi.
Ma voix est devenue glaciale, et il se pousse de lui-même d'un air interloqué. Je suis passé de la joie à la colère sans prévenir. Les poings serrés, j'avance dans le couloir désert pour arriver devant la porte de la salle où doit se trouver Mélina. Pendant un court instant, j'hésite à entrer. Mais mon mauvais côté reprend le dessus, et je pousse la porte brutalement pour me retrouver devant des rangées de tables avec des lycéens complètement surpris par ma venue un peu précipitée. Ma professeur de philosophie me regarde en se frottant systématiquement les yeux.
- Anderson... que faites-vous ici ?
Je repère Mélina assise au fond de la salle qui doit surement se douter de quelque chose. Elle se cache le visage à l'aide de ses deux mains, ce qui endurcit encore un peu plus ma colère. Je me plante devant elle pour qu'elle me regarde dans les yeux. Elle a découvert mon secret. Qui a t'il de pire à imaginer que cette version de l'histoire ? Elle sait, désormais. Et elle doit me prendre pour un taré, un tueur, un lâche. Tout ça pourquoi ? Parce que cette fille n'arrive pas à se mêler uniquement de ses affaires. Elle est comme Léonie, finalement. Je me suis trompé sur toute la ligne... cette fille ne cherche qu'à sympathiser pour au final me traiter de "fêlé" comme toute les autres. Je me mets à hurler:
- Tu es fière de toi, hein ??!! Tu as trouvé, ça y est !! Tu peux sourire, maintenant. Vas y, éclate-toi et montre que ça t'a fait plaisir de te jouer de moi !!
- Mais enfin Adrien je ne me suis jamais jouée de...
- Oui bien sûr !! Je suis certain que je te fais honte, là maintenant ! Tu es comme les autres, et j'aurais mieux fait de m'abstenir au lieu de penser que tu étais différente, Mélina. Tu sais ce que je pense de toi maintenant ?
Elle se lève de sa chaise d'un coup sec, la faisant grincer, les sourcils haussés au maximum de ses capacités.
- Tu pense que je suis une traitre ? Une fille stupide ? Une grosse conne d'avoir pu croire une seule seconde que je pouvais t'aider, moi aussi, à surmonter ce "secret" ?!! Mais réveille-toi, Anderson !! Tu ne peux pas sauver une fille aussi naïve que moi du suicide sans qu'elle ne s'intéresse à toi juste après !!
En tentant de la faire taire, je la pousse contre le mur, mais je me rends compte que j'y suis allé un peu trop fort. Elle retombe sur son sac dans un bruit épouvantable. Je recule en me frottant nerveusement les mains. Toute la classe est bouche-bée, même la professeur, qui reste là sans rien faire. Mélina se relève sans aucun mal, mais son regard noir me dit tout le contraire.
- Ne m'adresse plus jamais la parole, tu m'entends ?
Sa voix est froide, et je me brise aussitôt comme un vase un peu trop secoué qui aurait explosé sous le dernier choc, le plus gros de tous les temps. Mélina prend son sac et quitte subitement la salle de classe en faisant frapper ses baskets noirs contre le sol.

Ne me laisse pas tomberOù les histoires vivent. Découvrez maintenant