Lettre 3 : A mes parents

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Papa, maman,

C'est difficile pour moi de vous écrire cette lettre, je ne sais pas par où commencer, il y a tant de choses que j'aimerais vous dire et que je ne dis jamais. Le silence s'est installé entre nous il y a des années déjà, quand vous critiquiez mon côté renfermé, quand vous me disputiez pour toujours poster des questions sans intérêt. Et j'ai certes toujours était assez secrète sur ma vie, je me souviens encore de la colère que j'avais piqué en maternelle quand Aksel avait osé vous dire que j'avais embrassé Valentin. 

Seulement maman tu n'as jamais respecté ma vie privée. Tu n'as jamais respecté grand chose chez moi. Tu as toujours critiqué mes notes même quand elles étaient excellentes, tu as toujours critiqué mes goûts même quand j'étais petite fille, tu as toujours critiqué mes amies alors même qu'elles n'ont jamais été des filles à problème, tu as toujours critiqué ma manière d'être et de m'habiller, tu as toujours critiqué mon physique. Comment peux-tu ne pas comprendre que dire à sa petite fille de sept ans que sa chanteuse préféré est nulle la fasse souffrir, que son amoureux est un nain la vexe, que dire à sa fille adolescente que tu préférerais la voir anorexique plutôt qu'avec quelques kilos en trop puisse la détruire, que lui dire qu'elle n'est pas assez belle pour porter ce genre de vêtement ruine toute confiance en elle, que de dire à ta fille de vingt ans qu'elle est une bonne à rien ne mène à rien ? Tu n'as jamais compris pourquoi j'ai toujours préféré papa et encore je n'ai jamais eu le cœur de dire devant toi que je t'aimais pas, mais le fait est que tu m'as humilié, tu m'as briser tout au long de ma vie. Combien de fois sous prétexte de faire le ménage tu as arracher tous les posters de ma chambre ? Combien de fois tu t'es moqué de moi devant tout le monde ? Combien de fois tu m'as critiqué ?  Combien de fois tu as osé fouillé dans mes affaires alors que tu savais pertinemment que je ne supportais pas ça ?

Papa, il fut un temps ou tu me soutenais devant tout ça, où tu disais à ma mère d'arrêter. A une époque j'aimais passer du temps avec toi, t'interroger sur ta journée quand tu rentrais du travail. Mais depuis tout à changer, tu es presque aussi cruelle que maman, tu t'énerves quand je n'oses pas parler, quand je pleure trop facilement. Tu ne m'autorises pas à me plaindre de mon traitement à la maison sous prétexte que je ne fais rien, tu ne m'autorisais pas à me plaindre de mon manque d'amis au lycée parce que c'était de ma faute que je n'étais pas sociable. Tu passes ton temps à me critiquer, me disputer parce que je n'arrive pas à progresser au code, parce que je ne trouve pas de travail, parce que je prends du poids, comme si j'y étais pour quelque chose.

Papa, maman, aujourd'hui et depuis des années je n'ai qu'une envie c'est de quitter notre maison, faire ma vie ailleurs. Avant je vous aurais laissé une place dans ma vie. Aujourd'hui j'ai choisi que je couperais définitivement les ponts. Vous m'avez détruite, fait de moi cette chose que vous critiquez sans arrêt, vous m'avez abandonner quand j'étais au plus mal sous prétexte que je ne disais rien. Mais tous les autres n'avaient pas besoin que je parle pour voir que j'allais mal et vous en faire la réflexion, tous ces docteurs n'avaient pas besoin que je parle pour vous dire que j'avais besoin de consulter, tous mes camarades de classes, même ceux que je détestais, n'avaient pas besoin que je parle pour comprendre que je ne me sentais pas bien. Et vous, qui vivez avec moi, qui entendez mes crises de larmes la nuit tant le mur qui sépare nos chambres n'isole rien, qui voyait très bien que j'avais des plaies aux poignets les mêmes jours où je cassais comme par hasard un verre, qui savez que je restais au lit quand tous mes amies sortaient, vous vous n'avez rien fait.

Alors c'est horrible à dire mais je vous hait. A cause de vous je n'ai pas de parents digne de ce nom, je n'ai plus de noël, je ne peux plus me regarder dans une glace et je suis incapable d'être heureuse. Mais bien sûr vous prétendez que c'est pour mon bien, ou que vous n'avez rien à voir avec tout ça, que c'est moi qui suis faible.

Eh bien je suis peut-être faible, mais je serais assez forte pour vous rayer de ma vie.


30 lettresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant