Mamie et pépé,
J'étais très jeune quand vous nous avez quittés, tellement jeune que j'ai bien peu de souvenir de vous et je le regrette. Je le regrette car vous êtes les seuls vrais grands-parents que je n'aurais jamais, je le regrette car quand j'entends mes cousins, mes parents ou mes tantes parler de vous je me rends compte que vous étiez des personnes formidables.
Mamie je tiens à m'excuser. Je ne t'ai jamais connu autrement que malade et alité, je pensais même qu'il était tout à fait normal que les vieilles personnes fassent régulièrement des séjours à l'hôpital. Mais à cause de ça je ne me suis jamais vraiment attaché à toi, je n'ai jamais pris le temps de m'intéresser à toi, sans doute avais-je deviné déjà au fond de moi que tu nous quitterais bientôt. Et quand j'ai appris ta mort, le jour de la messe en ton honneur, je n'ai pas versé une seule larme, je ne me sentais même pas triste, pour moi tout ça c'était naturelle. Aujourd'hui avec le recul je regrette. Parce que à cause de ça je n'ai jamais vraiment connu ma mamie, et peut-être parce que ça t'as fait de la peine, toi qui n'avais pas besoin de ça.
Pépé, je t'ai connu quelques années de plus, je t'ai connu en bonne santé, et surtout je t'adorais étant petite et pourtant j'ai gardé encore moins de souvenir de toi. Je me souviens des bonbons qu'on mangeait chez toi, de ta chienne Tina que j'adorais, je me souviens de la veille de ta mort, attendant à l'hôpital, me demandant pourquoi est-ce qu'on ne rentrait pas à la maison, mais je n'ai aucun souvenir de toi. Pourtant quand la dernière fois tata a ressorti ses vieilles cassettes, que je t'ai vu, que j'ai entendu ta voix, ça m'a frappé, c'est comme si tu ne m'avais jamais quitté, comme si tu avais toujours été là. Je n'ai aucun souvenir de toi, mais tu es toujours là. Pourtant je ne peux cesser de m'en vouloir, de ne pas t'avoir pleuré une seule seconde, de ne pas me rappeler quoi que ce soit et de me demander pourquoi je t'adorais tellement. On ne devrait pas se poser ce genre de question envers les gens de sa famille mais moi oui.
J'aimerais pouvoir retourner le temps, vous connaître autrement que par ce que j'entends sur vous. Je ne cesse de me demander si là où vous êtes-vous veiller sur moi, votre petite fille que vous avez si peu connu et si oui, si vous êtes fière ou déçue. J'espère que c'est plutôt la première option mais ça je ne pourrais jamais le deviner.
A
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30 lettres
De TodoUn jour, une lettre, un destinataire. Merci à Cover27 pour la couverture.