Dream Remembers (En cours d'impression par Editeur)

Chapitre 22

    John cru s'être endormi depuis une heure à peine, lorsqu'un cri survint dans la chambre plongée dans un noir soudain menaçant.

– Cassie ! s'exclama-t-il. Il s'élança sur le lit cher- chant à la faire revenir à la réalité, mais si seulement il savait...

Dans son esprit, surgit à nouveau ce rêve dans une terreur sans fin. Elle tremble tant elle n'a aucune maîtrise sur cela. Le rêve lui semble humide et froid comme de l'eau, non, comme un océan tout entier. Affaiblie par la fatigue des nuits courtes, elle craint qu'il n'y ait pas de fin. Ce rêve ne fait pourtant que revenir, il revient uniquement lors de moments propices, tel un loup en chasse. C'est si douloureux et choquant d'avoir si peu d'impact sur l'action de son propre corps, de sa propre pensée. Alors oui, Cassie se laisse balancer de part et d'autre dans ce rêve tel un voilier lors d'une tempête en mer. Soudain la lettre « O » lui parvient dans une dernière secousse, c'est à ce moment-là qu'elle ne put respirer comme noyée par des vagues trop hautes.

Quand elle inspira une grande bouffée d'air et qu'elle reprit ses esprits, elle articula difficilement :

– C'est bon John, je vais bien.

– Cassie ? Mais tu as crié si fort, et tu pleures ? demanda son ami sous le choc.

Si seulement il avait eu connaissance des terreurs nocturnes de son amie, il aurait mieux compris et su agir se dit-il. Pourtant, il est vrai que depuis quelques temps elle s'endort en cours, la tête dans les bras, et rentre directement à la maison sans passer prendre quelque chose à manger avec ses amis à la cafétéria du lycée. Les faits sont là, et John vient juste de comprendre. Quelle erreur. Même si sa vie est compli-quée en ce moment il n'a aucune excuse valable.

– Mais c'est horrible ! s'exclama-t-il lorsque Cassie eut finit son récit, lui apprenant la durée réelle du problème qui a débuté en septembre. Dis-moi, c'est quoi ce cauchemar ?

– Je n'en sais rien. Parlons d'autre chose s'il te plaît. Cassie vient tout juste de reprendre un souffle normal, de remonter à la surface, et elle n'a aucune envie d'en reparler. Les larmes ont suffisamment coulé.

John s'exécuta malgré une prise de conscience brutale. Il parla à Cassie comme il l'a toujours fait, tel un confident, un meilleur ami. La nuit fut courte, mais le dialogue enrichissant apporta beaucoup. Leur amitié vient à nouveau d'évoluer, de passer un cap.

En un an, ils n'ont pas cessé d'apprendre à se connaître, chaque jour est une opportunité d'en apprendre encore un peu plus sur l'autre et c'est cela qu'apprécie Cassie. Jamais l'un deux ne s'est entière- ment dévoilé à l'autre dès leur première rencontre. Ne laissant ainsi pas leur passé les rapprocher au dépend de leur future amitié.

Le lendemain matin à neuf heures, ils retrouvèrent la jolie Drew affichant son plus beau sourire à ses deux meilleurs amis.

– Salut vous deux, dit Drew tout en les observant de la tête aux pieds. Je vois qu'il n'y a aucune trace de bagarre dis donc un miracle ! Bien dormi ?

– Pas assez, mais ça va, on va tenir la journée ! répond d'abord John.

– Pitié faites qu'il ne reste pas trop longtemps chez moi, ce mec est pire qu'une pipelette quand il s'agit de discuter, plaisanta Cassie. Drew éclata de rire. Elle a un rire très communicatif. John se résigna à seulement mettre son bras autour du cou de son amie afin de la faire basculer en arrière.

Arrivé en cours de physique-chimie, on demanda à enfiler les blouses blanches et de suivre correctement le protocole de manipulation. Malheureusement, l'heure est à la plaisanterie pour John qui renversa un bécher contenant du sirop de cassis et de l'huile sur toute sa paillasse. Le professeur l'envoya chercher de quoi nettoyer, tout en laissant dans une euphorie totale ses deux amies.

Ce cours se passe habituellement dans la bonne humeur, quand on prend en compte que c'est l'un des rares cours où les trois amis sont réunis, et qu'ils n'y comprennent pas grand-chose tous on comprend pourquoi. Parfois Drew est brillante et arrive à déchiffrer les paroles chinoises du professeur, mais à peine explique-t-elle à sa voisine, que le professeur a déjà changé de sujet et remet tout en doute dans sa tête. Il vaut mieux en rire et c'est ce que tous font. Parfois il arrive même au pro- fesseur de les accompagner dans leur euphorie.

Dommage pour Cassie, le plaisir fût de courte durée. Un surveillant vint dans sa classe pour lui remettre un papier avec inscrit : « Heure : 16h Lieu : Bureau proviseure Mme Widson». Ses amis cherchèrent désespérément la raison de cette convocation.

– Bon et bien à demain Cassie, et bon courage ! Annonça Drew inquiète pour son amie.

– Allez ne te fais pas de souci, ça doit pas être grand-chose. Un élève t'a trouvée tellement belle dans le couloir qu'il en a immédiatement averti Mm Widson taquina John avec ce même rictus habituel au niveau de sa joue. Je t'at- tends là, regarde. Il désigna le banc collé au mur du bureau.

– Oui, bien sûr ça doit être ça, répondit Cassie muette depuis l'arrivée du mot en cours.

Elle toqua à la porte trois coups avec énergie puis se résigna à reculer un peu. On lui dit d'entrer au bout de quelques secondes. Quand elle ouvre la porte, elle croise le regard du proviseur au téléphone. Savoir qu'elle a d'autres préoccupations sûrement plus importantes l'aide à se détendre. De plus, sa mère n'est pas présente dans le bureau, un autre signe que ce n'est pas si grave.

– Oui Georges, je suis obligée de te laisser, j'ai une élève avec moi. On n'en rediscutera ce soir tu veux bien ? Très bien, à toute à l'heure. Bye.

A priori Georges est son mari. Cela étonne Cassie qu'elle ose se faire entendre au télé- phone face à une élève, pour raison familiale plutôt que professionnelles. Cassie a une image très stéréotypée des proviseurs, pour elle, ce sont des personnes très professionnelles. La gestion de l'ensemble du lycée est leur priorité, aussi bien côté enseignants, administratifs, qu'élèves. Certains semblent tout de même avoir une vie personnelle plutôt prenante à côté, une vie qui les préoccupe et qui prend parfois un peu d'espace dans leur vie professionnelle.

– Bonjour, Cassie Hullans c'est bien ça ? Cassie hocha la tête pour confirmer puis, s'assied sur l'une des chaises face au bureau. C'est la deuxième fois qu'elle met les pieds ici, la première étant à son arrivée il y a un an à Manchester. Rien ne semble avoir changé. Les meubles sont toujours aussi vieux malgré les nombreux changements effectués dans l'enceinte de l'établissement.

La proviseure saisit un dossier sur la pile de son bureau et débuta :

– Il semble que tes professeurs remarquent, elle hésite puis reprit, un certain manque de travail de ta part. Tu ne participes qu'occasionnellement en cours et tu t'endors même parfois. Puis elle ouvrit son cahier, et y lis « Cassie semble ne plus montrer d'intérêt aux cours, comme nous montre ses petites siestes » ou encore « la tête posée sur ses bras sur le bureau, ne semble pas une bonne méthode pour progresser ». Voilà ce qui risque de voir inscrit Cassie et ses parents sur son deuxième bulletin de l'année.

« Oups » pensa Cassie. Ils l'ont remarqué. Elle releva tout de même l'humour employé par ses professeurs.

– Je suppose que ce sont les appréciations du second trimestre ? demanda-t-elle sans garder cette question dans sa tête. Elle connait déjà la réponse, mais souhaite avoir confirmation, comme pour se confronter à la triste réalité des faits.

– Oui, as-tu une explication ? Je t'écoute.

Cassie ne sait quoi dire, quoi faire. Faut-il répondre calmement avec recul, pour tout simplement avouer que les appréciations correspondent bien à la réalité, qu'en effet elle décroche ? Non, cela ne doit pas se passer comme ainsi. Elle a travaillé bien trop dur pour qu'on lui mette des appréciations aussi mauvaises. Elle n'a pas fini de se battre pour ses études. Alors faut-il qu'au contraire, elle montre son inquiétude face à ce que pensent ses professeurs ? Peut-être qu'une voix et un regard empli de détermination et d'énergie suffiront à ne pas se faire classer dans les cas désespérés ? Avant, elle aurait agi ainsi, maintenant c'est différent. Finalement ce rendez-vous ne la surprend pas, il faut se rendre à l'évidence elle ne contrôle plus rien depuis l'arrivée de ce rêve dans sa vie.