Chapitre 29

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Cassie compris par le biais des conversations des infirmières qu'elle est à l'hôpital depuis trois jours. Elle s'étonna d'avoir dormi autant. Cela en fait des cours à rattraper. Mais est-ce que cela a encore une quelconque importance ? Durant cette année, toute une manigance s'est menée derrière son dos. Les agissements de Drew et John n'ont plus rien de surprenant à ses yeux. Tout a un lien. Elle comprend l'origine de ses conversations semi-codées entre John et Drew. De la façon dont ils parlaient elle ne pouvait rien comprendre, et cela leur suffisait pour en discuter en face d'elle.

En fin d'après-midi, le médecin vint la voir pour lui dire qu'elle restera encore deux nuits en observation et fera des examens complémentaires. Cela ne l'embête pas, il faut bien vérifier que tout va bien. Cassie n'a pas de nouvelle de ses parents, mais cela l'importe peu. Ce qu'elle souhaite c'est être avec ses amis. Eux, qui ont tenté de trouver une solution plus avantageuse pour elle dans tout ça. Eux, qui ont tenté mainte fois de lui dévoiler la vérité sans que les bons mots ne parviennent à la leurs lèvres.

Ce soir-là, avant de s'endormir, elle saisit sur sa table de chevet ses crayons de dessin et son carnet. Un de ses deux parents avait pensé à les lui apporter. L'art, cette passion si essentielle à Cassie. Après tout la seule chose, qu'on ne lui avait pas ôter et sur laquelle elle peut encore se replier. Elle se souvient enfin de la magnifique rose qu'elle avait exposée l'année dernière, la première œuvre qu'elle vendit. Fatiguée, elle mit son dessin de côté. Il représente des yeux, l'iris bleu, les cils du haut noircis, le regard droit et fixe. Aucune émotion ne semble y passer, mais cela changea quand Cassie décida d'humidifier son pinceau et de faire couler les multiples couleurs disposées autour de l'œil. Désormais un dégradé de bleu, ainsi que du rose – virant au violet lorsqu'il se mélangea par endroit au bleu – permettaient d'avoir un œil plus grand et expressif. Les yeux ne disent rien, tandis que leurs contours en donnent tous leur sens, toute leur souffrance. Les yeux semblent alors détachés du reste, incapable de réagir, pris au piège. Voulant tout dévoiler mais à la fois tout cacher, sans pour autant pouvoir faire grand-chose.

Le lendemain, Cassie demanda à ce qu'on lui apporte son sac de cours et une tenue pour l'école. Elle souhaite si rendre directement après sa dernière nuit à l'hôpital. Elle ne sait absolument pas comment réagir face à ces deux amis. Pour ses parents cela est différent, elle ne dit rien, car n'ayant pas toutes les cartes en mains, elle attend des explications de leur part. C'est alors que la porte s'ouvrit, et dans un même temps la flamboyante Drew prononça :

– Qu'est-ce que tu m'as manquée ma belle !

– Alors le premier malaise ne t'as pas suffit, com- pléta John en clignant un œil, et dévoilant une masse de ballon qu'il tient à l'aide d'une ficelle.

– Hey vous deux ! débuta-t-elle. Alors qu'est-ce que j'ai manqué ? Il n'en fallut pas plus pour que Drew déballe l'ensemble de ragots courant dans le lycée. Cassie ne s'intéresse pas vraiment à ces choses-là, mais bon c'est la seule solution qu'elle ait trouvé afin de débuter la discussion de manière calme. Malheureu-sement, l'un d'eux concerne Cassie.

– Bon et ne t'inquiète pas mais les gens disent qu'entre tes déplacements à l'infirmerie, et tes malaises tu es atteinte d'une maladie rare que tu as attrapée lors de ton grand voyage itinérant cette été. Qu'est- ce que tu veux, ils ne savent plus quoi inventer ! Cassie et Drew explosèrent de rire. John lui, a le regard au loin, il semble anxieux. La fenêtre est pour lui une échappatoire à la situation qui va suivre. Cassie remarqua son absence dans la conversation et dirigea son regard presque accusateur sur lui. Celui-ci le senti et se retourna :

– Cassie... Je ne...

– Tais-toi John ça ne sert plus à rien. J'ai tout compris. C'est alors que Drew se leva brusquement du lit de Cassie pour se positionner en face d'elle. Il était hors de question que John paie pour leurs erreurs à tous les deux.

– Non Cassie, écoute-nous, on ne pouvait rien te dire, je t'assure. On nous a fait jurer que jusqu'à la fin du processus on ne ferait rien. Rien, insista Drew.

– Mais comment avez-vous-pu ? Un mensonge aussi gros ! Vous m'avez privée d'une année entière de souvenirs, et pas n'importe laquelle, ma première année ici ! Après mon déménagement, la mort de ma grand-mère et la disparition de mon grand-père! Je n'ai plus que ça qui tourne en boucle dans ma tête! Les larmes coulèrent le long de son visage, elle se tient la tête et effectue des mouvements en avant et en arrière. Cette histoire avait fin par la rendre folle. Qui est ce qui vous a dit de me faire aussi mal ?

– C'est toi, annonça John le regard au sol.

– Non, non, non prononça Cassie en accentuant son mouvement. Elle est responsable de cet horrible mensonge. Qui d'autres ?

– Tes parents, répondit Drew.

– Parle-moi de lui, je t'en prie... supplia Cassie en avançant ses bras vers son amie Drew.

– D'accord, comme tu veux Cass'.

C'est alors qu'elle déballa cette partie de l'histoire qui tient tant à être tenue secrète, l'origine même de cette situation. Tout débuta en septembre dernier, Cassie était alors la petite nouvelle, une étrangère en plus. Elle était le centre de toutes les discutions, de tous les regards. Mais elle fut aussi l'objet désiré d'un garçon, celui-ci s'appelait Théo. Bien que John et Drew la prirent rapidement sous leurs ailes, elle tomba entre ses bras. Leur histoire fut tellement passionnelle que finalement tout le monde adopta ce jeune homme d'apparence simple et décontractée. Cassie trouva en lui un nouvel équilibre, quelqu'un sur qui elle pouvait compter. Etant dans sa classe, il fit rapidement parti de leur groupe, d'où l'erreur de Drew lorsqu'elle aborda l'épidémie de grippe. C'était bien lui la quatrième personne qui suivait les cours, parlait et riait avec eux. À partir du moment où Théo entra dans sa vie, la petite française cessa d'être le sens des attentions. Elle avait trouvé sa place, trouvé ses amis, et son âme-sœur, rien de plus normal.

– Ça aurait été parfait si cela avait continué comme ça... continua Drew soudain mélancolique. Du jour au lendemain il changea, c'était plus la même personne. Je ne sais pas ce qu'il lui a pris, per- sonne n'a rien compris, toi y compris. Tu as essayé de le ramener, de lui rappeler qui il était jusqu'au jour où il a cessé de t'écouter. Ton amour, votre amour se reprit Drew, n'étais plus assez important à ses yeux. Alors il a arrêté de venir au lycée, il est même parti de chez lui. On dit qu'il est parti vivre chez son père, et qu'il tente de retrouver une espèce de paix intérieure. Je ne sais pas ce qu'il attendait de toi, mais Cassie crois-moi quand je te dis que tu as tout tenté pour le ramener, tu l'as fait jusqu'à te mettre toi-même en danger.

Durant le discours de Drew, les larmes coulèrent en grand nombre sur le visage de Cassie. Celle-ci semble dans son pire état. Elle entendit la pensée de Drew qui l'observe les yeux également emplis de larmes « je suis désolée ». C'est alors que John s'avança vers sa grande brune. Il ne reconnait plus son regard, ses yeux chocolat sont désormais noirs et emplis de souffrance.

Aucune lueur n'en sort. Le discours n'a pas été facile à entendre pour lui. Mais vous les comprendriez si vous avez vécu ce qu'eux ont vécu l'année dernière. Voir son amie du jour au lendemain, se perdre, ça marque.

– Le souvenir que tu as, quand tu me l'as décrit chez toi, je m'en souviens aussi. C'était au mois de mai. C'est ici que votre histoire a commencé et c'est aussi là qu'on l'a vue pour la dernière fois dans son état normal. Le soleil commençait a pointer le bout de son nez, tout le monde était dehors sur la pelouse, on y a passé de merveilleux moments, dit-il la gorge nouée et le regard dans le vide. S'en suit une grande période noire, durant des mois tu n'as plus prononcé un mot, et tu faisais des trucs avec ta magie. Tu ne contrôlais plus rien, et ça devenait dangereux pour ton entourage et pour toi. Alors ta mère, tes parents ont décidé d'avancer les vacances et de t'emmener en Europe. La sensation de bien-être et les souvenirs que tu as de ce voyage sont complètement faux. Là- bas, vous avez tenté de connaître l'origine de ce phénomène. C'était Théo.

– Tes parents nous ont appelé un soir, d'abord Drew puis moi, tu avais pris la décision d'effacer tes souvenirs, finit par dire John. Tu ne voulais plus vivre comme ça, termina Drew qui se précipita dans les bras de son amie pour lui prouver son soutient inébranlable. 

Dream Remembers (En cours d'impression par Editeur)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant