Un amour éternel

Prologue

Il y avait trois semaines qu'une jeune femme blonde de presque vingt-cinq ans avait débarqué dans la ville de Storybrooke. Belle, mystérieuse car solitaire, voire timide, elle était toujours le principal sujet de conversation de cette petite localité du Maine.

Elle se prénommait « Emma ». Nul n'aurait pu, en dehors de sa patronne et de sa logeuse, se vanter de connaître son patronyme. Elle portait pourtant bien son nom de famille, « Swan », qui signifiait « cygne » dans la langue anglaise : elle en avait la beauté lumineuse, avec cette sorte de tristesse qui faisait que l'on ne pouvait oublier son visage.

Depuis son arrivée, elle travaillait comme serveuse dans un restaurant. Sa collègue, Ruby, l'avait bien formée. Vêtue d'un jean et d'un tee-shirt proclamant Chez Granny, la jeune femme blonde se déplaçait entre les tables, comme si ce métier avait toujours été le sien, ses longs cheveux ondulants sur ses épaules.

Peu à peu, imperceptiblement, elle se détachait d'un sombre passé et de douloureux souvenirs.

Orpheline, elle avait grandi sans famille, ne comprenant pas pourquoi ses parents l'avaient abandonnée à la naissance. Elle était passée d'un lieu à un autre jusqu'à ses seize ans, moment où elle s'était enfuie d'une énième famille d'accueil afin d'échapper à de nouvelles maltraitances, chaque jour plus violentes. Marco, un vieil ébéniste, l'avait alors accueillie comme apprentie. Elle avait rencontré, presque deux ans plus tard, un charmant jeune homme, Neal.

Coupant court à sa mélancolie pour débarrasser la table d'un client, elle retourna en cuisine chercher les commandes de quatre hommes. Le plus proche lui lança un sourire mais celui qu'elle lui retourna n'était que professionnel. Après avoir récupéré une carafe de thé glacé, elle emplit de nouveau les verres des quatre compères.

Dans cette ville de Storybrooke vivait également Regina Mills, une jeune femme brune de presque trente ans. Veuve, son univers affectif tournait autour de ses deux enfants, Henry et Alice. Daniel, son mari, avait été emporté par un cancer quelques années auparavant. Il venait de passer la trentaine.

Juste après le décès de celui-ci, elle avait renoncé à une brillante carrière militaire pour reprendre l'épicerie familiale, Chez Ivan. Le nom venait du père de Daniel, décédé une vingtaine d'années plus tôt. Le commerce lui avait appartenu avant que son fils n'en héritât et n'en prît la relève.

Petit à petit, la jeune mère avait retrouvé le goût de la vie, incitant Henri et Alice à faire de même. Malgré les épreuves, elle croyait encore à l'amour, espérant trouver une personne qui l'aimerait, elle et ses deux enfants, lui permettant ainsi d'oublier enfin son passé.

En cette fin d'avril, les températures étaient douces, avec un ciel azur sur tout l'horizon. Cette même nuance bleue se reflétait dans l'ensemble de Storybrooke. Un temps parfait pour refaire sa vie et oublier les démons du passé.