Chapitre 4

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Emma avait nettoyé dans l'évier le reste de vaisselle, puis l'avait rangé dans les placards. Mais ces gestes étaient trop familiers : l'espace d'un instant, ils la replongèrent dans son passé, faisant ressurgir dans son esprit les vieux démons qu'elle tentait pourtant d'abandonner.

Ses mains se mirent à trembler violemment. Elle prit quelques respirations pour se calmer. Avant, elle en aurait été incapable. Elle se réjouit de la quasi-disparition de ses crises d'angoisse : cela voulait dire qu'elle commençait à se sentir à l'aise. Curieusement, cela l'effrayait.

Quoi qu'il en soit, Emma était contente d'avoir atterri dans cette ville. Storybrooke était une petite localité. Elle en admirait les arbres, la forêt. Elle se sentait en sécurité avec toute cette tranquillité. En secret, elle se disait : « Je suis enfin chez moi. »

Par bien des côtés cependant, c'était une jeune femme brisée.

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Dans ce même village, une belle jeune femme de presque trente ans, cheveux bruns et mi-longs, du nom de Regina Mills, avait eu une vie à peine plus paisible. Dans sa vingtaine, elle avait été major dans le secteur militaire. En revenant dans sa ville natale de Storybrooke, elle avait rencontré Daniel, qui devint son époux et avec qui elle eut deux enfants.

Elle hésitait entre poursuivre l'armée ou la quitter pour rejoindre la police lorsque son mari tomba gravement malade. Il mourut peu de temps après. Elle prit sa suite dans l'affaire familiale, bien que la vie à la dure lui manquât.

Elle était donc maintenant propriétaire d'une épicerie-bazar, comme à l'ancienne.

Sa maison se trouvait au coin de la rue, proche de son magasin. Certes, Regina n'avait jamais pensé à faire ce genre de métier mais elle avait pris la bonne décision : cela lui permettait de garder un œil sur ses deux enfants, Henry et Alice.

Henry avait huit ans, les cheveux bruns et les yeux verts. L'école ne lui avait pas vraiment permis d'oublier la mort de son père : il lui avait fallu longtemps pour faire son deuil.

Alice avait cinq ans, les cheveux roux et les yeux verts. Elle était très bavarde et très éveillée pour son âge. Elle avait à peine connu son père puisqu'elle n'avait que deux ans lorsqu'il était mort.

Elle donnait de temps en temps un coup de main à sa mère au magasin. Regina trouvait toujours étonnant la tête des gens qui venaient faire leurs courses et que la petite Alice servait.

La jeune femme brune devait admettre que s'occuper du magasin et de ses deux enfants était épuisant. Elle devait préparer le déjeuner d'Henry, le déposer à l'école, passer des commandes aux fournisseurs, servir les clients. Malgré cela, elle faisait de son mieux pour être présente pour ses enfants. Elle aidait Henry à faire ses devoirs, s'occupait d'Alice tout en gérant son commerce, les emmenait à la plage ou en forêt, leur préparait de délicieux petits plats, trouvant encore le temps de ranger derrière eux. Ses journées se passaient toujours ainsi, bien qu'à présent, elle fût seule à accomplir ces tâches.

Elle le faisait pourtant avec le sourire parce qu'elle aimait ses enfants plus que tout. Ses enfants si jeunes à la mort de leur père.

Au début, tous trois avaient suivi une thérapie familiale après la mort d'un être cher. Mais dorénavant, ils faisaient face à tout cela.

Par bien des côtés cependant, c'était une famille au cœur brisé.


Un amour éternelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant