Les jours suivants se déroulèrent sans qu'aucun événement ne vienne les troubler, ce qui les fit paraître encore plus longs aux yeux de la jeune veuve. Elle n'avait pas reparlé à la serveuse depuis le samedi soir, lorsqu'après la plage elles s'étaient quittées. Rien d'étonnant en l'occurrence, puisque la commerçante savait que la jeune femme travaillait beaucoup cette semaine. Cela ne l'empêcha pas, cependant, de sortir plus d'une fois de son magasin afin de scruter la rue, vaguement déçue de ne pas y voir la barmaid.
Regina n'imagina pas, toutefois, qu'elle avait ébloui Emma au point que cette dernière ne puisse résister à l'envie de passer à l'épicerie. La négociante s'étonnait, pourtant, de son enthousiasme quasi adolescent à la perspective de revoir la timide blonde, même si celle-ci n'éprouvait sans doute pas de semblables sentiments. La brune revoyait sur la plage les longues boucles dorées flottant dans la brise, le visage aux traits délicats, les yeux qui semblaient sans cesse changer de couleur. La serveuse, à mesure que la journée s'était écoulée, avait fini par se détendre, comme si cette sortie à la mer avait plus ou moins entamé sa résistance. Car il y avait en elle une résistance, une barrière que la jeune femme mettait entre elle et les autres, une barrière que la veuve ressentait et qu'elle respectait, bien qu'elle ne s'expliquât pas vraiment pourquoi cette protection était nécessaire à la barmaid. Elle faisait, certes, des suppositions, des suppositions basées sur son expérience dans l'armée, basées sur les récits de certaines recrues qu'elle avait aidées.
C'était pourquoi la jeune femme aux cheveux d'ébène s'interrogeait autant sur l'histoire personnelle de la serveuse, que sur les choses légères qu'elle ignorait à son sujet. Elle tentait, par exemple, d'imaginer le genre de musique que celle-ci aimait, ce qui occupait ses pensées le matin au réveil, si elle dormait sur le dos ou sur le côté, si elle avait une préférence pour les bains ou les douches. Plus la commerçante y songeait, plus cela aiguisait sa curiosité, telle une douce obsession. Elle souhaitait gagner la confiance de la si discrète blonde à propos de tout, de son passé en particulier, dont elle était certaine qu'il lui permettrait de comprendre toutes ces barrières que la jeune femme à la chevelure d'or plaçait autour d'elle, car il y avait en Regina un profond désir de la protéger.
Le jeudi, l'ancienne militaire envisagea de faire un saut chez la barmaid. Elle en avait envie. Elle alla jusqu'à prendre ses clés de voiture. Avant de se raviser, ignorant de ce qu'elle pourrait dire une fois sur place, ignorant ce que serait la réaction de la blonde. Cette dernière sourirait-elle ? Inviterait-elle la brune à entrer ? À moins qu'elle ne ressente la visite comme une agression ? « Tout cela est bien compliqué, pensa la veuve. Emma demeure une énigme. Il y a trop de blessures en elle. Je dois la laisser faire le mouvement suivant car ne pas la forcer est le seul moyen d'obtenir sa confiance. Je ne veux pas qu'elle se sente mal à l'aise avec moi. Au contraire. »
La serveuse, de son côté, admit bientôt que le vélo était une vraie bénédiction. Il lui offrait une liberté dont elle ne soupçonnait pas l'existence. Elle pouvait notamment, les jours où elle travaillait midi et soir, rentrer entre les deux services plus rapidement chez elle, ce qui lui permettait de se reposer. Elle ne se privait plus, de sus, d'explorer la ville. Elle put ainsi se rendre plus souvent à la bibliothèque, où elle flânait des heures entières dans les rayons, avant de choisir un livre.
Le jeudi, alors qu'elle lisait, Emma se surprit songeant à Regina, réalisant soudainement que ce n'était pas la première fois. Elle avait pensé, lorsque celle-ci lui avait offert la bicyclette, que la veuve, malgré ses convaincantes explications, voulait l'acheter, l'emprisonner. Elle réalisait depuis toute la liberté qu'autorisait le deux-roues. Aussi comprenait-elle que la commerçante avait non seulement fait preuve de générosité et de gentillesse, mais qu'elle lui avait également donné un moyen de s'épanouir. Que l'ancienne militaire accorde à l'orpheline un moyen d'être libre, de mieux devenir, et ce sans rien exiger en retour, ne cessait de troubler la jeune femme blonde. Seules deux autres personnes lui avaient offert la même possibilité, et l'une d'elles était morte. Le fait était que la barmaid ne savait pas ce qu'elle devait penser de ce comportement que la négociante avait eu vis-à-vis d'elle. Ce qui la perturbait au plus haut point, d'autant plus que la journée à la plage n'avait rien arrangé, la perturbant encore plus, même si elle se refusait à se l'avouer.
VOUS LISEZ
Un amour éternel
FanficEmma rencontre Regina Mills, mères de 2 enfants, Henry et Alice, et veuve. Emma va-t-elle céder au doute ou admettre que l'amour est souvent la meilleure chance d'échapper au passé s'ombre. Pas de magie