Chapitre 13

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Les journées de Neal Cassidy suivaient une routine identique. Il travaillait, interrogeait des témoins, puis rentrait chez lui. Il avait un boulot stressant, souhaitant uniquement se détendre lorsqu'il en avait fini. Dès qu'il arrivait dans sa maison, son besoin de boire reprenait le dessus. Son besoin de boire, son besoin de baiser, son besoin d'enfoncer sa queue dans le sexe d'Emma jusqu'à ce qu'il jouisse, jusqu'à ce qu'il soit, enfin, détendu. Il avait besoin d'Emma. Il avait besoin d'elle car elle seule savait l'apaiser. Il avait essayé d'autres femmes, mais seule Emma pouvait le calmer, pouvait lui faire oublier les affres de son métier, un métier dont il était si fier. Un métier qui faisait de lui un héros.

Il avait besoin d'Emma. Pourtant, il avait vraiment sauté des tas d'autres femmes, — car en réalité, les femmes n'étaient là que pour servir les hommes —. Mais toutes s'étaient enfuies après la première nuit, refusant de le revoir. Aussi, lorsqu'il avait rencontré Emma au cours d'une de ses enquêtes, une femme véritablement splendide, — d'ailleurs, il n'en avait jamais vu d'aussi belle, les femmes acceptant de partager sa couche étant plutôt vulgaires —, il avait décidé qu'elle lui appartiendrait définitivement, fantasmant déjà sur ce qu'il lui ferait. Il avait compris en l'observant, savourant l'érection soudaine qui l'avait envahi, que s'il voulait la mettre dans son lit, il lui faudrait agir différemment. Car il ne voulait pas la baiser juste une seule fois, il voulait la baiser des tas d'autres fois.

Jamais, en effet, une femme n'avait déclenché chez lui une telle érection, jamais alors qu'il se contentait simplement de la regarder. Il avait interprété cette érection comme un signe, un signe que cette femme devait lui appartenir le plus rapidement possible. Son pénis, tandis qu'il s'imaginait la posséder totalement, avait immédiatement répondu, ce pénis long et épais dont il était si fier. Il avait éjaculé soudainement, sidéré d'avoir ainsi perdu le contrôle, profondément désarçonné par cette réaction physique inattendue.

À peiné était-il rentré au commissariat qu'il avait lancé une recherche sur la blonde. Elle n'avait aucun casier judiciaire, ce qui lui était apparu de bon augure, bien qu'il en fût étonné. Il avait, en effet, remarqué en elle une certaine fragilité, un désespoir profond, dont il avait cru, à tort, que c'était parce qu'elle avait déjà eu à faire à la police. Il avait donc décidé d'utiliser cette faiblesse et avait monté son plan d'action, un peu contrarié cependant, de n'avoir obtenu aucune information sur elle.

Le lendemain, dans le cadre de son suivi d'enquête, il lui avait annoncé qu'elle risquait d'être accusée de complicité parce qu'en tant que témoin, elle avait tardé à appeler la police, s'assurant d'abord de la santé de son patron en appelant une ambulance et en accompagnant ce dernier à l'hôpital, où celui-ci avait dû d'ailleurs rester quelques jours. C'était un mensonge, bien sûr, mais comme elle n'avait jamais eu à faire aux flics, il lui avait été facile de l'emberlificoter. Il était revenu le surlendemain, disant qu'il avait tout arrangé. Il lui avait ensuite proposé de boire un verre, bien qu'en réalité la loi ne l'autorisât pas à fraterniser avec un témoin. Il avait lu dans ses yeux qu'elle n'osait refuser, convaincue de lui être redevable.

Les choses ensuite n'avaient guère été faciles : cela lui avait demandé presqu'une année, ainsi qu'un immense gaspillage d'argent et de temps. Il lui avait dû lui emmener des fleurs, avait dû l'inviter à quelques reprises, lui faire des cadeaux, bref, toutes ces conneries que les femmes adorent, c'était en tous cas l'opinion de ses collègues. Il avait donc joué le gentil flic, un rôle dont il avait l'habitude parce qu'il avait l'air si avenant.

Le plus curieux était que cette femme avait fini par l'obséder. Il se levait le matin en pensant à elle, le sexe en érection. Malheureusement, elle se refusait à lui constamment, y compris pour un simple baiser. Et plus elle se refusait, plus elle l'obsédait. Elle envahissait toutes ses pensées, y compris ses rêves et il avait l'impression de la voir à chaque coin de rue. Il rentrait alors chez lui dans une colère folle, imaginant tout ce qu'il lui ferait lorsqu'elle lui appartiendrait, la manière dont il la punirait pour s'être ainsi refusée à lui. De surcroît, il ne savait rien sur elle car, à part lui avoir confié qu'elle était orpheline, — il avait vraiment dû lui tirer les vers du nez pour obtenir cette information —, elle ne parlait guère d'elle.

Un amour éternelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant