Chapitre 20

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La barmaid obtint son permis la deuxième semaine de juin. Sa compagne l'avait régulièrement entraînée, tant en la questionnant sur le code de la route qu'en l'emmenant conduire. La jeune femme blonde, malgré son trac, réussit quasi parfaitement son test. Elle s'était sentie toute fébrile en ouvrant l'enveloppe, bien que l'ancienne militaire lui eût affirmé à maintes reprises être convaincue de son succès. Ce soir-là, la brune l'invita à dîner. Elles flânèrent ensuite, main dans la main, marchant en silence.

Lorsqu'elles rentrèrent, Régina offrit à Emma un massage dorsal des plus doux, empli de caresses suaves qui firent tant frémir l'orpheline qu'elle se retourna pour donner un baiser passionné à la veuve, dans un mouvement si vif que cette dernière se laissa repousser sur le dos. Toutes deux gémirent lorsque la négociante glissa sa cuisse entre les jambes de la serveuse, effleurant avec délicatesse le clitoris de celle-ci. La jeune femme blonde sentit son corps lui échapper, se cambrer soudainement avant de se serrer contre le corps soyeux de son amante, tandis qu'une éruption d'étoiles l'envahissait entièrement. La jeune femme aux cheveux d'ébène perçut une timide humidité dans l'entre-jambe de sa dulcinée, sensation qui suscita en retour l'éclosion de sa propre cyprine.

— « C'est bien, mon amour, c'est bien », murmura-t-elle, lorsqu'elle réalisa que sa bien-aimée était totalement désemparée, presque honteuse de cette jouissance tout autant involontaire qu'inconnue.

Elle la berça longuement, l'apaisant de paroles aimantes, tenant tendrement contre son sein la barmaid blottie contre elle, presque recroquevillée.

« Ton corps découvre la jouissance, Emma. C'est bien, mon bel amour, crois-moi, car l'une des choses dont je rêve à propos de nous, c'est de t'offrir, lorsque tu seras prête, maints orgasmes, tout comme j'aimerais de te donner du plaisir de maintes et maintes manières. »

La jeune femme blonde éclata en pleurs, de longs sanglots saccadés, preuve de son profond désarroi, de sa tristesse également en comprenant jusqu'à quel point Neal lui avait volé son corps. La négociante, elle, cacha ses larmes, ne voulant pas plus perturber l'orpheline, essayant simplement de la consoler du mieux qu'elle le pouvait, la pelotonnant contre elle tout en lui caressant les cheveux.

Il fallut un long moment avant que ne s'atténuent les spasmes de la serveuse, un long moment avant qu'elle ne murmurât :

— « Et toi ?

— Moi ?

— Est-ce que tu as... Est-ce que tu as eu du plaisir ?

— Oui. Et comme toi, je ne m'y attendais pas. Car si tu le découvres, moi je le redécouvre.

— Comment... Je ne t'ai pas touchée, alors comment...

— Emma, c'est de sentir que tu avais du plaisir, qui m'a donné du plaisir.

— Oh ! »

Elles se turent, Régina ne souhaitant absolument pas bousculer la barmaid, lui laissant le temps de formuler ses ressentis, sachant combien cela pouvait être difficile pour cette dernière de s'exprimer tant on lui avait laissé si rarement l'occasion de le faire. Aussi fut-elle heureuse de l'entendre à nouveau chuchoter :

« Est-ce que je pourrais moi aussi te faire l'amour ? Je veux dire, est-ce que tu auras du plaisir si je te fais l'amour ?

— Tu pourras me faire l'amour autant de fois que tu le voudras, Emma, et oui, tu me donneras beaucoup de plaisir, n'aies aucun doute à ce propos. Et nous pourrons même nous faire mutuellement l'amour. »

Il y eut encore un long silence avant que ne reprennent les chuchotis.

— « Est-ce que cela veut dire que tu as déjà fait l'amour avec une femme ?

Un amour éternelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant